SALE TEMPS POUR LA PLANETE

Sale Temps pour la planète : Normandie, la nature fait sa loi

Série documentaire - Lundi 22 août 2016 à 20.50

Après le Costa Rica et l’Angleterre, Morad Aït-Habbouche pose ses caméras sur la côte normande. Les falaises crayeuses y sont soumises à des conditions extrêmes, la mer gagnant en moyenne sur la terre 10 à 15 centimètres par an. Une érosion que rien ne semble arrêter et qui va même en s’accélérant. Une conséquence du réchauffement climatique qui est aujourd’hui plus que jamais visible.

Pas la peine d’aller à l’autre bout du monde pour se rendre compte des effets du réchauffement climatique. Le réalisateur Morad Aït-Habbouche le prouve une fois de plus avec ce nouveau numéro de Sale Temps pour la planète. Il se penche cette fois sur les 640 kilomètres de la côte normande. Essentiellement composées de craie friable, ces falaises, de Criel-sur-Mer à Étretat, sont d’une beauté fragile.

« C’est un paysage qui est très mobile. On le savait, mais on l’a nié », déplore le géographe Stéphane Costa. Avec son équipe, il surveille l’état d’avancement de l’érosion des falaises. Et le constat est sans appel : c’est près d’un million de mètres cubes de terre qui disparaît en moyenne chaque année. Le phénomène est simple, l’eau s’infiltre dans la craie poreuse et vient purger de sa masse sableuse et argileuse la falaise, qui s’effondre alors sur elle-même, provoquant éboulements et glissements de terrain.

Un risque avant tout humain

Avec l’apparition des congés payés, la côte normande a connu au cours du XXe siècle une mutation démographique sans précédent. En a résulté une urbanisation qui n’a eu de cesse de défier les éléments. Plages, hôtels et villas, parfaitement sûrs il y a encore quelques années,  sont aujourd’hui menacés par l’érosion du littoral. À chaque grosse pluie, chaque forte houle, ce sont plusieurs milliers de mètres cubes de terre qui risquent de se détacher de la falaise, emportant maisons, routes et monuments.

Face à ce danger constant, les pouvoirs publics semblent impuissants. Tous les travaux de sécurisation s’avèrent voués à l’échec. Pourtant, les maires s’entêtent à protéger en priorité les lieux touristiques et économiques. Une solution à court terme et très coûteuse. À Ault, dans la Picardie voisine, ce sont 150 000 euros qui sont alloués tous les ans à la sécurisation des zones à risque.

« La seule solution est d’expulser au plus vite afin que les gens ne soient pas en danger », préconise toutefois Jean Mauger, ancien maire de Criel-sur-Mer, en Seine-Maritime. Pour lui, il s’agit d’un phénomène inexorable, et la plus intelligente des stratégies est de minimiser l’impact de l’être humain et de faire reculer l’urbanisation. « L’homme se croit toujours supérieur à la nature, mais à chaque fois il perd », insiste-t-il. Selon les spécialistes, il faut s’attendre à une intensification de la fréquence et de la force des tempêtes dans les années à venir. Et la Normandie et ses falaises crayeuses sont malheureusement en première ligne.

Ludovic Hoarau

Série documentaire

Durée 52 min

Auteur-réalisateur Morad Aït-Habbouche

Production Elle est pas belle la vie !, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview