Bertrand Cadart
Itinéraires

In Memoriam Party

Mardi 12 mai 2020 à 20h00 - Sur NC la 1ère

Nouvelle Calédonie la 1ère présente un film inédit ! Non seulement parce qu’il n’a jamais été diffusé mais également par son contenu. C’est bien la première fois que nous allons voir une personne organiser son enterrement de son vivant. Les américains appellent çà le « living wake » Bertrand Cadart, le truculent « French Mayor » australien s’en est inspiré ! Il était apparu pour la première fois sur nos écrans en 2008, grâce à un documentaire « Itinéraires » réalisé par Damien Ordas, Claude Bretegnier et Laurent Chenas. Depuis, l’émission « Terre de mémoires », Tf1 et le quotidien anglais « The examiner » se sont emparés de ce personnage flamboyant.

Pour l’heure, ne manquez pas ce rendez-vous incontournable empreint d’humilité et de philosophie.

On l’appelait le « French Major ».

Pendant prés de 20 ans il a été le français le plus connu en Australie, le plus truculent, le plus excentrique et le plus flamboyant. Mais aujourd’hui, âgé de 70 ans, Bertrand Cadart est malade. Il est condamné. Il le sait.

Entouré de sa famille et de ses fidèles amis, calédoniens et australiens, il se prépare à mourir. Pour eux, et pour « fêter sa Vie », Il organise ses obsèques et une veillée pas funèbre. Petit détail, cette cérémonie d’adieu aura lieu de son vivant. Au programme de cette dernière « party » : philosophie, joie et facéties…

Réalisation : Gwenaëlle des Cognets et Pierre Quatrefages

Production : P4.nc et Nouvelle Calédonie la 1ère

Durée : 52 minutes

Crédit photos : p4

Diffusion : Mardi 12 mai 2020 à 20h00

Entretien avec Pierre Quatrefages, réalisateur

Qui ne s'est pas déjà posé de questions sur sa propre mort ? C'est le point du départ du film de Gwenaëlle Des Cognets et Pierre Quatrefages. 

Entretien avec le réalisateur Pierre Quatrefages.

  • Dans quelles circonstances avez-vous connu le personnage Bertrand Cadart ?

Il y a une dizaine d’années, Claude Bretegnier avait réalisé un documentaire sur son grand ami Bertrand, alors qu’il était maire d’une commune de Tasmanie. Claude m’avait montré son film, et ce « French Mayor » m’avait marqué.
Il y était flamboyant, truculent et cocasse, philosophe et rebelle.
Le personnage m’avait séduit.
Claude Bretegnier nous a donc présenté Bertrand lors de son dernier passage à Nouméa.
Bertrand nous a expliqué qu’il était malade et condamné à mourir dans l’année. Mais il avait un projet : organiser une veillée funèbre pas funèbre, puisqu’elle se ferait de son vivant.
Par ailleurs, il avait besoin qu’on filme cette cérémonie pour laisser un souvenir à son petit fils de trois ans.
Gwenaëlle des Cognets et moi même avons tout de suite pensé que cette histoire était digne d’être racontée.

  • Comment est venu le projet pour Bertrand Cadart de mettre en scène ses obsèques ?

Se sachant mourant, il avait déjà acheté son cercueil (rouge et en carton), et il l’avait installé dans son salon, ce qui l’amusait beaucoup.
Il avait aussi choisi sa place au cimetière et trouvé sa pierre tombale (qui ne ressemble pas du tout à une pierre tombale !), et l’avait posée dans son jardin. C’était déjà orignal.
Entre temps, sa fille, Anne-France, a découvert que certains californiens faisaient des veillées funèbres de leur vivant. Bertrand a été conquis par l’idée.
Et pour sa fille, c’était l’occasion de rendre hommage à son père, de célébrer sa vie, et lui montrer, ou plutôt, lui démontrer, combien il était aimé par sa famille et ses nombreux amis.

  • Comment éviter dans une telle situation, les pièges du voyeurisme ?

