JACQUES BREL, FOU DE VIVRE
Soirée continue

Jacques Brel, fou de vivre

Suivi de « Mon oncle Benjamin »
Documentaire - Inédit - Vendredi 17 février 2017 à 20.55

France 3 consacre une soirée continue à Jacques Brel, disparu en 1978, à l’âge de 49 ans. Après l’homme et le comédien, auxquels Jacques Brel, fou de vivre, le portrait exhaustif signé Philippe Kohly, fait la part belle, le comédien est à l’honneur dans Mon oncle Benjamin, adaptation par Édouard Molinaro du roman picaresque de Claude Tillier.

La vie de Jacques Brel – même retracée en près de deux heures et en tentant de faire abstraction de ce que nous savons de sa brièveté – a quelque chose de « météorique » qui constitue la trame du documentaire de Philippe Kohly. Après l’enfance, qu’il dira lui-même « solitaire et rongée par l’ennui », le Belge, rejeton de famille industrielle, flamande et francophone, manque de peu de se laisser enferré dans la situation qu’on a avait préparée pour lui. À 16 ans, il entre au service commercial de la cartonnerie familiale Vanneste & Brel ; à 21 ans, il est marié à Thérèse, dite « Miche » ; à 22 ans, il est père pour la première fois. C’est un bourgeois, il se sent déjà mourir à petit feu. Il compose des chansons maladroites. À 24 ans, il s’enfuit à Paris, appelé par Jacques Canetti, directeur artistique chez Philips, propriétaire des Trois Baudets et découvreur de talents. L’époque des vaches maigres, des hôtels miteux et des sandwichs au camembert est déjà achevée en 1956. Le succès de « Quand on n’a que l’amour », c’est la fin de « l’abbé Brel », raillé par Brassens, et les vrais débuts du chanteur. 1959 : « Ne me quitte pas ». Il a 30 ans. L’année suivante, il fait un malheur à l’Olympia. Autour de lui, tout est en place. Georges Pasquier dit « Jojo », l’assistant, le chauffeur, le frère ; François Rauber, l’orchestrateur ; Jean Corti, l’accordéoniste ; Gérard Jouannest, le pianiste ; Brel, l’auteur, toujours difficilement satisfait de son artisanat ; Brel, l’interprète, malade comme un chien avant d’entrer en scène, tout juste apaisé après, ayant perdu 800 grammes et quelques litres ; Brel, l’homme, qui passe ses nuits dans les bars ou au bordel, misogyne amoureux qui enchaîne les histoires tout en retrouvant une fois par mois sa femme et les trois filles qu’il n’élève pas, à Bruxelles. 300 galas et 100 000 kilomètres par an en moyenne... Fin 1966, Brel est déjà un retraité de la chanson. Il n’a pas encore 40 ans. « Quand on n’a plus rien à dire, il faut se taire. » Il a décroché son brevet de pilote d’avion, il rêve d’être marin, il sera comédien – pendant six ans et pour dix films, dont deux qu’il réalise. Il est célèbre dans le monde entier, et puis il s’en fout. « J’ai une envie d’aimer qui est abominable. » En 1974, il embarque sur un voilier de 19 mètres avec sa nouvelle compagne. La suite, on la connaît. Il lui reste quatre années à vivre. En 1978, Georges Brassens, les larmes aux yeux, cherche ses mots : « Il était multiple... »

 

Mon Oncle Benjamin © Gaumont

 

Mon oncle Benjamin

En 1979, Brel, entré dans le cinéma par hasard, n’a que deux rôles à son actif : l’instituteur Jean Doucet dans Les Risques du métier d’André Cayatte, et l’anarchiste Raymond la Science dans La Bande à Bonnot de Philippe Fourastié. Édouard Molinaro, de son côté, depuis qu’il a découvert le roman de l’instituteur, journaliste et pamphlétaire nivernais Claude Tillier (1801-1844), en propose l’adaptation à tous les producteurs. Il a l’idée d’associer au projet Jacques Brel, lui-même admirateur de Mon oncle Benjamin (« Un essai de micro-révolution souriante »). La petite chronique provinciale est un peu resserrée et le chanteur belge, qui n’avait jamais tenu une épée de sa vie ni approché un cheval, entouré de Claude Jade, Rosy Varte, Armand Mestral…, fait merveille en médecin des Lumières généreux, libertaire, coureur de jupons, bretteur et ivrogne. Benjamin Rathery, dont l’histoire est racontée par son neveu, ridiculise les nobles, méprise l’argent, ignore le pouvoir… mais place au plus haut l’amitié, l’amour, le célibat et l’ivresse.
De l’autre côté de la caméra, Mon oncle Benjamin sera aussi une histoire de copains. Devenus amis, Édouard Molinaro et Jacques Brel se retrouveront en 1973, en compagnie de Lino Ventura, ami du premier depuis Un témoin dans la ville (1959) et ami du second depuis L’Aventure, c’est l’aventure de Claude Lelouch (1972). Ce sera L’Emmerdeur, le dernier rôle de Brel.

C.K.G.

Documentaire.
Écrit et réalisé par Philippe Kohly
Voix Chloé Réjon.
Documentation Christine Loiseau.
Produit par Morgane.
Avec le soutien du Centre national de  la cinématographie et de l'image animée et de la Sacem. Avec la participation de France Télévisions et de la RTBF.

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