Jean GABIN

Un Français nommé Gabin

Documentaire - Inédit - Vendredi 21 avril à partir 20.55

Jean Gabin ne se rêvait pas acteur, mais agriculteur ou conducteur de locomotive. Fermier, il finira par l’être, mais c’est au cinéma qu’il fera carrière. 95 films à son actif, dont de nombreux chefs-d’œuvre. Il n’a pas seulement marqué l’esprit des Français, il est aussi resté dans leur cœur jusqu’à la fin de sa vie. Explications, en images, signées François Aymé et Yves Jeuland.

Un acteur à l’affiche de Quai des brumes, La Grande Illusion, La Traversée de Paris, La Bête humaine, Pépé le Moko, Le jour se lève, Touchez pas au grisbi, Le Clan des Siciliens, Le Chat, etc., qui fut dirigé par Julien Duvivier, Jean Renoir, Marcel Carné, Claude Autant-Lara, Jacques Becker ou encore Henri Verneuil, et dont la gouaille semblait aller de pair avec les dialogues de Jacques Prévert ou de Michel Audiard.
Un séducteur qui a eu, entre autres, pour compagne Mistinguett, Michèle Morgan, Ginger Rogers et Marlene Dietrich, avant d’épouser en dernières noces Dominique Fournier, qui deviendra la mère de ses trois enfants.
Un insoumis qui a refusé le régime de Vichy et a réussi à prendre part à la Seconde Guerre mondiale en rejoignant la 2e DB du général Leclerc.
Enfin, un homme de terroir qui, pour son plus grand désespoir, ne sera jamais véritablement accepté.
Autant de références qui ne résument pas à eux seuls l’homme ou l’acteur qu’il fut, mais qui permettent d’en définir les contours. Car « le sieur Moncorgé » a plus d’une corde à son arc et excelle dans l’art de se fondre dans la peau de Monsieur tout le monde. Un talent qui le rend sympathique et lui confère une place à part dans le cœur du public.

Pourtant, gamin, ce fils de saltimbanque n’aimait ni l’école ni le métier de ses parents, préférant regarder passer les locomotives ou s’occuper des vaches de ses voisins. À défaut de s’être réconcilié avec les bancs de la communale, c’est sur les planches des Folies Bergère qu’il finit par atterrir à 18 ans pour prouver à son père qu’il n’est pas un bon à rien. Une carrière débutée au music-hall et qu’il poursuit, malgré lui, au cinéma. Homme besogneux, fidèle en amitié, Jean Gabin progresse vite. Sous l’impulsion de sa deuxième femme, Doriane, il se met à choisir ses films. Il a beau trouver que l’écran le dessert, sa gouaille, son allure et sa présence plaisent — et pas seulement aux réalisateurs. Chaque tenue est pensée, travaillée. Une tâche qu’il ne confie à personne d’autre que lui et qui lui vaut parfois d’être imité. Ainsi, après la sortie de Pépé le Moko, tous les macs de Pigalle avaient, paraît-il, adopté sa manière de porter le foulard.
Il est à l’aise, quel que soit le sujet traité ou la profession jouée… enfin presque. Après avoir appris l’anglais pendant son exil forcé aux États-Unis, ses expériences dans la langue de Shakespeare sont, pour lui, un échec. « Quand je joue en anglais, explique-t-il, je me sens désynchronisé, pas vrai, pas sincère. Je ne serai jamais un comédien cosmopolite. Je ne peux jouer qu’en français. » Son talent, il le met pourtant au service de la propagande des alliés en tournant dans The Impostor, de Julien Duvivier.
On pourrait croire que le cinéma l’a toujours accueilli à bras ouverts, mais il n’en est rien. À son retour en mai 1945, rares sont les Français à savoir que Jean Gabin s'est enrôlé dans les Forces Navales Françaises Libres et qu’il a choisi, ensuite, de rejoindre la 2e DB du général Leclerc – des faits pour lesquels il sera décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre. En France, on retient surtout sa relation avec l’Allemande Marlene Dietrich, qui avait pourtant combattu le nazisme, et sa vie à l’abri des bombes de l’autre côté de l’Océan. À défaut de renouer avec la gloire d’antan, il retrouve la terre et les champs qu’il aime tant. Lui, qui avait toujours rêvé de devenir fermier, s’est offert le domaine de la Pichonnière, en Normandie, et ne boude pas son plaisir.

