Itinéraires
Nos corps meurtris
Mardi 13 juillet 2021 à 20h00
Sur NC la 1ère
En Nouvelle-Calédonie, le format XXL est pratiquement la norme. Les rondeurs sont preuves de bonne santé et de puissance. « Moi, c’est fort », comme on dit ici.
Aujourd’hui, ¾ de la population calédonienne est en surpoids et plus de la moitié, obèse.
Au-delà de l’aspect physique, l’obésité endeuille les familles, brise des vies avec le handicap et la maladie, impacte irrémédiablement chaque strate de la société calédonienne (économie, famille et institutions).
Mais combien de temps et de drames faudra-t-il pour une prise de conscience collective ?
Le mot de la réalisatrice
Emilie Baptiste
Ancré dans la culture et l’environnement océaniens, le documentaire de 52 minutes « Nos corps meurtris » met en évidence les drames silencieux, qui se jouent chaque jour, chez nous.
Ce film st un cri d’alerte autant qu’un cri d’amour pour ces hommes et ces femmes, beaux, attachants mais en danger de mort.
Ce film suit des calédoniens touchés par les maladies liées à l’obésité afin de mieux comprendre leurs souffrances, leurs difficultés quotidiennes et leurs espoirs. Lors du tournage, j’ai été étonnée d’apprendre par les soignants qu’environ 40 % des personnes obèses ont subi des violences. L’obésité est aussi une réaction à un environnement difficile.
Le film donne également la parole aux soignants qui accompagnent ces malades. Le documentaire évoque l’engagement et parfois le désespoir du personnel médical face à cette maladie.
Les causes de l’excès de poids sont complexes et regroupent de multiples facteurs : sociaux, économiques, physiologiques et environnementaux.
Contrairement aux idées reçues, beaucoup de personnes obèses ne manquent pas de volonté, bien au contraire.
Elles luttent en multipliant les régimes. Elles font du sport comme leur recommande leur médecin mais avec leur surpoids, elles détériorent leurs articulations.
Alors, elles culpabilisent, enchaînent les échecs et les frustrations.
Éprouvant cercle vicieux…
L’obésité est une maladie de nos vies modernes liée à la malbouffe, au stress et à la sédentarité.
Les Océaniens, qui ont subi de plein fouet ce changement brutal de société et de rythme de vie, payent aujourd’hui un très cher tribut.
Dans mes cercles professionnels et personnels, je connais beaucoup de calédoniens qui ont perdu un proche en raison de différentes pathologies liées à l’obésité.
Le plus choquant pour moi : aucun d’entre eux ne fait la corrélation entre le décès de leur parent et le poids de celui-ci. Et aucun chiffre officiel pour appuyer ce constat.
L’omerta est de mise…
Avec Nos corps meurtris, j'ai souhaité réaliser un film engagé et humaniste qui donne la parole à ceux dont le destin a été brisé et aux soignants qui essayent de faire changer les choses.
Aujourd’hui, la plupart des Calédoniens ne mesurent pas les conséquences sur leur santé, ni l’impact sur l’économie du pays, de leur surcharge pondérale.
A ma toute petite échelle, j’aimerais participer à l’éveil des consciences car il existe un déni collectif qui représente un frein majeur au changement.