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Talk Show

KONECTID

Question: « Face au chômage… partir au rester ? »
Magazine de société - Samedi 19 mai 2018 - 17H50 - Guadeloupe la 1ere

Konectid nous interroge sur notre pensée en rapport à : « Face au chômage… partir au rester ? » Quel est notre avis. Des invités experts en plateau pour aider à la réflexion. 

 

Les invités seront :

Juliette HUTIN, 46 ans, mère d’une petite fille, porteuse de projet dans l’artisanat depuis 3 ans (confection de meubles en carton, palettes et autres matériaux de récupération - atelier de fabrication de meubles en palettes et carton « NEPHTOWACH ») et au chômage depuis 10 ans.
C’est une ancienne animatrice ; elle avait créé une association de garde d’enfants et d’accompagnement périscolaire… qui n’a pas survécu au LKP.
Puis… traversée du désert, à « se chercher », pour savoir quelle direction prendre, dans sa carrière. Aujourd’hui, sans budget, concrétiser son projet économique relève du parcours du combattant. Ce n’est pas aisé non plus d’être informé et de bénéficier des dispositifs d’aide à la création d’entreprise. Si elle devait partir, elle n’en aurait pas les moyens. Mais elle considère la Guadeloupe comme un territoire fermé, où les nouveautés ont du mal à prendre.


Jacqueline MAGLOIRE-DESTOUCHES, conseillère en insertion professionnelle de la Mission Locale (971)
« Un tremplin vers l’insertion » pour les moins de 26 ans. Partir c’est une tendance… mais pas forcément majoritaire, chez les jeunes bénéficiaires de la Mission Locale. Mais un départ RÉUSSI, cela se prépare ; le projet doit être clair, précis et viable… surtout pour un non-diplômé, qui ne doit pas se louper. Les jeunes sont encouragés à partir, par la Mission Locale, puisque le marché local de l’emploi est « bouché »… et que beaucoup de formation, chez nous, ne débouchent sur rien. Il y a de gros recrutements qui sont proposés aux ultramarins, en France Hexagonale (SNCF, par exemple).
La Mission Locale est le bon interlocuteur, s’il s’agit de partir dans l’Hexagone… mais pour l’Europe et l’étranger, il existe d’autres interlocuteurs (espace régional…). Pour ceux qui ont besoin de « jober » pour subvenir à leurs besoins, les bénéficiaires peuvent s’adresser aux Missions Locales de leur ville d’accueil. Partir… est ce accessible à tous ? Oui, les aides sont non négligeables, pour le voyage, l’installation, les frais de scolarité et pour vivre mensuellement.


Raymond OTTO, anthropologue
La Guadeloupe a perdu 100 jeunes par an, sur les 10 dernières années.
Les gens doivent réapprendre à entreprendre. L’entreprenariat était la règle, dans le passé. Mais le fonctionnariat a tué l’initiative économique.
C’est de notre faute ; faute collective (Etat, politiques locaux et individus). Le chômage localement est structurel ; c’est le résultat d’une volonté politique. L’argent public n’est pas investi pour développer l’emploi. Absence de PDI (Programme départemental d'insertion).
Qui sont les employeurs : 1-les services 2-Département et Région 3-Etat 4-80% d’artisans et d’entreprises individuelles. Mais les filières professionnelles ont trop longtemps été délaissées. Polynésie Française joue la préférence nationale. La Martinique applique la souveraineté.
Rien ne permet de donner la priorité aux travailleurs Guadeloupéens en Guadeloupe.
Est-ce que les salariés Guadeloupéens font peur ? Oui, à cause de leur rapport au travail (tradition de la fête, exigences… notamment la revendication de 200€ d’augmentation pour tous les salariés du privé).


