Serge Atlaoui ©Romeo Gacad / AFP

SERGE, CONDAMNÉ À MORT

Documentaire - Inédit - Jeudi 2 novembre 2017 à 23.25

La vie de Serge et Sabine Atlaoui a basculé en novembre 2005, avec l’arrestation de Serge, alors que celui-ci effectuait une mission de maintenance dans une usine à Jakarta. Cette usine servait de couverture à un trafic d’ecstasy. Un an et demi plus tard, il est condamné à mort. Lorsque, en février 2015, le nom de Serge Atlaoui apparaît sur une prochaine liste d'exécutions, Sabine jette toutes ses forces dans la bataille pour le sauver.
Entre l’Indonésie et la France, la réalisatrice Christine Tournadre a filmé pendant dix ans Sabine dans son combat pour faire libérer Serge. Grâce à cette relation de confiance construite au fil des ans, la réalisatrice a pu s’immiscer au plus près de cette descente aux enfers vécue par le condamné, sa femme et leurs proches.

« Lorsque j’ai basculé dans cette aventure, je n’imaginais pas qu’elle s’étire sur dix ans. Comme Sabine, j’ai d’abord voulu croire à une issue possible dans un "délai raisonnable". Puis l’affaire s’est enlisée. La machine judiciaire indonésienne a monté des herses autour de Serge. Et j’ai filmé : le combat de Sabine, sa vie de femme de condamné à mort, la naissance de leur fils Yasin conçu en prison, sa vie de mère, les soutiens qui peu à peu se sont tissés ici et là-bas…
Au cours de cette tragédie, filmée sur la durée, quelque chose s’est construit et a grandi au cœur de la bataille. Derrière ma caméra, j’ai vu Sabine changer au fil des années : la jeune amoureuse fragile s’est muée en une militante inconditionnelle contre la peine de mort. Elle a réussi à vaincre l’indifférence générale et à mobiliser progressivement les associations, les autorités françaises, les médias…
Puis, brusquement, début 2015, l’inimaginable s’est produit. Serge a été inscrit sur une liste d’exécutions aux côtés de huit autres étrangers. Dès lors, j’ai été embarquée dans un maelström émotionnel : réunions de crise à l’Élysée ou au sein de la cellule spéciale montée chez ECPM (Ensemble contre la peine de mort), parodie de procédures judiciaires à Djakarta, matraquage médiatique en Indonésie, effroi de Sabine, terreur de Serge... Dans cette tourmente invraisemblable, Serge, désespéré, m’a confié son "testament", les derniers mots qu’il voulait léguer à ses proches.
Avec le soutien de ma production, j’ai pu couvrir les événements qui se sont déroulés simultanément à Paris et à Jakarta. Pendant cette période située entre février et mai 2015, la famille de Serge, ses proches, son avocat, et bien sûr le condamné lui-même, ont vécu des moments d’une violence insoutenable. Or, cette violence, c’est une famille française qui l’a subie et continue de la subir, trente-six ans après l’abolition de la peine de mort en France.
Aujourd’hui, la majorité des Français ne semblent plus remettre en question cette avancée considérée comme un progrès démocratique. Pourtant, la peine de mort ne recule pas dans le monde, au contraire. En 2015, Amnesty International a recensé 1 634 exécutions dans 25 pays à travers la planète, un pic historique qui n'avait plus été atteint depuis 1989. 

Je ne connais pas encore l’épilogue de cette histoire, mais j’en connais la trame fondamentale. Je sais que, le 28 avril 2015, Serge a échappé à une mort injuste grâce à la détermination farouche de sa femme et de tous ceux qui se sont élevés à ses côtés contre la barbarie que représente la peine capitale. De nouvelles exécutions sont encore annoncées en Indonésie. Le combat doit se poursuivre… Je souhaite de tout cœur que ce film puisse œuvrer dans ce sens. »

Réalisation et images Christine Tournadre
Produit par Anne Labro
Montage : Audrey Maurion
Une production Compagnie des Phares et Balises 
Avec la participation de France 3, France 3 Lorraine, L'Heure D, Docs interdits, et de Public Sénat
Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée, de la PROCIREP – Société des Producteurs et de l’ANGOA et de la Région Grand Est, en partenariat avec le CNC.

 

Ensemble contre la peine de mort, une association au plus proche de Serge et de Sabine

Au service de l’abolition universelle de la peine de mort, ECPM  a pour mission de structurer le mouvement abolitionniste mondial, de plaider pour l’abolition auprès des plus hautes instances, d’éduquer à l’abolition et d’être au plus proche des condamnés à mort. En 2015, ECPM a lancé la campagne « Sauvons Serge Atlaoui et les autres condamnés à mort en Indonésie ». Il s’agissait alors de mobiliser les médias et la société civile sur la situation peu connue de Serge, ainsi que d’assurer la coordination avec la défense et la diplomatie française. Aujourd’hui, ECPM est toujours au côté de Sabine, de Serge et des autres condamnés à mort en Indonésie.

Sabine Atlaoui © Ulet Ifansasti / Getty Images

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