Tout le monde joue

Le quotient émotionnel, qu’est-ce que c’est ?
Nagui : C’est la capacité que l’on a à maîtriser ses émotions et comprendre celle des autres. Physiquement, presque médicalement parlant, nous n’avons pas tous les mêmes capacités à gérer le stress. L’exemple le plus évident sont les personnes qui rougissent ou qui ne rougissent pas, celles qui ont le trac, celles qui ne l’ont pas ou qui ont les larmes qui montent très facilement aux yeux…
Michel Cymes : On va essayer d’aider les gens à comprendre que leur quotient émotionnel, même s’il est important, n’est pas un handicap. Il permet de voir si on a par exemple de l’empathie. Si on est capable de reconnaître dans un visage l’émotion que ressent la personne. Et tout ça finalement, ce sont tous les contacts que l’on a dans la vie de tous les jours, dans la société, dans nos rencontres avec les gens, pour savoir comment on gère l’autre.

Quelle utilité peut avoir le quotient émotionnel ?
Michel Cymes : Dans mon cas, l’empathie est le maître mot de l’exercice médical. Il est important pour un médecin de percevoir la psychologie de son patient pour adapter son discours. Il faut, quand on est médecin et qu’on consulte, arriver à saisir très vite l’état d’esprit et les inquiétudes de son patient. On ne parle pas de la même façon à quelqu’un qui vous paraît capable de recevoir des diagnostics qu'à quelqu’un qui est très angoissé, voire complètement hypocondriaque.
Nagui : Sans être une référence médicale, ce test sera cautionné par des scientifiques. Les réponses anonymes des téléspectateurs seront utiles aux chercheurs pour aller plus loin.

À quels types de questions doit-on s’attendre ?
Michel Cymes : On essaie de déterminer le niveau d’empathie en posant des questions sur la façon dont chacun peut interpréter et décrypter un visage ou une situation. En se posant la question de comment on ressent les émotions de l’autre. Ce n’est pas toujours évident, mais ces interprétations se font en fonction de votre propre quotient émotionnel. Une personne dénuée d’empathie, ça se verra tout de suite… Mais bon, l’idée n’est pas de s’adresser aux psychopathes. Inversement, l’hyperémotivité peut être un handicap pour certains, mais ce n’est pas une fatalité, on peut en faire une force.
Nagui : Le but des questions n’est pas de juger mais plus de tester et de quantifier. Mécaniquement, il y aura des bonnes réponses, mais ça ne veut pas dire que les autres sont mauvaises. Il y en aura de meilleures que d’autres… Par exemple, voir un visage et se demander si ce visage est en train de rire ou de pleurer, ça fait partie de la compréhension de l’émotion des autres.

Comment se passe votre relation à tous les deux ?
Nagui : C’est infernal [Rires] ! En même temps, par empathie, je ne peux pas refuser d’aider Michel à faire de la télévision… C’est quelqu’un qui est plutôt en chute libre dans sa carrière, la chaîne me demande de le soutenir. Il a besoin d’une bonne image, notamment auprès des jeunes. Sur cette question, je suis très corporate, la chaîne me demande de rendre service, j’aime les personnes âgées… c’est ma charge émotionnelle à moi [Rires]!
Michel Cymes : On est potes quand même, si vous aviez des doutes… On se chamaille faussement de temps en temps. Avec Nagui, ça va très vite, je suis obligé à chaque fois d’avoir une concentration extrême pour me mettre à son niveau… Et c’est très fatiguant pour moi. Un tout petit moment de faiblesse et c’est la cata avec lui [Rires]. Je pars dans cette émission comme dans un match de foot, avec une concentration extrême !

Lequel de vous deux est le plus sensible ?
Nagui : Je pense que c’est moi… J’avoue verser une larme chaque fois que je vois Michel Cymes, c’est ma punition.
Michel Cymes : Je pense que c’est lui aussi… Il est beaucoup plus émotif qu’il n’y paraît. Même si je suis quelqu’un d’excessivement émotif, je pense qu’il doit l’être plus que ce qu’il montre à la télé.

Propos recueillis par Ludovic Hoarau