Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain

Ce nouveau voyage, ils ne le font seuls. Pour la deuxième fois après le numéro des Pouvoirs extraordinaires tourné en Australie, ils sont accompagnés par Norin Chaï, vétérinaire et directeur adjoint de la Ménagerie du Jardin des plantes à Paris.
Première étape de cette escapade namibienne, une rencontre avec l’animal le plus rapide du monde : le guépard, merveille aérodynamique à la colonne vertébrale interminable, capable de foulées de 8 mètres... dont on annonce malheureusement la disparition dans un avenir proche. Un démarrage à 90 km/h en 3 secondes, des pointes à 110 mobilisant une énergie équivalente à une centaine de fours à micro-ondes, une puissance quatre fois supérieure à un celle d’un athlète olympique..., ce gros chat est un véritable bolide. 2 000 des 8 000 individus recensés dans le monde vivent justement en Namibie. C’est l’occasion d’esquisser un classement des champions de vitesse du règne animal. Dans ce domaine comme dans d’autres, cela ne tourne guère à l’avantage de l’homme, qui n’arrive qu’en sixième position après le guépard, l’antilope springbok, l’autruche, le chien lévrier, le zèbre et juste avant un serpent (le mamba noir). Vexant. Et encore, l’homme en question est-il Usain Bolt !
La suite du petit jeu des comparaisons n’est guère plus réjouissante pour notre espèce, même si elle est une source inépuisable d’émerveillements. Ainsi l’éléphant : 11 tonnes, 4 mètres de haut, 10 de long, une mémoire proverbiale, des oreilles en feuilles de choux qui lui permettent de réguler sa température corporelle, une trompe de 130 kg composée de 150 000 muscles (contre 600 dans l’homme tout entier) qui rend son heureux propriétaire capable de peindre en tenant un pinceau, de renifler des odeurs à des kilomètres à la ronde ou de cueillir des feuilles avec une délicatesse de fillette. À l’autre extrême, le gecko, ce minuscule lézard nocturne et presque transparent qui vit dans le sable du désert : ses grands yeux sans paupières recueillent la rosée du matin, il n’a plus qu’à passer sa langue (qu'il a fort agile) pour s’hydrater.
Si la liste des différences entre l’homme et l’animal est interminable, celle de leurs ressemblances ne l’est pas moins, et elle est tout aussi fascinante. Certains mammifères – y compris les hyènes – sont capables de ressentir quelque chose qui s’apparente à un sentiment d’amitié, pour leurs semblables mais aussi pour des représentants d’autres espèces ; il leur arrive d’être sujets à la tristesse, à la jalousie, voire, tout comme l’homme, de simuler la culpabilité... à défaut de la ressentir ; les singes sont révoltés par l’injustice (dont ils sont victimes) ; les chiens maîtrisent naturellement quelques techniques de la manipulation ; les chevaux aiment qu’on leur gratte le dos, voient le négatif de l’œil gauche mais le positif de l’œil droit ; les girafes portent des bas de contention naturels pour réguler leur système vasculaire ; les lions sont des pères plutôt permissifs, etc.
Sans anthropomorphisme mais à l’aide d’anatomie comparée, d’observations et d’expériences pratiques, Michel Cymes, Adriana Karembeu, entourés de vétérinaires, d’éthologues, de spécialistes de la faune sauvage nous aident à comprendre comment nous, humains, fonctionnons. Finalement, comme le savait déjà Jean de La Fontaine, les animaux ont beaucoup à nous dire... sur nous-mêmes.

C.K.G.