In the current of Being

En quoi votre film est-il un documentaire expérimental ?

Il mêle poésie du réel, haptiques corporelles et narration portée par la voix pour explorer l’identité, la mémoire et la transformation — ancré dans le témoignage authentique d’une femme ayant survécu à quelque chose que personne ne devrait plus jamais endurer. Les spectateur·rice·s habitent son corps, ressentant souvenirs et émotions à travers la puissance viscérale du toucher.

En quoi votre oeuvre immersive se rapproche-t-elle du cinéma traditionnel ?

Elle utilise la voix off, le rythme et le design sonore pour façonner la tonalité émotionnelle, comme un court métrage documentaire. Il y a une narration claire et une véritable intention d’auteur — mais au lieu d’un écran, l’histoire vous entoure et vous enveloppe. Une animation minutieusement conçue guide le récit, instaurant un sentiment de présence à la fois physique et émotionnelle.

Et en quoi s'en éloigne-t-elle ?

Le cinéma traditionnel invite à l’observation — vous regardez un personnage traverser une épreuve. Notre œuvre supprime cette distance — vous ne suivez pas l’histoire, vous l’incarnez. Les haptiques corporelles transforment la mémoire en sensation, vous invitant à entrer dans un autre corps pour ressentir ce qu’il a ressenti. C’est direct, viscéral, et perçu à travers la peau, pas seulement à l’écran..

Quel rôle a joué le corps dans la construction de votre oeuvre?

Nous avons traité le corps comme une surface narrative. À l’aide de vibrations haptiques qui parcourent la peau, nous avons inscrit la mémoire dans la chair — transformant une émotion abstraite en sensation physique. Ces vibrations transmettent non seulement la douleur et la violence des thérapies de conversion, mais aussi la défiance et la résilience d’une femme qui n’a pas seulement survécu — elle est devenue pleinement elle-même. Les spectateurs ressentent son cœur, son souffle, et la présence silencieuse d’une autre vie vécue, à travers leur propre peau. Cette incarnation partagée crée une solidarité plus profonde — au-delà de l’identité, au-delà du langage — car le corps est universel, et il porte en lui des récits que nous commençons à peine à révéler.