Josiane Balasko

Le Hérisson

Film - Jeudi 26 janvier 2017 à 20.55

En adaptant librement L'Élégance du hérisson (Gallimard, 2006), le roman à succès de Muriel Barbery, Mona Achache livre un film tout en douceur et en mélancolie et rend grâce au talent de Josiane Balasko, méconnaissable et saisissante de sobriété.

Madame Renée Michel est concierge d'un immeuble bourgeois. Disgracieuse, rustre mais polie, elle n'attire évidemment pas les regards. Qui regarderait une concierge ? Paloma Josse, fille de grands bourgeois, habite ce même immeuble, et Kakuro Ozu, un Japonais, vient de s'y installer. A priori, tout les oppose et, malgré leur proximité, rien ne semble les rapprocher. Et pourtant…
A cause de la mort malheureuse d'un des propriétaires de l'immeuble naît une rencontre heureuse entre ces trois personnes. Paloma (étonnante et pétillante Garance Le Guillermic), fine observatrice de l'espèce humaine, est très vite intriguée par madame Michel qui, selon elle, n'est pas celle qu'elle prétend être aux yeux de tous. Le livre d'un intellectuel et, accessoirement, du chocolat noir et du thé sur la table de la cuisine du petit appartement de la concierge persuadent la jeune ado surdouée qu’une pépite se cache sous le roc. Un avis que partage très vite monsieur Ozu, en échangeant quelques paroles lors de leur première rencontre :
Les familles heureuses se ressemblent toutes...
— … mais les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon
.


Passionné par Anna Karenine, Kakuro Ozu découvre que madame Michel l'est également, surtout quand il découvre que le chat de la concierge se nomme Léon ! Le raffiné monsieur Ozu se lie très vite avec Paloma qui, outre la maîtrise de la langue nippone, n'a pas son pareil pour croquer méchamment ou joliment ses pairs : « Madame Michel me fait penser à un petit hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, à l'intérieur, elle est aussi raffinée que ces petites bêtes faussement solitaires et terriblement élégantes. » Paloma vient chercher refuge dans la loge, ne supportant plus son environnement familial entre une mère névrosée qui parle à ses plantes (Anne Brochet, épatante), une sœur aînée hautaine et égoïste (Sarah Le Picard) et un père distant et visiblement las (impeccable Wladimir Yordanoff). Un contact que Kakuro Ozu recherche aussi et qu'il établit grâce à Tolstoï et Ozu, un prestigieux homonyme. Pourtant, cette relation commence à mettre Renée Michel mal à l'aise : « Personne ne veut d'une concierge qui a de la prétention. » Les trois personnes, que rien ne destinait à se rencontrer, vont partager des moments qui les changeront ou les pousseront à vouloir changer.


Avec Le Hérisson, les préjugés, les apparences et la condescendance sont démontés grâce à une habile mise en abyme : le film dans un film avec la caméra de Paloma, experte en analyse comportementale. Une façon originale et mordante pour Mona Achache, la réalisatrice, de croquer également les travers de gens riches, imbus et indifférents à ceux qui ne leur ressemblent pas. Les quelques séquences d'animation ajoutent une touche poétique et rendent les personnages encore plus sensibles qu’ils n’y paraissent.

Mona Guerre

 

Film
Réalisé par Mona Achache
Scénario de Mona Achache et de Muriel Barbery d'après son roman, L'Élégance du hérisson
Avec Josiane Balasko, Garance Le Guillermic, Togo Igawa, Ariane Ascaride, Anne Brochet et Wladimir Yordanoff
 

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