L'ODYSEE DES FELINS

L'Odyssée des félins

Documentaire - Mercredi 28 juin 2017 à 20.50

Il en existe de toutes les couleurs, de toutes les formes, de toutes les tailles. Lions, léopards, panthères, pumas, caracals, chats de gouttière, etc., font partie d’une même famille qui s’est répandue depuis 11 millions d’années sur toute la planète, s’adaptant à tous les habitats, des plaines gelées aux déserts suffocants, en passant par les forêts tropicales, les savanes, les rues d’Istanbul ou les appartements du Ve arrondissement de Paris. Patrick Aryee sillonne la planète sur la trace des plus beaux félins et nous fait découvrir leur arbre généalogique.

Bien sûr, il y a le gypaète barbu, l’âne du Poitou, le lemming, le dingo, le carcajou, la chouette hulotte, le circaète Jean-le-Blanc et mille autres merveilles encore. Mais, sans vouloir vexer quiconque, il faut revenir au chat. Le chat est incontestable. À tel point qu’on finirait presque par l’oublier. Or, tout n’a pas été dit à son sujet. « Il est élastique et feutré, écrivait Alexandre Vialatte, soyeux, griffu, plein d’électricité statique. Il se compose, assure un écolier, de deux pattes de devant, de deux pattes de derrière et de deux pattes de chaque côté. Derrière lui, ajoute cet enfant, il a une queue qui devient de plus en plus petite, et puis au bout, il n’y a plus rien. » Il écrivait encore : « Dieu l’a fait dans sa grande bonté pour que l’homme puisse caresser le tigre. » Autant dire que le chat est l’arbre qui cache la forêt. Car cette aimable petite bête, qui fait pipi sur les canapés ou lacère les fauteuils, flâne dans les allées du cimetière du Père-Lachaise et fréquenta Charles Baudelaire et Paul Léautaud, n’est que le dernier rejeton d’une vénérable et noble famille et ne compte pas moins de trente-six cousins à travers le monde.

Le plus abouti des prédateurs du règne animal

Le biologiste Patrick Aryee avec une panthère nébuleuse

Le biologiste Patrick Aryee et une panthère nébuleuse. © Sky Vision

Tout commence dans les forêts du sud-est de l’Asie il y a 11 millions d’années avec un mystérieux prédateur, aïeul, dit-on, de tous les félins. C’est aujourd’hui le domaine de la magnifique panthère nébuleuse, sa descendante en ligne directe. Agile comme un singe, souple comme une liane, elle écume la cime des arbres à la recherche de ses proies de prédilection, des petits primates et des oiseaux. C’est depuis ce berceau que le plus abouti des prédateurs du règne animal s’élance à la conquête du monde, s’adaptant à tous les environnements.

Le concept de base, si l’on ose dire, demeure inchangé : une acuité visuelle six fois supérieure à la nôtre, une ouïe ultra-sensible, une colonne vertébrale capable de torsion à 180 degrés, une musculature d’athlète et surtout de redoutables griffes rétractiles. Le reste est en option. En direction du nord, le tigre de Sibérie est un mastodonte de 300 kg et une véritable chaudière ambulante capable de s’accommoder d’une température de – 40 °C. Vers le sud, sur le sol africain, le caracal est une petite beauté d’à peine 10 kg aux yeux maquillés de noir et aux oreilles terminées en pinceaux. Ses cuisses de grenouille peuvent le propulser à 3 mètres dans les airs. Tandis que son proche (?) cousin le lion (200 kg), le roi incontesté de la savane, est une brute au cœur tendre, sociable mais ombrageux. Toujours en Afrique, mais du côté des marécages, le serval, lui, a investi dans une belle paire d’oreilles démesurées et orientables (une vingtaine de muscles) qui lui permettent de chasser presque les yeux fermés. À Bornéo, le chat bai est si rare qu’on se demande parfois s’il existe vraiment. Il ressemblerait au chat de Temminck, lui-même fort discret. Passons.

Une capacité peu commune à l’adaptation

L'Odyssée des félins

Le méconnu chat de Pallas. © Sky Vision

Et puis, voici les cousins d’Amérique. Les pattes du lynx du Canada sont si disproportionnées qu’on croirait deux paires d’après-ski. Idéales pour parcourir 10 km dans la neige sans se fatiguer. Dans les forêts tropicales du Belize, le petit margay, champion de voltige sylvestre, règne sur la canopée, faisant des bonds de 4 mètres de long ou glissant le long des arbres (la tête en bas) comme un serpent. Voici encore le puma, la polyvalence incarnée, à l’aise du Canada à la cordillère des Andes, en passant par le Grand Ouest américain. Et encore son proche cousin reparti en Afrique, le guépard, champion mondial de la course de vitesse, interminable corps qui ignore la graisse. Tout l’inverse, en somme, du chat de Pallas, installé en Mongolie : grosse boule de poils informe surmontée d’une petite tête de moine bouddhiste triste.

Il aura fallu sans doute 6 millions d’années (ceux qui ont vécu avec un chat n’ont certainement pas besoin qu’on leur explique ce qu’est l’indolence) aux félins pour peupler tous les habitats de la terre. Leur secret ? Une capacité peu commune à l’adaptation. Et sans doute une bonne dose d’opportunisme. Il y a environ 7 000 ans, le chat domestique, le membre le plus récent, peut-être le plus abouti de la famille et en tout cas le plus prospère (600 millions d’individus dans le monde), entrait en scène et avec lui une nouvelle page de l’histoire des félins allait s’ouvrir : la domestication de l’homme…

Christophe Kechroud-Gibassier

Fin d'année 2016

Documentaire

Durée 85 min

Présentation Patrick Aryee

Réalisation Martin Williams

Production Offspring Films

Année 2015

Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview