Tous au Moulin Rouge pour le Sidaction

Vous avez été invité pour la seconde fois à vous associer au Sidaction et à contribuer à la sensibilisation du public jeune. Quel bilan tirez-vous de votre expérience de l’an dernier ?
Un bilan très positif, bien sûr, puisque j’ai accepté à nouveau. J’avais quelques craintes au début, à l’idée de réaliser une vidéo. Comment aborder les choses ? Quel angle ? Je craignais à la fois d’être maladroit et de perdre le ton qui est mien. Comment faire rire avec le sida – et évidemment pas faire rire du sida ? Finalement, j’ai choisi l’an dernier de m’attaquer aux a priori et aux préjugés débiles sur la maladie. La vidéo a été bien accueillie par le Sidaction et a bien fonctionné auprès des internautes. L’expérience a été également très positive sur un autre plan : elle m’a permis de côtoyer les gens du Sidaction, artistes, bénévoles, connus ou non. Et puis, de rencontrer Line Renaud. Ça a été un grand coup de cœur. Elle a une énergie tellement communicative ! Elle a insisté pour que je l’accompagne sur le plateau d’un journal télévisé. Si ma mère m’avait prédit, quinze ans plus tôt, que je serais un jour en direct à la télévision, assis à côté de Line Renaud, je n’y aurais pas cru !

Quels changements, cette année, dans votre intervention dans le cadre du Sidaction ?
On m’a demandé encore une fois d’utiliser mes moyens d’expression : la vidéo et l’humour. Je termine un petit film qui sera mis en ligne dans les jours qui viennent et dont le thème sera « Faire l’amour comme... ». C’est l’occasion de décliner des situations amusantes : comme un prof de français, comme un journaliste, etc., et de terminer par le message « Faire l’amour comme... quelqu’un de responsable ». Le tout accompagné d’une incitation à faire un don par simple SMS. La particularité, cette année, c’est que j’ai invité d’autres youtubeurs et blogueurs à réaliser leur propre vidéo sur le même modèle et sur le même ton. On peut imaginer qu’à leur tour, ces vidéos entraîneront d’autres initiatives à mesure que des internautes voudront s’emparer de ce principe. Cela n’a rien de compliqué, il n’y pas de contrainte, c’est une affaire de partage, d’inventivité, de mobilisation.

Faire rire pour sensibiliser et mobiliser, c’est le secret ?
Bien sûr, je suis de parti pris : faire rire, je ne sais faire que ça ! Mais je crois qu’il n’y a qu’ainsi que les jeunes aujourd’hui arrivent à entendre un message, à en être touchés, émus. Il y a cette idée – pas tout à fait fausse – que, du côté des médias traditionnels, et particulièrement à la télévision, on est dans le politiquement correct et que, sur Internet, il y a davantage de place pour un discours plus vrai, moins contraint, avec ses codes, à commencer par le rire. Aujourd’hui, on peut le regretter, mais c’est ainsi, les jeunes écoutent parfois davantage ceux qui les font rigoler que leurs propres parents. Enfin, et surtout, l’humour fait réfléchir en désamorçant le côté dramatique de certains sujets (le sida, l’alcool, la drogue...) et en évitant le côté donneur de leçon, qui ne marche pas tellement sur les jeunes. Sur Internet, on partage davantage quelque chose qui est drôle et impertinent que quelque chose de triste et moralisateur !

Christophe Kechroud-Gibassier