UNE MAISON UN ARTISTE
Une maison, un artiste

Federico García Lorca, un poète à Grenade

Série documentaire - Dimanche 30 juillet 2017 à 22.35

Itinéraire de l’un des plus influents poètes du XXe siècle : Federico García Lorca. Fortement imprégné par l’atmosphère rurale de son village natal près de Grenade et les bons moments passés à la Huerta de San Vicente, le poète, républicain, a payé de sa vie son engagement. Un artiste assassiné.

« Une enfance passionnée », disait-il lui-même. Une enfance dont il avouera n’être jamais sorti. Federico García Lorca est né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros, en Andalousie. Dans une famille de cinq enfants, dont un frère mort en bas âge. Très entouré, Federico grandit dans un monde féru de littérature. Sa mère aime lire à haute voix, c’est aussi une grande mélomane ; sa grand-mère paternelle est passionnée par Victor Hugo ; sa tante Isabelle lui enseigne le solfège et la guitare ; les nourrices, elles, lui transmettent la culture populaire. Et « c’est là que je serai terre et fleur », déclarait-il.

L’artiste

En 1919, le jeune homme part étudier le droit et les lettres à l’université de Madrid et fait la connaissance de Salvador Dalí et Luis Buñuel, deux personnages qui marqueront sa vie… Federico est musicien et adore le théâtre. En 1927, le succès arrive avec Mariana Pineda et, l’année suivante, avec son recueil de poèmes Romancero gitano… « Federico est un auteur merveilleux, je pense qu’il y a beaucoup de théâtre dans sa poésie, beaucoup de poésie dans son théâtre, beaucoup de musique partout, dans toute son œuvre. C’était un homme qui avait un sens de la volupté du mot, de la musicalité, et d’ailleurs il le dit : “Yo antes de todo soy musico…” Il se considérait avant tout comme un musicien », déclare avec beaucoup d’admiration le chanteur, guitariste et compositeur Vicente Pradal, dont l’arrière-grand-père fut le maître d’école de Federico.

Pour échapper au tumulte citadin, l’artiste éprouve le besoin de retourner en Andalousie afin de retrouver ses montagnes tant aimées et la Huerta (verger) de San Vicente. « Mon grand-père l’a acquise en 1926. Elle a été la maison de famille. Federico vivait à Madrid et revenait ici l’été. Je crois que ce furent des années particulièrement heureuses, parce qu’il était enfin reconnu », raconte sa nièce Laura García Lorca. Cette maison représente la nature, la vie proche des gens, de la terre, de la source. C’est ici qu’il écrit certaines de ses œuvres : Yerma et Bodas de Sangre (Noces de sang).

Le poète engagé

« Parfois quand je vois ce qui se passe dans le monde, je me demande pourquoi est-ce que j’écris. Mais il faut travailler, travailler et aider ceux qui le méritent. Travailler même si l’on pense parfois que ce que l’on fait est inutile. Travailler comme si le travail était une forme de protestation… car lorsque nous nous réveillons chaque matin dans un monde plein d’injustice et de misère de tous ordres, notre premier mouvement devrait être de crier “Je proteste, je proteste, je proteste” », déclarait le poète. Il a osé parler de la condition féminine (La Maison de Bernarda Alba), de celle des Gitans, de l’homosexualité… « Il a été le précurseur. Je le considère comme un poète nécessaire », dit encore Vicente Pradal.

Le poète assassiné

Après un voyage d’une année à New York, à 32 ans, il retrouve son Espagne natale, son Andalousie chérie. Un vent d’espoir républicain souffle alors, mais pas pour longtemps. L’illusion d’un pays libre. En 1936, la république est menacée… Lorca est en danger. C’est dans la Huerta de San Vicente que des phalangistes font irruption le 15 août. Dans cette région qu’il aimait tant, au milieu de ce beau paysage, à l’aube, Federico García Lorca est assassiné…

Françoise Jallot

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Extrait du Double poème du lac Eden

« Je veux pleurer parce que ça me plaît,

comme pleurent les enfants du dernier banc,

car je ne suis pas un poète, ni un homme, ni une feuille,

mais un pouls blessé qui tourne autour des choses de l’autre côté. »

 

« Quiero llorar porque me da la gana

como lloran los niños del último banco,

porque yo no soy un hombre, ni un poeta, ni una hoja,

pero sí un pulso herido que sonda las cosas del otro lado. »

UNE MAISON UN ARTISTE

Série documentaire

Durée 27 min

Auteurs Patrick Poivre d’Arvor et Isabelle Motrot

Réalisation Catherine Ulmer Lopez, avec Bruno Ulmer

Production A Prime Group, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

Extraits La Maison de Bernarda Alba, mis en scène par Lilo Baur à la Comédie-Française en 2015

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