Patrick JACOBY-KOALY, gérant « Grenn diri » production et père d’un sportif de haut niveau.
• Keshan, 19 ans, est en équipe de France de boxe anglaise ; en tant que tel, il doit s’entraîner régulièrement à l’INSEP. Son père estime qu’il n’est pas suffisamment aidé par les politiques. Terre de Champion… mais pas grâce aux élus ! Parce que lorsque les solutions sont ailleurs, les jeunes ont besoin d’être accompagnés. Ce n’est pas donné à tout le monde de partir évoluer à l’extérieur. Ce n’est possible que si les parents peuvent financer.
Keshan est aussi étudiant (information et communication)
• Par ailleurs, Patrick lui-même est partie en clan avec les autres jeunes de sa famille poursuivre son cursus à Créteil. A l’époque, « si tu ne partais pas, t’étais has been ». Ils étaient 7. Tous sont revenus faire leur vie en Guadeloupe, pour y fonder une famille et y élever leurs enfants.
Patrick n’a pas connu le chômage. Il s’est toujours démené pour atteindre ses objectifs… il a aussi fait des concessions, en acceptant des jobs qui ne correspondaient pas à ses attentes. Il n’a pas hésité à étoffer ses compétences, en voyageant, sous l’impulsion familiale. Les voyages enrichissent, forgent. La pratique de langues étrangères était aussi importante. Il ne faut pas s’imposer de limites ! Il faut croire en soit !
Revenir était une évidence… son but, aujourd’hui : passer le flambeau et jouer l’entraide, entre Guadeloupéens.


INVITÉS Skype :


Stéphanie SERAC, journaliste/animatrice « Tropique FM » (Paris). Son choix n’a jamais été de rester en Guadeloupe, coûte que coûte. Après avoir exercé en Guadeloupe, dans différents médias – où elle a été confrontée à la précarité de l’emploi et aux bas salaires – sur un concours de circonstances, elle est partie à la Réunion, où elle a été très vite intégrée, dans une radio à très forte audience. Après une période de travail acharné, elle a souhaité faire une pause et a pris une année sabbatique, pour voyager, fin 2015.


Amaëlle SIGISCAR, étudiante ERASMUS en Espagne. Elle a passé son BAC en Guadeloupe et est actuellement en formation d’ingénieur industriel (5ème année d’étude). Dès le départ, elle a souhaité partir, « pour voir autre chose ». Se destine à une carrière d’ingénieur, dans la logistique, ou ingénieur d’affaire. Envisage d’exercer, durant plusieurs années, à l’international, pour une vraie valeur ajoutée. La grande majorité de ses anciens camarades du lycée ont, aujourd’hui, quitté la Guadeloupe.
Reviendront-ils un jour ? Pour Amaëlle, ce n’est pas une priorité, ni un objectif. Tout dépendra de sa situation personnelle, du contexte et des opportunités.


Jean-Marie GRENIER, Responsable d’agences CRIT (1er acteur français du travail temporaire) en Ile de France.
CRIT met à disposition de ses clients, publics et privés, une gamme complète de services RH :
• Prestations de recrutement en CDI, CDD, travail temporaire
• Accompagnement
• Reclassement
• Formation
• Conseil
Il pourra échanger avec nous sur le fait que le phénomène de mouvement de populations, pour raisons professionnelles, touche tous les pays.
Il travaille en collaboration avec LADOM et, dans ce cadre, accueille des Guadeloupéens, des Martiniquais et des Guyanais notamment.
40% de ce public veulent retourner aux Antilles-Guyane ; les autres optent pour la région parisienne, ou le Canada… pour 100% d’intégration professionnelle, en Intérim (généralement très longues mission), CD2I (Contrat à durée indéterminée intérimaire), 30% de pré-embauche.
Pourquoi le marché de l’emploi local est si compliqué, pour nos jeunes  pas un problème de compétence, mais de formation. Les personnes ne ciblent pas des formations, en accord avec la réalité du marché local.

 

Soyons au rendez-vous ce samedi 19 mai 2018 à 17H50

 

 

Réalisation: Guadeloupe la 1ere

Production: Guadeloupe la 1ere

Genre: Talk

Présentation: Fabrice Fanfant

Fabrice Fanfant @nathalieGuyon

Durée: 60mn

Rediffusion: dimanche 20 mai 2018 à 08H00