Chalvet-la-conquête-de-la-dignité ©Les Films du Marigot
Documentaire

Chalvet, la conquête de la dignité

Troisième opus de la trilogie de Camille Mauduech
Mercredi 29 mars 2023 à 23.00

Après Les 16 de Basse-Pointe et La Martinique aux Martiniquais, L’affaire de l’Ojam, la réalisatrice Camille Mauduech poursuit son éclairage sur les événements qui ont marqué l'histoire contemporaine de la Martinique.
Dans les années 70, une nouvelle classe de travailleurs urbains voit le jour, alors que les zones rurales se dépeuplent. Les conditions de travail des ouvriers agricoles de la canne à sucre et de la banane sont, pour un salaire de misère, déplorables et cruels et vont donner naissance à des mouvements sociaux et à une longue lutte ouvrière réprimée dans le sang. Plus de quarante ans après les faits, le film de Camille Mauduech met en lumière, à travers des témoignages et des images d’archives, cette révolte sociale des ouvriers agricoles du nord de la Martinique. Les témoins de cet épisode relatent avec force et émotion cette dernière grande grève ouvrière. 


 

En 1973 en Martinique, une sécheresse exceptionnelle déclenche la perte de 40 % de la production bananière, l'une des principales ressources économiques de l’île, depuis la fermeture d'une majorité d'usines sucrières. En parallèle, la hausse du baril de pétrole engendre une augmentation du prix des denrées de première nécessité, en grande partie importées. La Martinique s'ouvre à un monde axé sur l'industrie et les services, qui s'émancipe de son économie coloniale, entraînant le déclin des planteurs dont les ouvriers agricoles triment dans des conditions de travail intolérables, sans droit sociaux.

En janvier 1974, les ouvriers agricoles des bananeraies déclenchent une grève. Ils dénoncent leurs conditions de travail, l'utilisation de produits toxiques, dont le chlordécone, et réclament une augmentation de salaire indexé sur le traitement de base de la France hexagonale. Les producteurs restent sourds à leurs revendications. Le mouvement se durcit, prend de l'ampleur, les ouvriers agricoles se fédèrent, et la grève s'étend du nord au sud de l'île. 

C'est dans ce contexte tendu que, le 14 février, alors que le mouvement est sur le point de se généraliser à l'ensemble de la filière agricole, en passant par la fonction publique et le secteur privé, des gendarmes appuyés par un hélicoptère encerclent et ouvrent le feu, à l'entrée de l'Habitation Chalvet à Basse-Pointe, sur des ouvriers agricoles qui progressent dans le cadre d'une marche.

Il y a officiellement un mort, quatre blessés graves opérés en urgence, des dizaines d'autres qui sont rentrés chez eux et resteront dans l'anonymat. Au lendemain de cette répression sanglante, des milliers de personnes défilent en Martinique pour exprimer leur indignation. Les ouvriers agricoles obtiendront une légère revalorisation salariale tandis qu'un mouvement ouvrier, l'Utam (Union des travailleurs agricole de Martinique), est né de cet épisode de l'histoire de la Martinique.

Ces événements marquent la fin d'une époque. Cette grève agricole est la dernière du genre et la dernière réprimée dans le sang.

Dans ce documentaire, Camille Mauduech a pu recueillir le témoignage de l'ensemble des acteurs de cet événement. Ouvriers, militants, forces de l'ordre, patronat, pouvoir public, tous ont été impliqués dans cette lutte sociale.

128 min • Écrit et réalisé par Camille Mauduech • Production Les Films du Marigot • 2014

Corps avec encart

Camille MauduechUne trilogie

Chalvet, la conquête de la dignité sera mon troisième long-métrage documentaire. Avec Les 16 de Basse-Pointe, La Martinique aux Martiniquais, L’affaire de l’Ojam, j’explore le temps social et politique de la Martinique sur près d’un quart de siècle (de 1948 à 1974) au sein d’une trilogie qui s’est construit au fur et à mesure des projets. Mes motivations n’ont pas changé : Nous lire, nous écrire, nous comprendre dans ce monde.

Ma démarche documentaire tente de déchiffrer les éléments fondateurs politiques et sociaux d’une société face aux enjeux et aux décisions qui l’engagent. Je me positionne en chercheur de mémoires, contre l’opacité et les non-dits de l’histoire contemporaine. Je tente de travailler sur des modes de fabrication de la mémoire, des expériences narratives, différemment dans chacun de mes films mais en poursuivant le même objectif mémoriel, sachant que faire un film, c’est produire du sens sans en garantir l’impact, mais l’acte est concret et s’inscrit dans le temps.

Je sollicite un rapport d’échange avec les témoins de mes films. Je suis à la recherche de quelque chose et mes interlocuteurs le sentent bien, quelque chose qui s’immisce dans le moment de l’échange, je cherche une trace indélébile d’humanisme, une résistance à graver dans la mémoire, une universalité de la vie vécue qui traverse le temps et l’espace.

Des histoires, des mémoires qu’on critiquera comme étant régionales voire régionalistes. Non, elles embrassent des émotions ou expériences humaines universelles : le monde du travail, en particulier ouvrier, le droit des hommes face aux conditions de travail, face à l’environnement, face à la misère, l’engagement, la conviction, la fraternité, des problématiques peut-être encore plus fortes dans ce troisième film.

ID de la video FTV Preview
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Lison Dambreville
Responsable Communication&Marketing Réunion la 1ère