Interview de Laurent Sauvage, directeur artistique de France 3

Les célèbres marmottes ayant tiré leur révérence à l'été 2021, France 3 change d'apparence avec de nouvelles mascottes. Désormais, ce seront Cot, Kot et Cotte, des petites poules soies un peu maladroites, qui habilleront l'antenne de France 3. 

Laurent Sauvage, directeur artistique de France 3, nous explique la transition des marmottes aux poules soies. 

 

Avant toute chose, que doit raconter un habillage ?

Un habillage doit raconter la marque pour laquelle on travaille, et donc en refléter les valeurs. En l'occurrence, la plus importante d’entre elles est la proximité, car France 3 est la chaîne de tous les territoires, y compris maintenant des régions d’Outre-mer. C’est la seule chaîne en Europe qui a une telle proximité géographique avec ses téléspectateurs. Au total, on compte 26 antennes de France 3. Mon rôle, en tant que directeur artistique, est d’y greffer d’autres valeurs : l’onirisme, comme une sorte de douceur de vivre, une poésie, ainsi que de l’humour, qui traduit la bonne santé de la marque ! Comme un réflexe pavlovien, la compréhension n’est pas immédiate, mais viendra avec le temps. 

 

Y aura t-il un crossover des marmottes et des poules pour faire la transition ? 

En réalité, ce crossover a pris la forme d’un teaser : un “au revoir” aux téléspectateurs. Une marmotte qui, comme Valéry Giscard d’Estaing en son temps, se lève, remercie la population pour son quinquennat et quitte la pièce au son des... caquètements. 

 

Vous attendiez-vous à un tel succès des marmottes ? 

Clairement non. Heureusement, un succès ne se commande, il arrive ou pas ! 

70 millions de vues, 41 prix internationaux, dont encore 3 la semaine dernière à New York et Los Angeles ; les marmottes ont eu un succès que l’on n’attendait pas, et surtout…un succès populaire ! Petite anecdote : la semaine dernière, j’ai reçu un mail d’un téléspectateur, qui se marie prochainement. Il a prévu de décorer la salle des fêtes avec des affiches des marmottes, sa femme en étant fan. Un exemple parmi d’autres ! Ce sont des engouements touchants. Depuis 4 ans, le professeur en cancérologie pédiatrique de l’hôpital Gustave Roussy constate que les enfants malades adorent nos marmottes, dont nous leur envoyons, depuis, le maximum d’images. Cette dimension “utile” de nos marmottes nous importe beaucoup. 

 

Les marmottes sont devenues l’ADN de France 3 depuis 5 ans et ont donc acquis une notoriété internationale. Vous attendez-vous à un même succès pour les poules ?

Aucune idée… Il y aura certainement au début un peu de déception de ne plus voir les marmottes. On ne peut guère maîtriser ni fabriquer un succès populaire ; il n’y a pas de recette. De notre côté, on a mis tout notre professionnalisme et notre amour dans la conception de ces poules. Mais, ce sont les téléspectateurs qui décident du succès ! 

 

Pourquoi rester chaque fois dans les bêtes ? Des marmottes, maintenant des poules… 

L’animal est en quelque sorte locataire de la marque France 3, puisque les animaux existent depuis 20 ans sur France 3. Il y a eu des poissons, des ours, des éléphants, des bonhommes de neige aux formes un brin animalières. Une tradition depuis 2001 que j’ai fait perdurer. Cela tenait de ma responsabilité et de mon rôle de poursuivre ce travail qui relève de la marque. 

 

Mais pourquoi des poules et pas un autre animal ? 

Originellement, nous souhaitions un animal que l’on “trouve partout” et qui soit, comme la marmotte, un animal français. La poule répond à ces deux critères. Elle incarne les territoires français, la popularité… D’autre part, la poule est extrêmement sympathique et attachante, que l’on aurait parfois tendance à qualifier d’un peu... “bête”. C’est tout de même un des rares volatiles qui ne vole pas ! (rires) Nous avons eu du flair car la poule connaît aujourd’hui un engouement énorme.

 

Les marmottes avaient ce côté “faux pas” ou parodique, qui faisait beaucoup rire… les poules joueront-elles sur cette même mécanique ? 

Les poules ne parodient pas. Les ressorts comiques sont ici davantage proches de ce que les anglais appellent le “offbeat”, qu’on traduit par le “décalé”.  Il leur arrive quantité d’aventures où le côté faux pas est omniprésent. 

 

Donc les séquences n’auront pas nécessairement de rapport entre elles... 

Exactement ! C’est juste une famille de trois poules, qui s'appellent Cot, Kot, et Cotte, trois prénoms a priori semblables mais avec des orthographes différentes (rires). Toutes les trois traversent la France : on les voit à la mer, au ski, et dans d’autres lieux bien reconnaissables des Français ! 

 

Un clip de marmottes représentait 6 mois de travail pour un clip de 13 secondes, donc un travail de longue haleine ! Est-on toujours sur ce même schéma pour les poules ? 

Oui, nous travaillons avec la même agence, Dream On, mais dans un studio différent. En France, on parle toujours de “french touch” musical concernant Daft Punk, Phoenix etc. Mais il existe une autre “french touch” extrêmement pointue, reconnue et célébrée à l’international : l’animation. Les Français excellent dans ce domaine. Ainsi, on a tendance à croire à tort que l’animation est américaine alors qu’elle est made in France ! Le film d’animation Les Minions est un bel exemple !

 

Là encore, avec les poules, on est sur quelque chose de toujours réaliste... 

Exactement, tout est dans l’hyperréalisme ! Les poules, comme les marmottes, n’effectuent que des mouvements qu’elles pourraient réellement faire. Les images ont beau être des images de synthèse, on est dans la “vraie vie” ! 

 

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