STUPÉFIANT

Stupéfiant !

Magazine - Inédit - Lundi 2 octobre 2017 à 23.00

Abordant la culture sous un angle pop et décomplexé tout en l’inscrivant dans sa dimension politique et sociale, Stupéfiant ! a prouvé en une saison qu'une émission culturelle pouvait rendre accro. Heureusement, pas de crise de manque à l'horizon : Léa Salamé revient pour une nouvelle saison, désormais axée sur des émissions thématiques. Le point avec Jérôme Bermyn, rédacteur en chef de Stupéfiant !

« On ne hurle pas qu’on révolutionne la télévision, mais il y a quelque chose de neuf là-dedans… », disiez-vous au lancement de Stupéfiant ! (Libération, 27 septembre 2016). Quel bilan tirez-vous de la saison écoulée ?
Un très bon bilan. Nous produisons une émission dont nous sommes fiers, à la fois « rock » sur la forme, et intransigeante sur le fond. Ensuite, parce que Stupéfiant ! est désormais une « marque » reconnue. Plus de 10 millions de Français l’ont vue au moins une fois l’an dernier… et près d’un million la regarde chaque semaine, si l’on compte notre rediffusion du samedi soir et le « replay ». Pour un magazine « culturel », c’est énorme !

Quelles difficultés rencontre-t-on quand on veut parler de culture à la télévision ? 
Nous avons fait un choix radical et nous y sommes tenus : éviter tout aspect purement promotionnel et ne pas chercher à « faire populaire ». Notre objectif, c’est de raconter de bonnes histoires, en tenant compte de l’actualité, sans avoir à trop rentrer dans le jeu de la promotion. Cela n’a pas forcément été compris au début par un milieu culturel peu habitué à ce genre de démarche. Mais, à voir nos relations avec les artistes et les grandes institutions aujourd’hui, je crois que c’est non seulement compris mais aussi apprécié.

« Stupéfiant » joue sur le double sens de surprise et d’addiction (« La culture est une drogue dure », tient lieu de slogan). Quels reportages, rencontres, entretiens vous ont le plus surpris au cours de cette première saison ? Lesquels vous ont le plus « saisis », à en devenir accro ?
Je suis assez mal placé pour en parler, je les aime tous ! On peut citer notre enquête sur la Pléiade, l’entretien avec Alain Delon dans le palais du Guépard, notre reportage au Brésil sur le plus grand musée à ciel ouvert du monde… Le mieux, c’est encore d’aller grappiller sur notre site, tout est en ligne !

Quelles nouveautés pouvez-vous annoncer pour cette nouvelle saison ? Comment l’émission va-t-elle évoluer, se renouveler ou creuser davantage certains sillons ?
On garde nos ingrédients de la saison dernière mais on évolue un peu. Désormais, l’émission sera thématique. Nous l’avions fait à deux reprises l’an dernier, avec une « spéciale Picasso » et une « spéciale Festival de Cannes ». Nous sommes persuadés que cela donne plus de lisibilité à l’émission et cela permet d’aller plus en profondeur sur le sujet. Cette nouvelle saison s'ouvre ainsi par une émission « spéciale Gauguin ». Léa Salamé recevra Vincent Cassel (qui incarnera bientôt le peintre dans le film d'Édouard Deluc Paul Gauguin, voyage de Tahiti, en salles le 20 septembre). Nous serons au Grand Palais, dans les coulisses de l’expo-événement consacré au peintre. Vous verrez ce que l’on ne voit jamais, le transport ultra-sécurisé des œuvres. On racontera l’histoire hallucinante du tableau le plus cher du monde (signé Gauguin) et on vous emmènera en Polynésie, là où Gauguin a produit ses plus grands chefs-d’œuvre… mais a aussi laissé une réputation très sulfureuse.

Un mot sur le choix (et le retour pour une nouvelle saison) de Léa Salamé, qui a su incarner à la fois le dynamisme, la fraîcheur, mais aussi le sérieux et l’acuité de l’émission ?
Sa présence est évidemment au cœur de la réussite de l’émission, mais il me semble qu’il y a aussi, dans ce qu’elle représente pour le grand public, quelque chose de l’ordre d’un rapport « générationnel » à la culture : décloisonner les notions de culture d’élite et de culture populaire, aimer/défendre aussi bien la musique classique, les beaux-arts que le design, et se montrer aussi à l’aise avec Rocco Siffredi, Marion Cotillard ou Karl Lagerfeld qu’avec Alain Finkielkraut…

Dans Le Grand Dégoût culturel (Seuil), le philosophe Alain Brossat dénonce l’hégémonie actuelle du « tout culturel » et du « culturellement correct », qui dessine une société du loisir et du divertissement, forcément dépolitisée, voire anesthésiée… Stupéfiant ! semble une manière de contredire son analyse (puisque vous y articulez culture et politique). Que peut, que doit la culture dans nos sociétés, surtout en ces périodes mouvementées ?
Je vais citer Léa Salamé ! Vous savez que nous avons pour habitude de demander à nos invités leur définition de l’art. Voici celle de Léa : « L’art, c’est à la fois totalement inutile et absolument nécessaire. Il est impossible de vivre sans ! » Je crois que cela répond en partie à votre question.

Propos recueillis par Cyrille Latour

Présenté par Léa Salamé 
Réalisé par Nicolas Druet
Produit par Bangumi

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