Nicky Doll évoque la saison 3 de Drag Race France

Interview

Drag Race France connait un succès international et est l’une de franchises les plus suivies de l’émission. Les attentes d’un tel public sont-elles une cause de pression supplémentaire ? 

Pour être honnête, avant de commencer le tournage je me mettais énormément la pression. Je me suis demandé comment nous allions surpasser le carton de la saison précédente. Nous avons accueilli les nouvelles reines en leur faisant de la place sans oublier les anciennes. 

Chaque saison est unique, mais le talent incontesté des reines françaises est toujours au rendez-vous. Je suis très fière de cette saison 3 et je pense que le public va l’adorer pour ce qu’elle est, sans comparaison.  

Peux-tu nous parler de votre fierté à contribuer à mettre en avant l’art du drag, d'autant plus sur le service public ? 

Il y a 3 choses dont je suis particulièrement fière. 

Je suis fière de voir mon pays s’ouvrir, s’éduquer et faire de la place à beaucoup plus de bienveillance dans la vie et sur les écrans. 

Ensuite, je suis fière de voir des artistes se révéler et vivre de leur art après Drag Race France. Toutes nos reines connaissent un franc succès après l’émission. 

Finalement, de manière un peu plus égoïste, je suis fière de ma revanche sur la vie. Quand j’ai commencé le drag, Drag Race n’existait pas, j’avais l’impression d’être toujours mise de côté, regardée de haut et de ne pas être payée à ma juste valeur. C’était une période difficile. Maintenant, j’ai une armée derrière moi, je peux placarder des portes et dire que le drag fait partie de notre culture, que nous avons notre place. Je dors très bien le soir.

 

"Puis je me suis rendu compte que j’avais toujours en moi cette effervescence et que je pouvais l’utiliser bon escient, pour faire passer un message."

 

Drag Race France, Les voyages de Nicky, l’Eurovision... vous êtes-vous découvert une passion pour l’animation et le monde de la télévision ?  

Petit, j’ai toujours su que j’étais fait pour la scène. Je voulais parler aux gens, les divertir, faire le pitre avec un micro. Je suis incapable de rester sérieuse deux minutes.  

Transposer cet aspect de ma personnalité face à une caméra et sans public, je ne l’avais pas imaginé. Puis je me suis rendu compte que j’avais toujours en moi cette effervescence et que je pouvais l’utiliser bon escient, pour faire passer un message. Je m’éclate et je pourrais faire ça toute ma vie.  

Drag Race France est un programme très fédérateur, les fans organisent des watch parties, des queens se rencontrent, on trouve beaucoup de répercussions concrètes, est-ce touchant à voir ?  

Je suis émue car plus jeune, Drag Race était un plaisir solitaire et interdit pour moi. J’achetais les épisodes de Drag Race US Saison 1 sur iTunes. Maintenant, je vois des bars à Amiens, La Rochelle et Dunkerque qui organisent des événements pour suivre nos reines.  

Nous avons toujours vécu dans des cultures – et je le dis sans aucune animosité - hétérosexuelles : il y avait du basket, du rugby, du foot et de la natation. Là, nous avons nos propres mascottes. À leur manière, les queens vont même participer aux JOP 2024 avec un épisode spécial. Il faut voir le drag comme une compétition sportive où des artistes complets s’affrontent. 

Ma fierté ultime est que nous sommes une franchise internationale. Les personnes non francophones sont tellement subjuguées qu’elles lisent les sous-titres pour suivre la franchise. Le talent n’a pas de langue et n’a pas besoin d’être entendu. Le drag et l’art sont universels.

Propos recueillis par Lucile Canonge.

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