CHRONOLOGIE DES FAITS

LA MALÉDICTION DE LA VOLOGNE

• 16 octobre 1984
Le corps de Grégory Villemin, 4 ans, est découvert dans la rivière la Vologne (Vosges), pieds et mains liés. Son oncle a reçu plus tôt l’appel téléphonique d’un « corbeau  » revendiquant l’assassinat. Le lendemain, les parents de l’enfant reçoivent une lettre anonyme : « Ton fils est mort. Je me suis vengé. »

• 5 novembre 1984
Bernard Laroche, le cousin du père de l’enfant, est inculpé d’assassinat et écroué. Sa belle-sœur, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, et des expertises graphologiques le mettent en cause. Elle se rétracte ensuite et les expertises sont annulées pour vice de forme.

• 29 mars 1985
Jean-Marie Villemin, le père, tue d’un coup de fusil Bernard Laroche, libéré en février, dont il est convaincu de la culpabilité.

• 5 juillet 1985
Le juge Lambert inculpe Christine Villemin d’assassinat et la place sous mandat de dépôt. Les éléments à charge sont une nouvelle étude graphologique la désignant comme le corbeau, ainsi que des cordelettes identiques à celles ayant servi à attacher Grégory, retrouvées dans la cave du domicile familial. 

• 16 juillet 1985
Bien qu’enceinte de six mois, Christine Villemin a entamé depuis la prison de Metz-Queuleu une grève de la faim. Finalement, la chambre daccusation de Nancy, relevant linsuffisance des motifs de mise en détention provisoire, la libère. Mais elle confirme dans le même temps lordonnance de mise en accusation.

• Mars 1987
La chambre d’accusation de la cour d’appel de Dijon annule une cinquantaine de pièces et ordonne un supplément d’information qui sera confié au juge Maurice Simon.

• 24 décembre 1987
Jean-Marie Villemin est libéré. Placé sous contrôle judiciaire, il est assigné à résidence dans l’Essonne.

• Janvier 1990
Le juge Simon est victime d’un infarctus qui le plonge dans le coma. À son réveil, il ne se souvient plus de l’affaire Grégory. Il laisse derrière lui un dossier de 19 000 pages comprenant plus de 200 auditions.

• 3 février 1993
La mère bénéficie d’un non-lieu pour « absence totale de charges », lors du procès pour le meurtre de son propre enfant.

• 16 décembre 1993
Jean-Marie Villemin est condamné à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour le meurtre de Bernard Laroche. Il sera libéré quelques jours après, ayant purgé l’essentiel de sa peine en détention préventive.

 

La Vologne

 

• 30 juin 2004
L’État est condamné à verser 35 000 euros à chacun des parents de Grégory pour dysfonctionnement de la justice.

• décembre 2008
La cour d’appel de Dijon, saisie par les époux Villemin, ordonne la réouverture de lenquête pour une nouvelle recherche dADN sur plusieurs éléments (cordelettes, vêtements, lettres, etc.).

• 24 avril 2013
Les résultats ADN sont insatisfaisants.

• 14 juin 2017
Près de trente-trois ans après la mort de Grégory, un rebondissement spectaculaire intervient. Le grand-oncle et la grand-tante de Grégory, Jacqueline et Marcel Jacob, ainsi que Ginette Villemin, la belle-sœur du père de Grégory, sont tous trois interpellés, soupçonnés de complicité d’assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime.

• 16 juin 2017
Jacqueline et Marcel Jacob sont mis en examen et incarcérés pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Le couple est remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire quelques jours plus tard. Leurs avocats dénoncent une absence de preuves et réclament la « nullité de la mise en examen ». 

• 29 juin 2017
Après avoir été interpellée à son tour, Murielle Bolle est mise en examen et incarcérée pour « enlèvement suivi de mort ». De nouveaux éléments détenus par les enquêteurs attesteraient sa complicité dans le meurtre de Grégory.

• 11 juillet 2017
Le juge Jean-Michel Lambert est retrouvé mort à son domicile. Il explique dans une lettre les raisons de son suicide, ses ratés dans l’enquête sur la mort du petit Grégory, qui a hanté sa vie.

• 28 juillet 2017
Murielle Bolle est confrontée à l’un de ses cousins dans le cadre de l’enquête. Ce dernier affirme avoir été témoin du lynchage commis par les parents et la sœur de Murielle Bolle à son encontre, après qu’elle eut accusé Bernard Laroche, son beau-frère, davoir commis le crime, la poussant à se rétracter. Jusquà aujourd’hui, la femme désormais âgée de 48 ans maintient que son beau-frère est innocent.

• 10 septembre 2017
Le Journal du dimanche cite un rapport de gendarmerie qui « affirme que Bernard Laroche est l’auteur de l’enlèvement », en compagnie de Mme Bolle, une deuxième équipe ayant tué l’enfant.

• 4 octobre 2017
Les avocats des époux Jacob déclarent avoir la preuve qu’ils participaient à une réunion syndicale à leur travail au moment du crime.

• 20 novembre 2017
Des alibis « invérifiables » pour l’avocat des parents Villemin. La cour d’appel autorise finalement Mme Jacob à rentrer chez elle le 20 novembre 2017M. Jacob le 20 décembre 2017, puis Mme Bolle le 25 avril 2018.

• 16 mai 2018
La chambre de l’instruction de Dijon annule les mises en examen de Murielle Bolle et des époux Jacob et lève leurs contrôles judiciaires.