Dans les bals populaires

Lundi 27 juin à 21.10

Depuis toujours, le bal est dans le cœur des Français. Présent dans chaque région, il est aussi à l’origine de bien des familles. C'est au bal que nous nous sommes connus, au bal que nos libertés se sont exprimées, au bal que nous nous sommes sentis citoyens.
Depuis le premier bal du 14 Juillet, la République nous a invités à la fête dans un même élan. Elle l’a souvent encadrée, surveillée… et parfois même interdite.
Du bal des moissons à ceux de la Belle Époque, des dancings des Années folles aux bals clandestins pendant la guerre, des discothèques ou bals des pompiers, jusqu’aux rave-parties, les transformations du bal racontent notre histoire.

À deux, à dix ou en ronde, hier comme aujourd’hui, nous nous sommes tous retrouvés au bal pour danser. Mais quel est ce lien secret qui unit les Français à cette tradition ?
Partout en France et depuis toujours, sur le pavé ou la terre battue, sous les lampions ou les néons, en hiver ou en été, on se retrouve au bal, pour faire partie d’un tout, dire là d’où l’on vient, oublier le quotidien, la hiérarchie, le costume. Pour échapper à l’isolement des campagnes ou à la solitude
du monde moderne. Pour être libre, résister et se sentir exister.
Des fêtes de village aux clubs des années 1950, des grands bals nocturnes de la Belle Époque aux supermarchés de la danse des Trente Glorieuses, des guinguettes des bords de Marne aux discothèques des années 1980, des dancings de l’entre-deux-guerres, aux raves-parties en passant par l’incontournable bal des pompiers, le bal a évolué. Il vit avec son temps. Il s’adapte aux évolutions sociales, aux impératifs politiques, aux aspirations populaires, et suit les courbes du progrès, servant de baromètre à chaque époque.
Mais qui se serait douté que le premier bal du 14 juillet 1880 fut d’abord un outil de propagande pour les Républicains ? En l’ancrant dans le souvenir de la prise de la Bastille, la IIIe République fait de son premier bal officiel un rituel politique fondateur. Il y aura d’autres 14 juillet historiques, qui sont autant de célébrations où les intérêts du pouvoir et les sentiments du peuple s’affrontent au travers du bal. Pour fêter l’union d’une nation en 1880, ou acter sa refondation en 1958 sous l’égide du général de Gaulle ; pour célébrer l’acquisition de nouveaux droits sociaux en 1936 ou entrer en Résistance en 1942, pour protester contre le régime en place en 1968 ou commémorer le bicentenaire de la Révolution en 1989.
L’histoire du bal est aussi celle de la jeunesse, qui le façonne à son image, en renouvelle les formes. Nouveaux instruments et styles de musique ; nouveaux moyens techniques et lieux de rencontre pour l’écouter ; nouvelles manières de danser et de s’habiller.
Au fil du temps et des lieux, la France entière s’est mélangée sur la piste de danse : les anciennes et les nouvelles générations dans les bals champêtres et les fest-noz, les bourgeois et les voyous dans le Paris de la Belle Époque, les Blancs et les Noirs dans les dancings de l’entre-deux-guerres, les ouvriers et les immigrés dans les guinguettes de banlieue et les bals de mineurs, les homos et les hétéros dans les boîtes de nuit disco.
Et si le bal agit parfois comme un révélateur des tensions qui traversent la société, il est aussi le moyen par lequel les Français les transcendent ensemble. Malgré les épidémies, les guerres, la morale et toutes formes d’interdictions, le besoin de se rassembler pour danser est plus fort que tous.
Danser au bal, c’est faire société.

