De l’encre sous la peau

Longtemps réservé aux marginaux et aux rebelles, le tatouage s’est démocratisé ces dernières années. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’apercevoir, au hasard d’une manche qui se relève ou d’un pull qui remonte, les contours d’un dessin indélébile. En France, une personne sur dix est tatouée, et le chiffre monte à un sur cinq chez les moins de 35 ans. Que signifie cet engouement pour les marquages corporels, pourtant aussi vieux que l’humanité ? Que dit ce changement de regard et de mentalité vis-à-vis de cette pratique sur notre rapport au corps ? Dans ce film, des hommes et des femmes racontent la façon dont ils se sont approprié le tatouage, tout en le réinventant pour un usage plus intime et plus personnel, à l’image d’une société où le corps est devenu objet de culte et support d’expression.

Témoignages

« Je voulais marquer certaines choses qui étaient liées à l’âge, à la solitude, au rapport à l’autre et à des choses importantes de la vie. Le tatouage n’est pas simplement du langage au sens traditionnel du terme, il peut servir à autre chose et en particulier à dire du sens d’une autre manière. »

Marie-Anne Paveau, professeure en sciences du langage, qui s’est fait tatouer pour la première fois à 44 ans.

« Ça reflète en partie ma personnalité. C’est comme un journal intime en fait. Ça me permet de garder les pieds sur terre, de voir par où je suis passé, toutes les épreuves que j’ai endurées et ça me permet d’avancer. »

Jonathan

« Je me suis tatoué parce que j’aime ça. Je me suis tatoué parce que ça fascine, ça révulse ou ça choque, et que ça reste toujours sulfureux. Je me suis tatoué parce que ça déplaît aux moralisateurs de tout bord, détenteurs du bon goût. Je me suis tatoué pour quitter le courant dominant et emprunter des chemins de traverse. Je me suis tatoué pour me battre contre le temps qui passe, défier la mort et me sentir encore plus vivant… »

Pascal Tourain, extrait du spectacle L’Homme tatoué

« Je considère le tatouage comme un embellissement, puisqu’il m’a permis de recouvrir des cicatrices ou d’agrémenter des parties de mon corps avec lesquelles je n’étais pas forcément à l’aise. C’est la voie directe vers l’affirmation de soi.

L’acte de tatouage n’est absolument pas anodin. L’artiste tatoueur est en train d’encrer quelque chose qui va rester, qui va laisser une trace indélébile. Donc, on ne peut absolument pas faire abstraction de cette relation-là. Selon moi, si elle est négative, ce n’est pas du tout la peine de continuer. »

Aude