D’abord, je déteste le voyeurisme. Mais ce piège a été facilement évité grâce à la personnalité de Bertrand.
Nous l’avons côtoyé  et filmé sur une période de  huit mois, et à chacun de nos passages nous vivions chez lui, dans sa maison. C’est dire que nous partagions sa vie, du réveil au coucher. Au delà du personnage un rien facétieux et iconoclaste, nous avons découvert « Bertrand ». Un homme très pudique, respectueux et délicat.
Nous avons essayé de traduire ça dans le film.
Et puis, ce documentaire n‘est pas seulement le portrait de Bertrand à la fin de sa vie. Nous voulions que ce film interroge le spectateur sur notre rapport à la mort.
Même si l’idée de cette veillée funèbre peut choquer au premier abord, tous les participants se sont interrogés et nous on dit « faire comme Bertrand ? et pourquoi pas ».

Nous nous sommes dit la même chose…

  • Bertrand Cadart tient un propos philosophique sur sa propre mort au travers de ce film, y-a-t-il eu des moments plus difficiles pour lui ?

Je n’ai jamais vu Bertrand s’apitoyer sur son sort, ou se plaindre. Il voulait rester digne. Malgré la fatigue ou l’épuisement que provoquait son cancer. Il considérait qu’il était « chanceux » de savoir quand il allait mourir, « c’est un privilège » nous disait-il. Il me souvient néanmoins, que lorsque nous le filmions en train de jouer avec son petit fils, il nous a dit que son seul regret serait de ne pas le voir grandir.

Et après il s’est tu pendant plusieurs longues minutes...

  • Quelle relation entretenait-il avec la Nouvelle-Calédonie ?

Bertrand Cadart était amoureux de la Calédonie. Il avait découvert le « caillou » pendant de son service miltiaire, et s’y est fait des amis pour toujours. Ils étaient tous là pour la « In Memoriam Party ». C’était très touchant de les voir se retrouver.

Pierre Quatrefages et Gwenaeëlle des Cognets

L'histoire du personnage

Bertrand Cadart

Il y a une cinquantaine d’années, le jeune picard Bertrand Cadart débarque en Nouvelle Calédonie pour y faire son service militaire.
Il succombe aux charmes du caillou et noue des amitiés indéfectibles avec une poignée de calédoniens.
Comédien puis journaliste à Europe1, il revient dans le Pacifique et tente l’aventure australienne…
D’abord animateur radio à Melbourne, il fait  ensuite tous les boulots. Il devient, entre autres, le designer des motos du premier Mad Max, et y obtient un rôle.
Il se marie et a deux enfants.
Après une vie de bohème et moult péripéties, il est élu maire d’une petite ville de Tasmanie.
Il est le premier et unique maire d’origine française en Australie.
Un exploit.
Son gout pour la bonne chair, ses nœuds papillons improbables et sa bonhomie le rendent populaire, tandis que son audace bouscule ses tranquilles administrés.
Il est truculent, excentrique et flamboyant, et avec ses bacchantes, son bagout et ses « bécanes », il attire les médias et devient l’incontournable « French Major ».
Pendant une décennie, il fait la Une des magazines et quotidiens australiens, et des reportages et des documentaires lui sont consacrés en France comme en Calédonie.
Bertrand s’en étonne et s’en délecte.
A la fin de ses mandats de maire et alors qu’il briguait une députation, Bertrand Cadart apprend qu’il est malade.
Il a une leucémie particulière et incurable.
Les médecins sont formels, il ne lui reste qu’une année à vivre, pas beaucoup plus.

Il a 70 ans.
Il est condamné.
Il le sait.
Il le ressent, parfois.

Mais pour Bertrand, « tant que l’on a pas rendu son dernier souffle, on a pas dit son dernier mot ! ».
Il ne veut pas subir sa mort, alors il va l’organiser.

Stéphanie Moulin
Responsable de Projet et d'Actions de Communication Nouvelle Calédonie la 1ère