VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE
Commémorations du 13 novembre

Vous n’aurez pas ma haine

Documentaire - Dimanche 13 novembre 2016 à 20.50

Le journaliste Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène, dans les attentats du 13 novembre 2015. Le lendemain, il poste sur les réseaux sociaux un texte bouleversant qui va enflammer la Toile : « Vous n’aurez pas ma haine ! » Dans ce film, réalisé tout au long de l’année 2016, il part à la rencontre d’autres familles de victimes du terrorisme et raconte leur combat, son combat pour la vie.

EXTRAITS

Antoine (13 novembre 2015, 22 h 37) : « Hélène est au Bataclan… Je n’entends plus dans ma poitrine que mon cœur qui tente de s’échapper […] je sens une décharge électrique qui me traverse le corps. Je l’ai cherchée partout, dans chaque hôpital, son nom n’est sur aucune liste. À l’Institut médico-légal, je demande s’il reste des gens là-bas ; silence de l’employé : “Monsieur, il faut vous préparer au pire…” »

« Les premières semaines m’ont paru une vie entière, une vie de chagrin, avec Hélène qui n’est plus là, et Melvin notre fils qui grandit. »

 

Djamel (grièvement blessé à la terrasse de La Belle Équipe) : « Ce qu’on a vécu, c’était vraiment une scène de guerre, comme on n’en voit que dans les films ou dans des bleds en Afghanistan ou en Irak. […] Ça a tiré pendant cinq minutes, c’est énorme, ça a duré extrêmement longtemps. Tu penses à plein de choses : tes parents, ta famille proche, la mort, et ça dure, et tu regardes ton corps, tu vois du sang partout. À la fin, c’est encore pire, tu te relèves et tu vois les gens crier, des flaques de sang partout. »

 

Nicolas (présent au Bataclan avec Hélène) : « Je suis sorti de l’hôpital dimanche et mardi j’ai ouvert mon bar, mais au début je ne pouvais pas être seul, parce que dès que j’étais de dos je sentais des kalach derrière moi. […] Si j’ai de la haine ? Je ne sais pas. En fait, j’aurais tendance à en avoir […] je ne veux plus qu’ils reviennent, je ne veux plus voir un seul des “Daech men” […]. Je me fais des cinoches pas possibles, j’ai surtout peur, peur pour ma famille, mes amis, mon fils, peur de l’avenir. »

 

Aurélie (enceinte, elle a perdu son mari, Mathieu, au Bataclan) : « J’ai appris la nouvelle le samedi soir tard. Lundi matin, j’avais rendez-vous à la maternité et je me souviens d’avoir vu la vie à l’échographie et de m’être dit : “Ça, c’est encore Mathieu, allez on y va.” J’accueille des moments d’une infinie tristesse et en dehors de ces moments-là je suis complètement dans la vie […]. Je suis debout. J’ai pensé à cette phrase de La Boétie : “Ils ne sont grands que parce qu’on est à genoux” et je n’ai pas eu envie de leur faire ce plaisir-là… »

 

Fred (dessinateur de BD, était au Bataclan et s’est retrouvé allongé contre une inconnue) : « J’essaye de savoir qui elle est parce que c’est la dernière chose qui nous rattache à la vie. On sait qu’on va peut-être crever […]. Si à ce moment-là on ne fait pas preuve d’humanité l’un envers l’autre, il ne nous reste plus rien… et finalement raconter une blague complètement absurde à ce moment-là n’a pas moins de sens que de se retrouver sous le feu des mitraillettes en plein Paris pendant un concert. Moi, ça m’a fait rire pendant cinq minutes : être capable de raconter l’histoire du pingouin qui respirait par le cul, alors que tu baignes dans le sang d’un mort… »

 

Emmanuel (a perdu sa fille Élodie au Bataclan) : « On l’a appris le (lendemain) soir à l’École militaire. On était très nombreux dans le même cas. C’est incroyable, mais tout le monde est d’une dignité absolue dans ces cas-là. […] Quand on attendait pour savoir où ils étaient, il y avait un calme complètement incroyable. […] Depuis (sa mort), je regarde les choses un peu différemment, comme si j’avais rajeuni, en tout cas avec son œil. J’ai l’impression qu’une partie de moi est partie et en même temps j’ai quelque chose de nouveau en moi. »

 

Amaury (présent au Bataclan avec sa fiancée Isobel) : « Comment pouvait-on imaginer ça ? Quand le chaos a commencé, je n’étais pas à côté de ma copine. Elle a fait la morte un long moment au milieu de la fosse, avec les tueurs à proximité. Moi, je suis allé me réfugier rapidement dans les coulisses de droite. J’ai su par la suite que la tuerie a continué dans les coulisses de gauche. On a eu une chance inouïe. »

 

Programmation spéciale — Commémorations du 13 Novembre

COMMEMORATION DES ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE

Documentaire

Durée 70 min

Auteurs-réalisateurs Antoine Leiris et Karine Dusfour

Production Eclectic Presse, avec la participation de France Télévisions

Musique originale Emily Loizeau

Année 2016

Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview