MUD - SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI
CINEMA

MUD, SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI

Dimanche 10 février 2019 - 20 H 05 - Guadeloupe la 1ère

MUD, SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI est une fable bouleversante sur l'amour, l'enfance et le sud des États-Unis, à mi-chemin entre Mark Twain et Steven Spielberg.

Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ?

 

MUD - SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI

Date de sortie Mai 2013 (2h10min)

De Jeff Nichols

Avec Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Tye Sheridan plus

Genre Drame

Nationalité Américain

Le scénario de Mud est très complexe. Comment s’est passée l’écriture ?
La complexité du scénario provient du fait que je l’ai écrit sur une période de dix ans. Ce film est né d’idées et de réflexions accumulées au cours des années, mais aussi de l’envie de me frotter à d’autres styles de réalisation.
J’en ai eu l’idée bien avant de tourner Shotgun Stories et Take Shelter. Tout a commencé alors que j’étais à l’université. À la bibliothèque de Little Rock, je suis tombé sur un livre de photos en noir et blanc de personnes vivant au bord du fleuve Mississippi - il y avait des pêcheurs de moules, des maisons flottantes… Je me suis dit que c’était un monde intéressant à filmer.

Contrairement à vos deux films précédents, il y a ici des histoires parallèles.
Elles ont toutes en commun le personnage d’Ellis. Il observe des adultes en train de se débattre avec l’amour. Il a désespérément besoin de voir une relation entre deux adultes qui fonctionne. Pour moi, ce thème a toujours été là.
Par ailleurs, je crois qu’une partie de la complexité de Mud vient également de ma propre évolution en tant que réalisateur et du fait que je suis plus à l’aise avec la caméra. C’est la première fois que j’utilise la steadicam. Je déteste la caméra à l’épaule, l’image qui bouge dans tous les sens. J’avais besoin que la caméra se déplace élégamment.

D’où vous vient l’idée du bateau dans l’arbre ?
Elle m’a été donnée par l’un de mes mentors, mon ancien professeur Gary Hawkins. Nous parlions du scénario et je lui ai dit, « Si vous étiez un jeune garçon, pourquoi iriez-vous sur une île au milieu du Mississippi ? ». Il m’a répondu : « Il pourrait y avoir un bateau perché dans un arbre suite à une crue ». Peut-être devrais-je lui envoyer un chèque chaque mois (rires). J’imagine qu’il a dû en voir un quelque part. J’ai adoré cette idée. Nous avons vraiment placé un bateau en haut d’un arbre. Lorsque la grue l’a déposé, c’était parfait, magique, presque irréel. Chaque jour, il nous fallait plusieurs heures pour arriver sur le tournage. Nous traversions un bois et soudain nous tombions sur ce spectacle. Nous étions émerveillés, comme les enfants dans le film.

C’est un film inscrit dans la tradition anglo-saxonne des histoires de rites de passage chers à Dickens, Hemingway ou Mark Twain.
Je crois qu’en tant qu’auteur, il est naturel de vouloir revenir au moment crucial où l’on devient un homme. Harry Crews a écrit un magnifique livre à ce sujet, Childhood: The Biography of a Place. Il y parle d’un moment précis de son enfance : il a 8 ans, il est assis sous un arbre et il réalise que pour la première fois il a un avis sur le monde. Je voulais également revenir à la source. Pour moi, c’était le premier chagrin d’amour. Ce moment précis où l’on est capable d’aimer profondément, mais aussi de souffrir énormément, avant d’aimer profondément à nouveau.

Le personnage de Mud est-il un homme qui construit sa propre mythologie ?
En un sens, oui. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai écrit le rôle pour Matthew McConaughey. J’ai vu Lone Star de John Sayles quand j’étais à l’université. Dans ce film, il est une légende vivante, un mythe. Ici, on ne sait jamais si ce que dit Mud est vrai ou non. Jupiner et Tom parlent de lui comme d’un menteur mais il n’y a pas la moindre malice en lui. Je me souviens d’un type qui travaillait dans la boutique de meubles de mon père. Il était très gentil mais il mentait tout le temps. Mon frère avait dit à propos de lui ce que Jupiner dit de Mud : « Les gens l’aiment parce que c’est un menteur qui les flatte. »

Au bout d’un moment, Ellis commence à douter de Mud et comprend que les choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît.
Absolument. Les garçons doutent et soudain la jolie blonde débarque en ville, puis des hommes arrivent… Tout ceci renforce la véracité des autres histoires racontées par Mud. Est-il celui qu’il dit être ? Ressent-il vraiment ce qu’il dit ressentir ? C’était pour moi la question centrale car il fallait qu’Ellis tombe amoureux de la vision de l’amour de Mud. Ellis se fait briser le coeur deux fois : la première lorsqu’il voit Juniper au bar avec un autre homme (ce qu’il doit aller raconter à Mud) et la seconde lorsqu’il vit sa propre peine de coeur quelques scènes plus tard.

MUD - SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI