Le lac des cygnes
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Le Lac des cygnes

Mardi 18 avril à 20h00 - Sur NC 1ère

Alors qu'il ne reste plus que quelques jours pour caler les représentations du Lac des cygnes, Sthan Kabar-Louët doit adapter ses ambitions de chorégraphe. Car l'ancien danseur international s'est lancé dans un pari un peu fou : monter le célèbre ballet de Tchaïkovski avec sa toute nouvelle école de danse. 130 danseurs et danseuses calédoniennes danseront ainsi 7 représentations d'un spectacle de 2H30 à guichet fermé. Pour couronner la difficulté, les danseurs n'auront que 4 jours pour bien se caler sur la petite scène du Mont-Dore et prendre leurs marques avec les deux couples de danseurs étoiles Australiens et Hongrois venus spécialement pour tenir les rôles principaux du ballet. Danseuses classiques débutantes, scène étroite, absences, problème d'effets spéciaux ou encore blessures d'élèves, toutes ces contraintes font que le chorégraphe doit sans cesse réadapter ce qu'il a imaginé. Mais Sthan qui a commencé sa carrière au côté de Maurice Béjart ne se laisse pas abattre et grâce à sa rigueur, à sa ténacité et à l'aide de sa mère qui l'assiste depuis ses débuts, il garde le cap pour présenter au public calédonien le meilleur spectacle possible.

Réalisation : Olivier Gresse
Production : JPL Productions
Durée : 52 minutes

Après une belle carrière auprès de Maurice Béjart, Stan Kabar-Louët devient chorégraphe en Nouvelle-Calédonie. L'année dernière il lance sa propre école de danse « L'Avant-Scène Centre de Danse ». C'est ainsi que naît son tout premier spectacle dansé par ses élèves et deux couples de danseurs internationnaux : le Lac des cygnes. Ode à ses débuts et hommage à la danse, le ballet est un événement, les différentes représentations se font à guichet fermé. Olivier Gresse en témoigne dans ce documentaire en forme d'hymne à l'art de la danse. Stan nous raconte cette nouvelle expérience.

Comment est né le projet du spectacle le Lac des Cygnes ?

C'est tout d'abord le premier ballet que j'ai dansé quand je suis arrivé en formation au Conservatoire National de Danse d'Avignon en 1994, j'avais 14 ans. A ce jeune âge, le grand saut de la vie calédonienne à l'apprentissage de mon premier ballet classique en France-métropolitaine, m'a profondément bouleversé, impressionné, j'ai immédiatement compris que c'était ma voie.

Le sujet du ballet, avec cette danseuse qui se transforme en cygne, soutenu par la puissante musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, est un hymne au rêve, à la féérie. Depuis, devenu enseignant et chorégraphe, j'ai toujours eu dans la tête le souhait de me confronter à une telle oeuvre. En 2016, lors de l'ouverture de ma propre école de danse « L'Avant-Scène Centre de Danse », je voulais vraiment caractériser et insuffler l'esprit qui habite mon enseignement, la vision de ma danse. Enfin, mes élèves voulaient le danser, je voulais leur donner l'opportunité de vivre ce que j'avais vécu, donc c'était le moment de le faire.

 

-        Qu’est-ce qui vous a inspiré dans cette chorégraphie ?

L'histoire et la musique bien sûr, mais aussi mes élèves. Pour un enseignant, lorsque l'on travaille avec des élèves amateurs, semi-professionnels et professionnels, toute la recherche d'adaptation est extrêmement passionnante, fastidieuse mais vraiment passionnante, c'est un travail de fourmi ! Je suis également inspiré par le potentiel technique et la personnalité de chacun de mes élèves, c'est ainsi que je définis les distributions, l'objectif étant de mettre en valeur chacun, avec ses faiblesses et ses qualités, au service de l'histoire du ballet …

Marier les styles de danse met aussi une force créatrice. Pour le Lac des Cygnes il s'agissait de la danse classique et de la danse moderne. Je m'y attelle depuis que je suis rentré en Nouvelle-Calédonie en 2004 et je pense que c'est cela qui plaît au public calédonien, et étranger...

Je pense que ma carrière chez Maurice Béjart ne s'est pas faite par hasard, car tout le travail de Maurice était basé sur la rencontre des cultures et des styles, avec le talent fou de révéler en chacun de ses danseurs, ses plus belles qualités, son authenticité. Les années passant, lorsque je regarde le chemin parcouru et le bateau dans lequel je suis monté, j'ai vraiment le sentiment d'avoir trouver ma mission, celle de poursuivre « à ma façon » le travail de Maurice, mais aussi de découvrir des talents et de les accompagner, jusque là où je pourrais …

 

-        Durant la préparation, vous avez eu plusieurs déconvenues, notamment sur la taille de la scène et la venue des danseurs étoiles, comment garder le cap ?

La taille de la scène était un problème sans vraiment en être un, je savais où nous allions jouer et c'était à moi de m'y adapter. Je peux déjà vous dire que ma prochaine production va se dérouler sur un plateau de 200m2 et là on dira que la taille est aussi un problème, parce que c'est trop grand !! Tout n'est qu'adaptation, bien sûr plus on a de place, mieux c'est, mais j'affectionne la scène du CCMD, mon travail y est bien reçu et ça, c'est important …

Autre adaptation, les répétitions communes avec les élèves, il est difficile d'avoir tous les élèves en même temps, plusieurs éléments rentrent en compte, on ne peut de nouveau que s'adapter, c'est pour cela que je commence généralement tôt dans l'année mes préparations de spectacles, afin que le temps soit mon allié.

