LA VIE APRES LE SUICIDE D'UN PROCHE
Le Monde en face

La Vie après le suicide d’un proche

Documentaire - Mercredi 17 janvier 2018 à 20.50

Dix ans après le suicide de sa propre sœur, la réalisatrice Katia Chapoutier donne la parole à des femmes et des hommes endeuillés par la disparition volontaire d’un proche. Ce film, qui fait suite à un livre de témoignages*, soulève une question essentielle : comment se reconstruire après un tel cataclysme ?

« En 2006, ma sœur a mis fin à ses jours, à 46 ans. Elle s’appelait Gisèle, mais pour tout le monde, c’était Titi. Elle était médecin et avait cinq enfants. Cette année-là, elle a fait partie des 10 423 personnes qui se sont suicidées en France. » En regardant des vieilles photographies avec la meilleure amie de sa sœur, Katia Chapoutier expose sans détours les faits qui ont bouleversé son existence à jamais. Dix ans après la disparition de Gisèle, la réalisatrice est partie, plusieurs mois durant, à la rencontre de personnes qui ont perdu un être cher dans des circonstances similaires. Avec toujours cette idée en tête de savoir si, et comment, on peut retrouver le goût de la vie après un drame pareil. Au fil des entretiens, puis réunis le temps d’un week-end pour partager leur vécu, parents, sœurs ou compagnes se dévoilent devant la caméra et racontent la douleur, l’incompréhension, la colère, la culpabilité qui accompagnent le long processus de retour à la vie.

* La Vie après le suicide d’un proche, éd. Le Passeur.

——————————————

EXTRAITS

Élisabeth et Éric, parents de Camille, qui s’est pendue il y a sept ans, à 15 ans

Élisabeth : « En famille, on n’en parlait pas, du suicide, non pas parce que c’était tabou, mais parce que je n’en voyais pas la nécessité : c’était les gens en détresse qui se suicidaient. »

« J’ouvre son placard, je ne vois rien, je l’ouvre plus, ça coulissait pas bien, et là je la vois qui s’est pendue ; là on se déconnecte, on perd pied ; là c’est un hurlement que je serais incapable de refaire. »

 

Éric : « Je suis arrivé, et là j’ai compris, parce que j’ai vu les pompiers, le Samu, la police. J’ai réalisé en marchant dans la rue que ma vie basculait. »

« J’avais la double peine. J’avais ma douleur, et il y avait Élisabeth qui pensait mourir, à un moment ; j’étais paniqué qu’elle puisse mourir. Là, on n’a plus de vie de couple, on se parle presque plus. »

 

Arié et Sima, beau-père et mère de Yoël, qui s’est donné la mort à 22 ans, il y a dix-huit mois

Arié : « Chaque suicide a son histoire particulière. Dans notre cas, c’est la chronique d’un suicide annoncé, puisque Yoël nous avait fait part de sa décision au cours d’un repas. C’était un an presque jour pour jour avant qu’il mette cette menace à exécution. C’était une angoisse permanente. »

Sima : « Il faut accepter cette douleur, cette absence, c’est à la hauteur de l’amour qu’on avait pour la personne, et qui sera toujours là. Ce film, c’est un engagement pour moi, c’est important de le faire, et aussi ça m’engage par rapport à la vie, c’est un truc supplémentaire pour rester en vie. »

 

Laurence, maman de Lucie, qui s’est défenestrée à 20 ans, il y a deux ans

« Jamais je n’aurais cru qu’il m’arriverait quelque chose de pareil. La perte d’un enfant, c’est une chose, mais le perdre dans ces circonstances-là, […] c’est un tsunami. […] Je me souviens que j’arrivais pas à marcher, tout mon corps était endolori, je le sentais plus… J’étais très mal physiquement, tout me stressait. »

 

Anne-Cécile, sœur de Pierre-François, qui s’est jeté sous un train il y a dix-sept ans, à 18 ans, et de Jean-Gaëtan, qui s’est jeté d’une falaise à 32 ans, il y a quinze mois

« La première semaine, c’est une semaine d’activité très intense, parce que finalement tout le monde appelle, il y a un côté administratif à faire. […] Quand tout le monde est parti, on se retrouve seule, et là on se dit que ça va pas être possible et que le vide est trop grand. »

 

Rosine et Paul, parents de Cassandre, qui s’est pendue à 32 ans, il y a neuf ans

Rosine : « J’ai passé une très grande période de sidération quand j’ai su… Toutes mes émotions se sont arrêtées, et ça a duré très longtemps. Je suis allée voir un psy pendant un an et je disais rien, incapable de parler. »

Paul : « Immédiatement après la mort de Cassandre, j’ai écrit à ma fille toutes les nuits pendant deux ans, et en même temps je voulais tout me dire à moi. »

 

Alice, compagne de Martin, qui s’est donné la mort il y a huit ans

« C’était mon amoureux d’enfance. J’avais 24 ans quand il est mort. On devait s’installer une semaine après dans une maison. […] Moi je vivais que par et pour lui ; on me retire ça, comment on fait après ? J’avais plus rien. »

« J’étais dans une incompréhension, je pense que c’est ça aussi qui est difficile après le suicide. […] Moi, j’étais très en colère contre la vie. Je ne saurai jamais ce qui s’est passé dans sa tête à ce moment-là. »

Documentaire

Durée 72 min

Auteure-réalisatrice Katia Chapoutier

Production Éléphant Doc, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

 

france5.fr/lmef

facebook.com/LemondeenfaceF5

#LMEF

Contacts presse

Anne-Sophie Bruttmann
Contact - France Télévisions
Carole Curt
Contact - France Télévisions
Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview