LA SMALA S'EN MELE

Michèle Bernier, l'irrésistible

Documentaire - Inédit - Vendredi 24 mars à 20.55

Femme de caractère à succès dans « La Stagiaire » sur France 3, depuis plus de trente ans, Michèle Bernier s’est taillé une place sans équivalent à la télévision, au théâtre, au cinéma et plus généralement dans l’univers de la comédie et de l’humour. Mêlant archives et témoignages de ses partenaires, de ses proches et de sa famille, Marie-Christine Gambart lui consacre un portrait intimiste.

Cela commence, à l’instar d’une belle poignée d’autres, au fameux Théâtre de Bouvard, pépinière et tremplin incontournable au tout début des années 1980 pour les jeunes humoristes. Elles sont trois. « Existe en trois tailles », précisera bientôt leur premier spectacle : une grande (très grande), Michèle Bernier ; une petite (très petite), Mimie Mathy ; entre les deux, Isabelle de Botton. Dans un univers où le « beau sexe » n’est pas majoritaire, c’est le moins qu’on puisse dire, « les Filles » inventent un certain humour féminin, décomplexé, potache, un peu trash, passant au crible l’époque et ses petitesses – les rapports entre hommes et femmes, la dictature du paraître, les régimes alimentaires... –, et d’autant plus percutant qu’elles ne s’épargnent pas elles-mêmes.
Tout le monde ne le sait pas encore, mais Michèle Bernier a de qui tenir. Elle est la fille de Georges Bernier, plus connu sous le pseudonyme de Professeur Choron, l’un des principaux agents provocateurs de la Ve République. Dans Hara-Kiri, fondé en 1960 avec ses amis Cavanna, Reiser, Wolinski, Cabu..., puis dans Charlie Hebdo, créé en 1970, il utilise le rire, l’irrévérence, le mauvais goût, l’absurde, la scatologie comme armes de subversion massive. L’enfance de Michèle Bernier est un mélange d’éducation bourgeoise – appartement dans le XVIe arrondissement, équitation, danse, etc. –, de liberté, d’excentricités, de manque d’argent, de saisies d’huissier, de censure et de fêtes dans les bureaux du journal, en compagnie de ses « tontons » (ses « tontons flingués », comme elle les appelle désormais, depuis la tuerie de janvier 2015). Bien des années plus tard, à la question « Que pensez-vous lui avoir appris ? », Choron répondra : « Rien. À se démerder toute seule. »
Du rire, donc. Mais aussi des larmes. En 1985, Odile, la mère de Michèle Bernier, à laquelle la liait une relation fusionnelle, se suicide, à 51 ans, le jour de la Fête de la musique. Les épreuves – la mort de sa mère, celle de son père, en 2005, sa séparation d’avec son compagnon, Bruno Gaccio, rencontré au Théâtre de Bouvard... –, elle en fera la matière de nombreux sketches. Car, dans les années 2000, elle se lance en solo. Sur les planches, elle se met en scène telle qu’elle est, une femme qui assume ses rondeurs (« Depuis mes 15 ans, j’ai dû perdre 3 000 kilos ! ») et préfère rire et faire rire de l’âge, de la fin de l’amour, de la mort, de la cinquantaine, de la ménopause ou encore de la mammographie. Le Démon de midi ou Et pas une ride !  font salles combles à Paris et dans toute la France durant des années... sans pourtant susciter vraiment la reconnaissance de la profession. Aux cérémonies des Molières, les prix reviennent à d’autres. Du côté du grand écran, malgré une foule de petits rôles, malgré Claude Lelouch qui lui offre plusieurs rôles importants, on semble embarrassé par son physique. La consécration viendra donc plutôt du côté du petit écran, qu’elle n’a jamais quitté depuis les années 80. Les séries La Smala s’en mêle sur France 2, puis La Stagiaire sur France 3, où elle incarne des mères de famille entières, fortes têtes et débrouillardes, l’ont installée aux yeux du public comme une personnalité attachante et populaire. On attend la suite...

C.K.G.

Un film de Marie-Christine Gambart
Une production Elephant Doc
110 min

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