LE DIVAN

Le Divan de Marc-Olivier Fogiel

Elie Semoun
Magazine - Inédit - Mardi 23 mai 2017 à 23.15

Élie Semoun a accepté de prendre place sur le divan de Marc-Olivier Fogiel. Au fil des confidences se dévoile un humoriste proche du clown triste… Explications.

« Quand on est artiste, on va chercher au fond de soi. Au fond de moi, il y a de la solitude, de l’abandon. Dans Les Petites Annonces, mes spectacles, le dénominateur commun, c’est la solitude. » Élie Semoun

Il avoue avoir mal dormi la veille de l’émission et passé près de deux heures, le matin même, à jardiner. Dans son havre de paix et de verdure, il crée des tableaux végétaux pensés, travaillés à la perfection. Attentionné, il l’est, autant que passionné pour ces 800 mètres carrés qu’il se plaît à entretenir depuis plusieurs années. Quelques sculptures et trois ruches complètent le décor. La maîtrise est de mise, pas d’herbes folles ou de plantes à l’abandon.
Un homme qui contrôle son jardin comme il semble contenir sa vie ou ses sentiments, tel est le portrait qui se dessine d’Élie Semoun aux premières minutes du Divan de Marc-Olivier Fogiel. Il l’admet d’ailleurs : « Dans la vie, c’est très difficile de lâcher prise. » Peu, sans doute, iront le contredire. S’il lui arrive de se dissiper pendant les répétitions de ses spectacles, ça ne dure jamais trop longtemps.

Comme certains écorchés, il s’est forgé une armure « en béton armé » qui peine à se fendre mais dont il laisse entrevoir l’origine. Au départ, il y a un garçon, aîné d’une fratrie, qui fait sa rentrée en sixième juste après avoir perdu sa mère, emportée en quelques semaines par une hépatite B. Trois enfants de 11, 10 et 5 ans à qui on a caché la gravité de la maladie de leur mère et qui n’ont pas eu la possibilité de lui dire adieu. Autant de regrets, de gestes, de mots non prononcés ou non entendus qui lui pèsent encore aujourd’hui. « Pendant des années, j’ai cru qu’elle était encore vivante. Je la voyais partout. » À l’inverse de son frère Laurent, décédé depuis, il dit s’en être plutôt bien sorti – pas d’autodestruction, d’alcool ou de drogue – tout en reconnaissant son incapacité au bonheur. « On est dérangé par le bonheur. Être malheureux, c’est parfois plus facile que d’être heureux. »

Marc-Olivier Fogiel sait trouver les mots pour délester son invité de la douleur qui l’emprisonne, qui l’empoisonne. Pas de larmes pour autant, juste un trop-plein de brillance sur ses pupilles. Se maîtriser encore et toujours. Et poursuivre le récit d’une vie de saltimbanque à succès où l’ego fut trop longtemps omniprésent. Il évoque le manque d’empathie à l’annonce de la maladie de son frère Laurent ou après la naissance de son fils, Antoine, grand prématuré. Ce qui ne l’a pas empêché d’accompagner ce frère cultivé, intelligent, sachant manier les mots avec brio jusqu’aux portes de la mort. Pour Antoine, il dit s’en vouloir de prendre autant de place. Il n’est jamais aisé d’être « fils de » ou « fille de », quelle que soit la notoriété de ses parents. De son ex-femme ou de ses compagnes, il parle ouvertement. Difficile de partager sa vie, sa notoriété, d’aimer et de se laisser aimer.

Élie Semoun parvient à mettre des mots sur ses maux, admettre ne pas supporter l’abandon de ses coéquipiers de scène que furent Dieudonné et Franck Dubosc. Pas une once de jalousie dans son propos, seulement l’omniprésence du manque. Au soir de sa première sans Dieudonné, il s'est senti seul sur scène. « C’est un mec qui a besoin des autres pour créer. C’est un gars du ping-pong », explique Manu Payet. On pourrait ajouter que, depuis la perte de sa mère, l’angoisse de se retrouver orphelin est ancrée en lui. Il continue d'ailleurs de voir le monde avec ses yeux d’enfant, car, dit-il, « la réalité lui fait peur ». Il s’est créé une multitude de personnes plus ou moins fréquentables, qui lui offrent l’occasion de dénoncer certains travers de notre société. Et d’avouer, avant de conclure l’émission, qu’il aime les comédies italiennes pour leur férocité et leur drôlerie, au point de s’atteler aujourd'hui à l’écriture d’un film qui en reprend les codes. Histoire à suivre...

C.R.

Magazine
Proposé par Rachel Kahn et Marc-Olivier Fogiel
Inspiré de l’émission Le Divan d’Henry Chapier
Présenté par Mar-Olivier Fogiel
Réalisé par Nicolas Druet
Produit par LAG Presse, Et la suite productions et France 3
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