ADOPTION, JE T'AIME ... MOI NON PLUS
Le Monde en face

Adoption, je t’aime… moi non plus

Documentaire - Mercredi 25 octobre 2017 à 20.50

Les chiffres sont secrets et tabous en France : officiellement, seulement 2 % des adoptions sont vouées à l’échec. Mais, officieusement, les spécialistes parlent plutôt d’un cas sur dix… De façon sobre et claire, ce documentaire dévoile les histoires déchirantes et poignantes d’enfants avec leurs parents adoptifs. Ou comment parfois l’amour ne suffit pas à effacer les souffrances du début de la vie.

Ce sont sept histoires de familles : chacune est différente et reflète une des nombreuses facettes de la réalité de l’adoption. Jeunes adultes adoptés et parents adoptifs d’enfants adolescents ou déjà grands, seuls ou ensemble, ils témoignent dans un décor neutre et chaleureux, toujours le même.
Les uns et les autres ont accepté de dérouler le fil de leur aventure particulière, avec pudeur et sincérité. Le recul des années passées donne à comprendre ce qui n’a pas permis ou a rendu si difficile la construction du lien parental et filial.
Les visages sourient et les yeux pétillent au souvenir des jours heureux, mais lorsque surgit celui du moment où tout a basculé, ceux où la souffrance, omniprésente, les a submergés de façon profonde et brutale, la voix tremble et les yeux s’embuent… Des chemins de vie longs et tortueux, où la séparation fut parfois l’unique moyen de mettre fin aux violences et de mieux se retrouver plus tard, apaisés et enfin heureux.
Avec le temps, malgré les épreuves, les larmes et les cris, malgré le renoncement et le découragement, parents et enfants ont appris à dépasser douleur, incompréhension et rejet pour se réconcilier avec eux-mêmes et finir par fonder une véritable famille.
« C’est toi et c’est tout, dit aujourd’hui Sonia à Nathalie. T’es ma maman, maintenant. »

Anne-Laure Fournier

Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d’Encausse recevra des invités experts pour un débat sur le plateau du Monde en face.

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HISTOIRES D’ADOPTION

Sonia et NathalieSonia, 26 ans, a été accueillie par sa mère, Nathalie, lorsqu’elle avait 16 mois. En Inde, abandonnée par son père après la mort de sa mère biologique, elle refuse de se nourrir et cesse son développement psychomoteur. « Ça a été très, très compliqué, tout de suite. » Dès le début, elle repousse Nathalie : « Pour se rencontrer, il faut le vouloir. Moi, j’avais vraiment envie de rencontrer cette enfant… Alors que Sonia, elle, aurait peut-être bien voulu, mais elle ne pouvait pas. » En grandissant, Sonia s’isole de plus en plus et rejette sa mère : « Je voyais que la grande sœur et maman étaient liées et complices. C’était très difficile… J’avais l’impression que c’était moi qui étais en trop. » Nathalie finira par demander le placement de sa fille adoptive : « Cela a été extrêmement difficile de se faire rejeter par son enfant… L’image que ça renvoyait, c’était qu’on n’était pas de bons parents. »

Paulette et Jean-Michel, qui avaient déjà deux garçons, rêvaient d’adopter une petite fille. Ce sera Grégoire, 8 ans, né en Colombie. Un enfant confronté très jeune à la violence chez sa mère biologique, qui a décidé de la quitter pour vivre dans la rue. Avec ses parents adoptifs, le quotidien se révèle très difficile ; il les pousse dans leurs limites. « Je crois que cette période difficile a duré douze ans, se souvient Paulette. On s’est trouvés face à une situation qu’on ne savait pas gérer… Au fur et à mesure, il avait une attitude de refus total de l’autorité… Avant lui, je n’avais jamais crié… J’ai vraiment pensé à certains moments qu’on avait gâché notre vie. »

Barbara, une jeune femme adoptée à 4 ans au Chili, a vécu son adoption par un couple de Français comme un arrachement à son orphelinat et à sa nounou. « Je dormais beaucoup, et quand je me réveillais, je hurlais. Je me cachais tout le temps… je voulais disparaître, pour ne pas être trouvée, prise. » Elle connaîtra une enfance difficile : « Avec ma mère, c’était très conflictuel, parce que je pense aussi que ses raisons n’étaient pas que de bonnes raisons. » Barbara s’inflige des violences et tente même de mettre fin à ses jours : « Vous devenez un monstre qu’on a voulu aider et qui en est incapable. » Aujourd’hui, elle est reconnaissante à ses parents de l’avoir éloignée : « La chose la plus sage qu’ils aient faite, c’est de passer le relais. »

Anna, 44 ans, est une enfant de la Ddass, brinquebalée depuis l’âge de 5 mois d’une famille d’accueil à l’autre. Elle est adoptée à 4 ans et demi : « Dans ma tête, ce n’était pas définitif, puisque rien n’était définitif. » Elle grandira avec la peur d’être ramenée à la Ddass, allant jusqu’à fuguer, convaincue que personne ne la cherchera. « J’étais tellement persuadée qu’on ne m’aimait pas… »

Marianne et Damien ont adopté Théo, 16 ans, à l’âge de 2 ans, en Russie. Au bonheur d’être parents de ce petit bonhomme qui les a charmés dès la première rencontre succédera la détresse de découvrir un jour qu’il est handicapé mental : « C’est un immeuble qui tombe sur la tête, ça fait très, très mal. »

Claudia et Louis sont les parents de Paola, 17 ans, et de David, 14 ans, qu’ils ont adoptés respectivement à 6 ans et 4 ans en Colombie. Les mauvais traitements reçus chez leur mère biologique ont laissé des traces indélébiles. La violence de Paola devient un enfer pour ses proches, particulièrement pour Claudia, qui sombre dans la dépression. « Ce qui est dur pour moi, c’est que je réagissais violemment par rapport à sa violence. C’est plus fort que soi… » Paola sera placée par les services sociaux après l’avoir frappée. « C’était comme une délivrance. » Aujourd’hui, ses parents ne la voient plus que deux fois par mois.

Sacha, 16 ans, adopté à 2 ans en Ukraine, et Dimitri, 19 ans, à 18 mois en Bulgarie, sont frères et très attachés l’un à l’autre, comme à leurs parents. Dimitri se souvient pourtant des crises de pleurs dans son lit plus jeune : « Le fait d’avoir été abandonné, pour moi, c’est une douleur, une cicatrice… C’est le fait aussi d’oublier quelque part une partie de soi-même. »

Documentaire

Durée 73 min

Auteure-réalisatrice Stéphanie Malphettes

Production Morgane Production, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

 

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© Morgane Production

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