Week-end à Collioure

Sur cette terre frontalière fière de sa culture catalane, les nombreuses fêtes, le rugby ou encore la gastronomie célèbrent cet héritage. La région qui a longtemps vécu de la pêche – sardine et anchois – et de l’industrie – travail minier, dynamite, tissu catalan – se tourne aujourd’hui vers le tourisme. Avec ses trois cents jours d’ensoleillement par an, c’est une terre très préservée, où la nature est foisonnante, autant sur la côte que dans les terres.

Raphaël débute son périple à Collioure. Ce « joyau catalan » a inspiré le mouvement fauviste, qui y serait né. Beaucoup de ses artistes séjournaient à l’Hôtel des Templiers, où l’héritière de la famille accueille notre voyageur. Les murs sont recouverts de 2 000 œuvres, dons de ces clients de jadis. L’hôtelière lui fait découvrir le fort Saint-Elme, qui date du XVI^e siècle et offre une vue spectaculaire sur la baie et ses environs. Au pied du massif des Albères, Raphaël rencontre Alan, un jeune rugbyman de D2, préparant une thèse en science marine. Avant d’assister à un match, il plonge avec lui dans la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls, où il participe au comptage de corbs, des poissons protégés mais peu connus des chercheurs.

Entre mer et montagne

Aux alentours de Prades, Raphaël croise un drôle de personnage : un sympathique Anglais qui fabrique et livre ses saucisses. Ancien investisseur, « Mister Saucisse » a réalisé son rêve de devenir boucher dans l’Aude. En sa compagnie, il rencontre sa clientèle : une communauté anglo-saxonne installée dans la région des Pyrénées-Orientales et constituée autant de retraités que de jeunes venus d’Europe du Nord, des États-Unis ou d’Australie.

La Côte vermeille est aussi une terre de pêche. À l’anse Paulilles, ancien site de l’usine de dynamite Nobel, le globe-trotteur s’intéresse aux défenseurs des barques catalanes, symboles de cette région, dont elles ont progressivement disparu. Le temps est venu de savourer la gastronomie locale. À Collioure, dans l’une des deux dernières entreprises de salage d’anchois, Raphaël découvre cette tradition ancestrale tombée en désuétude, qui fit les grandes heures de la ville et de sa région. Puis il déguste les spécialités locales réinterprétées par le chef japonais Masashi Iijima du restaurant Le Cinquième Péché.

Dans l’arrière-pays, Raphaël entreprend une randonnée vers Batère, à l’orée du massif des Pyrénées, avec un panorama sublime sur le Canigou. En compagnie d’une guide conteuse, qui l’initie à la riche histoire de cette région frontalière, il parcourt les chemins des anciens terrains miniers. Près de la tour de Batère, il assiste à une simulation d’échanges de colonnes de fumée entre les tours à signaux du coin, qui ont servi pendant très longtemps de moyen de communication. Raphaël termine son périple par l’ascension du mont Canigou, dont la croix au sommet arbore les couleurs catalanes.

Anne-Laure Fournier