L'arrivée des danseurs internationaux est un grand moment. Tout le monde les attend, c'est aussi la récompense pour tous. Ils apportent cette magie finale qu'on a tant attendu. Le temps des répétitions et les tableaux à répéter sont calculés d'avance et les élèves y sont préparés. L'objectif étant d'assembler tout le monde dans les délais les plus courts, car pour le coup, la semaine qui présente le spectacle passe comme un éclair. C'est un challenge, mais un moment vraiment magique, un cadeau, une récompense je le re dit …

Pour garder le cap, je me fais confiance, j'ai confiance en mon équipe de travail, confiance en mes élèves. Je ne suis pas à mon premier coup d'essai, j'aime réaliser des productions un peu démesurées et je sais pertinemment qu'il arrivera un moment où la réalisation du projet ne m'appartiendra plus, elle appartiendra à la dextérité et à l'engagement de mes élèves pour la réussite du projet.

 

-        Dans ces moments de stress, la caméra ne vous a-t-elle pas gênée ?

La présence de la caméra nous a tous un peu impressionnée au départ, puis on a fini par s'y habituer. A chaque prise d'image j'avais un micro à la chemise, parfois j’oubliais que j'étais enregistré et qu'Olivier Gresse et son ingénieur Son m'entendaient, alors comme j'aime bien plaisanter et me détendre avec mon équipe, je voyais parfois au loin Olivier rigoler, et je lui demandais «  tu m'entends là ? », il me répondait de loin avec un pouce de la main, double rigolade …

Pour ce qui est des moments de stress, on ne pense plus trop à la caméra. On peut comparer ces instants à des séquences d'intimité, car il y a une forme d'impuissance qui peut apparaître, où il faut trouver des solutions, garder son calme, garder l'objectif et s'adapter … Le montage d'un tel spectacle est une grande responsabilité, il y a une attente de résultats, de la part de tous les participants, du public et de bien d'autres ...

 

-        Ce spectacle était d’ailleurs un succès car vous avez dû ajouter de nombreuses représentations…

Oui, pour le bonheur de tous, nous avons été « victime de notre succès ». Effectivement la campagne de communication a été interrompue 3 semaines avant la première représentation.

L'événement a fait le buzz. Les 7 représentations ont été jouées à guichets fermés. Avec le « Petit Lac des Cygnes »  (spectacle des petits élèves de l'école) c'est environ 3500 personnes qui se sont déplacées au Centre Culturel du Mont-Dore. Pris d'assaut, même mes propres amis n'ont pas pu obtenir de place.

Cette année nous avons l'intention de maintenir notre campagne de communication et de satisfaire tout notre public, la production 2017 va se jouer à l'Arène du Sud de Païta, en novembre 2017 … Le ballet va prendre une nouvelle dimension, c'est tout simplement grandiose ce qui est en train de se préparer.

 

-        Regrettez-vous de ne pas être sur scène au milieu des danseurs ?

Absolument pas, je n'y pense même pas ! De voir mes élèves danser me comble totalement. C'est à travers eux que je danse, que je vis leurs émotions, leurs moments de stress, leurs moments de joie. Ils ont les yeux qui brillent lorsqu'ils montent sur scène, se transforment en êtres irréels et m'emmènent avec eux.

Dans la vie il y un moment pour chaque chose et lorsque je suis rentré en Nouvelle-Calédonie en 2004, j'ai vraiment fait le choix de penser et d'avancer autrement, donc c'est sans regrets. Je réfléchis beaucoup avant de prendre mes décisions, et une fois qu'elles sont prises je ne recule que très rarement. Qualité ou défaut ? Je pense que c'est une force, celle aussi de se tenir à une ligne de conduite et de défier avec intégrité les difficultés de la vie.

Bien sur je continue de m'entrainer dans mes cours avec mes élèves où j'arrive parfois à montrer quelques reste de prouesses techniques, d'ailleurs dans ces moments-là, je me dis que le corps « n'oublie pas » … J'aime bien ses petits moments de complicité avec mes élèves, ils rigolent et bien souvent je leur réponds «  Allez … A vous ! »

 

-        Votre mère est souvent très présente, dans votre école de danse et notamment sur ce spectacle, quelle est votre relation avec elle ?

Sylvia est co-gérante avec moi de l'Avant-Scène et enseignante, donc oui elle est plus que présente, elle est le pilier. Elle me conseille, m'accompagne, me soutient dans tous mes projets. On vit les mêmes émotions, les difficultés comme les moments de joies. La gestion de la structure, associée aux projets de spectacles est un travail pharaonique. Sans son engagement les choses seraient bien difficiles ...

 

-        Quel est votre pari le plus fou ?

Notre pari le plus fou est de tout simplement poursuivre la réalisation de nos projets, avec la même conviction dans notre enseignement, en transmettant un savoir pragmatique et de qualité, de continuer à créer un intérêt particulier auprès du public calédonien par nos productions et de les amener d'année en année, encore un peu plus nombreux, et bien sûr d'offrir la possibilité aux élèves qui le souhaitent de se diriger vers une carrière professionnelle ...