François Hollande s'exprimant dans l'hémicycle
La Case du siècle

Les Flingueurs ou la violence en politique

Documentaire - Dimanche 13 mars 2016 à 22.25

La cruauté fait partie du combat politique. François Bayrou, Jean-Pierre Raffarin, Michèle Cotta ou Chantal Jouanno témoignent dans ce film, truffé d’archives drôles et pittoresques, qui propose de disséquer avec sérieux et humour la violence en politique, oratoire ou écrite.

« Mon père était un mulâtre, mon grand-père un nègre, mon arrière-grand-père un singe, vous voyez, monsieur le Député, ma famille a commencé là où la vôtre finit. » Depuis Alexandre Dumas, l’art oratoire qui fleure bon l’insulte appartient à la tradition de l’Assemblée nationale. Les phrases qui font mouche sont restées dans les mémoires et, d’une époque à l’autre, varient en degré d’agressivité. « En politique, la vraie violence est verbale », souligne la journaliste Michèle Cotta. Car, pour exister politiquement, il faut convaincre. Il y a les formules célèbres qui clouent l’adversaire sur place. À Valéry Giscard d’Estaing qui lui assène en 1974 : « Vous n’avez pas, M. Mitterrand, le monopole du cœur ! », le candidat socialiste répondra sept ans plus tard en le traitant d’« homme du passif ». Pourtant, « par rapport à ce qui se disait dans les années 1950, rappelle le journaliste Philippe Meyer, c’est de la roupie de sansonnet ! On attaquait les gens très personnellement, sur des choses extrêmement dures ».

Des attaques venant de tous bords

De nos jours, si le Front national détient la palme des propos outranciers, les échanges restent musclés entre majorité et opposition. « C’est souvent de la posture, explique le député républicain Jacques Myard. Après la violence des mots de l’hémicycle, on va boire un verre ensemble à la buvette et on s’explique. » Mais les attaques les plus violentes proviennent de son propre camp, à l’occasion le plus souvent de débats de société. Celles que subit Simone Veil en 1974, lorsqu’elle défend la loi pour l’IVG, sont d’une cruauté extrême. « Les attaques de vos adversaires politiques vous valorisent, souligne la sénatrice Chantal Jouanno, celles de votre propre camp sont là pour vous discréditer. » La misogynie ambiante dont cette dernière a été victime, comme la plupart des femmes, demeure une constante.

Mais les temps changent et « ce n’est pas un hasard si les principaux acteurs du jeu politique national aujourd’hui ne siègent plus à l’Assemblée nationale, précise François Bayrou. Le vrai débat politique se trouve sur vos écrans ! » Depuis 1974, date du premier débat télévisé, hommes et femmes politiques ont appris à jouer avec les codes du spectacle et à se servir des intervieweurs. Pour la journaliste Michèle Cotta, « l’élément le plus important, c’est sa façon de maîtriser le vocabulaire et de le tourner en dérision ». Les plus petits candidats savent user des éclats médiatiques pour faire entendre leur voix. Ainsi, aujourd’hui, tous cultivent l’art du tweet aux effets parfois ravageurs. « Je pense, s’inquiète Jean-Pierre Raffarin, qu’il y a là une forme d’accélération de la violence. »

Anne-Laure Fournier

Un parlementaire pianotant sur son smartphone.

Documentaire

Durée 52 min

Auteur-réalisateur Bertrand Delais

D’après le livre de Jacques Santamaria et Patrice Duhamel Les Flingueurs — Anthologie des cruautés politiques (Plon)

Production Nilaya Productions, avec la participation de France Télévisions et LCP-Assemblée nationale

Année 2015

 

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