NOTE D'INTENTION

Le film débute un jour de fête. le 14 juillet 1880, précisément. Le jour du premier bal républicain. Ainsi, d’un loisir d’élite le bal passe à un loisir public puis, avec le temps, à un loisir de masse. Si les formes de bal ont évolué depuis cent quarante ans, sa permanence atteste son importance
autant que ses évolutions racontent celles de notre société.
Dans les bals populaires… raconte le bal à la croisée de nos constructions sociales, de la morale et de la politique, de nos désirs individuels et collectifs. Il raconte notre roman national à l’aune de ces rassemblements festifs qui, selon les époques et les territoires, ont pris des significations différentes.
Et si le bal a une histoire, il a aussi une géographie. Traditionnellement, le Nord, le Massif central et le Sud-Ouest ont conservé une pratique des bals plus assidue qu’ailleurs. Paris a toujours été moteur. Notre récit s’attache à représenter les différentes régions et l’influence de Paris sur les campagnes.
Dans les bals populaires est avant tout une histoire humaine. Ce sont ceux et celles qui en furent les acteurs, les actrices qui partagent leur histoire. Musiciens, patrons de bals sous tentes, de dancings ou de discothèques, mais aussi danseurs passionnés, ils nous racontent leur histoire où bien celle de leurs parents avant eux, car la musique et la danse se transmettent de génération en génération en se réinventant perpétuellement.
Si notre récit s’appuie sur ces témoignages, il fait aussi appel en partie à des images d’archives, parfois colorisées, souvent inédites. Bals publics, privés ou associatifs, spontanés, libres ou interdits, les archives ne manquent pas pour montrer les différentes formes de bals.
Les archives de contexte, elles, racontent les grands bouleversements de notre société, les guerres, les exodes, les manifestations ou les avancées techniques majeures. Confrontées à ces images de notre histoire nationale, les images de danse et de bal prennent alors toute leur signification. Des archives du quotidien ponctuent aussi notre récit, celles qui montrent le travail, les modes, les mœurs, se mêlent aux images qui présentent les loisirs et fêtes familiales. Ce sont souvent des archives amateurs, également inédites.
Doisneau, Cartier-Bresson, Brassaï, ces célèbres photographes ont capturé les danseurs à travers leur objectif. Ces photos magnifiques illustrent, elles aussi, notre histoire.
Et, bien sûr, la musique est l’un des acteurs principaux de ce film. Valse, java, polka, mazurka, musette, charleston, fox-trot, lindy hop, tango, biguine, jazz, rumba, cha-cha-cha, mambo, twist, rock, disco, folk, électro… autant de musiques que de danses, de couleurs que d’époques.

LES INTERVENANTS

André Ricros (Cantal) : joueur de cabrette, passionné par l’oralité et la culture de l’Auvergne, ce Cantalien s’attache depuis trente ans à collecter et répertorier le patrimoine musical auvergnat. Il fonde en 1985 l’Agence des musiques traditionnelles en Auvergne.
Claude Ribouillault (Poitou) : issu d'une famille de musiciens de mariage, il est musicien et universitaire. Passionné par le patrimoine de la musique populaire, il collectionne instruments, cahiers de chants et partitions.
Bernard Coclet (Allier) : il organise, en été, dans sa ferme familiale de l’Allier, et ce depuis plus de trente ans, Le Grand Bal de l’Europe.
Marina Kretsch (Moselle) : issue d’une famille de musiciens lorrains, elle est musicienne de bal et joue au violon le répertoire traditionnel limousin pour lequel elle s’est prise de passion.
Marc Clérivet (Ille-et-Vilaine) : enseignant, chercheur (dans le domaine des pratiques et des objets artistiques et culturels dits « traditionnels ») et artiste, il se produit principalement en fest noz.
Jo Privat Jr (Paris) : accordéoniste et fils du célèbre Jo Privat.
Christophe Apprill (Bouches-du-Rhône) : danseur de tango et sociologue de la danse.
Janine Picard (Corrèze) : fille du musicien accordéoniste Henri Valade, maître accordeur de la célèbre manufacture d’accordéons Maugein.
Éric Gay (Paris) : gérant de la célèbre discothèque « Le Memphis », à Paris, qui appartient depuis trois générations à sa famille.
Thierry Fanfant (Val-de-Marne) : issu d’une véritable dynastie de musiciens, il est bassiste, contrebassiste, arrangeur. Il a collaboré avec de nombreux artistes reconnus : Bernard Lavilliers, Kassav', Carlos Santana…
Jeanne Vecchio (Val-de-Marne) : adepte des danses de salon.
Jean Chaponnet (Yonne) : musicien et disc-jockey. Il est le fondateur du groupe Les Chaps, qui anime, dans les années 1970, les bals en mode disco.
Colette Suchetet et Jeannot Pallant (Côte-d’Or) : amateurs des bals sous tentes.
Alan Stivell (Ille-et-Vilaine) : auteur-compositeur-interprète, ce musicien a milité pour faire admettre le peuple breton avec sa langue, sa culture, son territoire.
Patrick Vidal (Paris) : chanteur du groupe Marie et les Garçons dans les années 1980, il est ensuite chanteur dans les groupes Octobre ou Senso. Il mène en parallèle une carrière de DJ qui lui a permis de devenir un des grands pionniers de l'électro français.
Guy Cuevas (Paris) : c'est l’un des célèbres DJ du club Sept, puis du Palace, deux clubs qui attirent la jet-set de Paris, figure de proue des nouvelles tendances de la jeunesse. Dans les années 1970-1980, c’est lui qui impose le disco dans les nuits parisiennes.
Blandine Ornorm (Essonne) : adepte des rave-parties.

Dans les bals populaires

Documentaire inédit

90 min

Un film de 
Yann Coquart

Ecrit par 
Yann Coquart
Avec la collaboration de
Jeanne Burel

Production 
ZED (Valérie Abita et Manuel Catteau)

Avec la participation de 
France Télévisions

Directrice des documentaires France Télévisions
Catherine Alvaresse

Pôle histoire et culture 
Emmanuel Migeot
Clémence Coppey

À (re)voir sur france.tv

Ce programme est disponible en visionnage sur france.tvpreview 

Valérie Blanchet
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