UNE MAISON, UN ARTISTE
Une maison, un artiste

Régine Deforges, comme un livre ouvert

Série documentaire - Dimanche 24 juillet 2016 à 22.25

Cette semaine, Patrick Poivre d’Arvor pénètre dans l’intimité de Régine Deforges. Dans la grande maison familiale de la région parisienne, le mari et les trois enfants de l’écrivaine à succès dressent le portrait d’une femme courageuse, éprise de liberté.

Première femme en France à fonder sa maison d’édition, auteure reconnue et chantre de l’érotisme, Régine Deforges trouve refuge dans les années 1980 à Boutigny-sur-Opton, à une soixantaine de kilomètres de la capitale. C’est dans une ancienne forge entièrement rénovée qu’elle s’installe avec son mari Pierre Wiazemsky, alias Wiaz, le petit-fils de l’écrivain François Mauriac. Ce lieu rêvé et conçu pour accueillir toute la famille lors des fêtes et des anniversaires « s’est très vite révélé un endroit plein de bonnes ondes dans lequel (elle) pouvait travailler et (se) reposer en sécurité ». Un sentiment partagé par son fils, l’éditeur Franck Spengler : « On faisait des grillades dans la cheminée de la cuisine, (…) qui était assez agréable ; on pouvait y séjourner et on ne se gênait pas. Depuis que (ma mère) est partie, cette maison, j’y suis attaché au-delà de ce que je pensais possible, pas comme un truc mortifère mais comme un truc joyeux. »

La passion de la liberté

C’est dans le cocon de Boutigny que Régine entreprend d’écrire ses Mémoires. L’histoire d’une vie de combats. Née à Montmorillon dans le Poitou, elle sort à peine de l’adolescence lorsqu’elle apprend combien le prix de la liberté est élevé. Le journal intime où elle consigne ses premiers émois amoureux avec une jeune fille de son âge lui est dérobé, déclenchant un énorme scandale dans la petite ville. Expulsée de son institution religieuse, insultée et même agressée physiquement, Régine subit, selon sa fille Camille Deforges-Pauvert, « un immense traumatisme », qui déterminera la suite de son existence. Mariée, à la suite d’une partie de 421 entre deux jeunes gens qui se la disputaient, pour pouvoir quitter sa province natale, elle ne fera plus jamais de concessions.

La première femme à avoir créé une maison d’édition

Passionnée par les livres, elle devient libraire et fonde en 1968 sa maison d’édition, L’Or du temps. Mais les textes érotiques qu’elle publie lui valent de nombreuses amendes et procès. Elle est même déchue de ses droits civiques pendant cinq ans pour outrage aux bonnes mœurs. Contrainte de déposer le bilan, elle remonte par la suite une autre maison d’édition qui lui procurera l’occasion de rencontrer Wiaz.

Mondialement connue grâce à La Bicyclette bleue, roman traduit en vingt langues et vendu à plus de dix millions d’exemplaires, Régine diversifie ses activités. Dans le petit atelier aménagé en face de sa maison, elle s’adonne à la peinture, à l’encadrement, à la reliure, ou dessine et invente des histoires pour les enfants. Demeurée jeune et anticonformiste jusqu’à la fin de sa vie, elle décède à Boutigny en 2014, à l’âge de 78 ans. Son mari lui rend un hommage touchant : « J’ai eu beaucoup de chance d’avoir passé trente-cinq ans avec elle. Elle n’était pas facile (…) mais, fondamentalement, c’était quelqu’un de totalement libre, d’un courage incroyable. »

Beatriz Loiseau

UNE MAISON, UN ARTISTE

Série documentaire

Durée 10 x 26 min

Auteurs Patrick Poivre d’Arvor et Isabelle Motrot

Réalisation Nathalie Plicot

Production A Prime Group, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

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