Il faut attendre Touchez pas au grisbi, puis Les Grandes Familles pour que l’alchimie opère de nouveau avec le grand public. Dès lors, et à l’exception de la nouvelle vague, qui s’en désintéresse, le jugeant trop « France-à-papa », il enchaîne les tournages à succès, rencontre Lino Ventura, avec qui il noue une réelle amitié, et deux figures montantes du cinéma français, Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Toutefois, il n’est plus question pour lui de jouer les jolis cœurs. Il a passé l’âge. Et puis, ses enfants grandissant, il ne souhaite pas être vu en train d’embrasser une autre femme que leur mère. Son dernier baiser de cinéma, il l’offrira donc à Brigitte Bardot dans En cas de malheur
Jean Gabin s’en est allé le 15 novembre 1976, quelques mois après avoir présidé la première cérémonie des César. Onze ans plus tard, à titre posthume, l’académie lui rendra hommage... signe, s’il en était besoin, de la contribution de l’acteur au cinéma français.

 

C. R.

 

UN FRANCAIS NOMME GABIN

Un film de François Aymé et Yves Jeuland
Réalisé par Yves Jeuland
Avec la voix de Grégory Gadebois
Coproduit par KUIV et l’INA
Avec la participation de France Télévisions et TV5 Monde, Cine+ et la RTS

Dossier de presse à consulter 

Film (1961)
Réalisé par Gilles Grangier
D’après le roman éponyme d’Albert Simonin
Adaptations d'Albert Simonin, Gilles Grangier et Michel Audiard
Dialogues de Michel Audiard
Avec Jean Gabin, Maurice Biraud, Bernard Blier, Martine Carol, Franck Villard, Antoine Balpêtre, Ginette Leclerc, Françoise Rosay, Albert Dinan et Gérard Buhr

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Pour Charles, Lucas et Éric, monter une affaire de fausse monnaie avec « le Dabe », c'est encore mieux que de s’associer avec la Banque de France. Tout est en place quand « le Dabe » apprend avec surprise que le graveur est un « cave » — c’est-à-dire une personne ignorant tout des pratiques ou des codes du milieu.

Le cave se rebiffe est adapté de l’un des romans de la trilogie d’Albert Simonin consacrée à un truand prénommé Max. Les deux autres romans, Touchez pas au grisbi ! et Grisbi or not Grisbi (devenu Les Tontons flingueurs) feront aussi l’objet d’une adaptation cinématographique à succès.
C'est la 7e collaboration de Jean Gabin avec le duo Gilles Grangier/Michel Audiard. Ensemble, ils ont tourné Gas-oil, Le Sang à la tête, Le rouge est mis, Le Désordre et la nuit, Archimède et Les Vieux de la vieille. Le verbe d’Audiard sied parfaitement à Gabin. Ses répliques font mouche et, soixante-six ans après la sortie du film, elles n’ont pas perdu une ride. La preuve :

En admettant que j’ai un graveur, du papier et que j’imprime pour un milliard de biffetons. En admettant, c’est toujours une supposition, qu’on soit cinq sur l’affaire, ça rapporterait net combien à chacun ?
— Vingt ans de placard. Les bénéfices, ça se divise, la réclusion, ça s’additionne.
(Bernard Blier/Charles Lepicard et Jean Gabin/Le Dabe)

— Bon, alors maintenant, passons aux questions techniques ! Avez-vous prévu un endroit pour le tirage ?
— Je crois que nulle part on serait mieux qu'ici. J'avais pensé à la cave. On pourrait débarrasser un coin.
— Tiens ! Allons ! Et pourquoi pas sur le trottoir ! T'as déjà entendu rouler une bécane d'imprimerie ?
(Jean Gabin et Bernard Blier)

— Bien sûr qu'on peut tourner demain. Seulement, demain c'est dimanche. Et un imprudent qui travaille un dimanche peut éveiller des curiosités malsaines. Et dites-vous bien que ces belles images peuvent devenir très vite des billets touristiques pour Poissy, Clairvaux et autre lieux très réputés. Pas d'amateurs ?... (Jean Gabin)

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