RETOUR AUX SOURCES

Retour aux sources - Barbara Schulz

Série documentaire - Inédit - Mardi 20 juin 2017 à 23.15

Dans Retour aux sources, des personnalités mènent l’enquête pour découvrir leur propre histoire et percer les mystères de celles et ceux qui les ont précédées… Cette semaine, c’est la comédienne Barbara Schulz qui se confronte à son passé. Petite fille d’un soldat allemand, prisonnier de guerre, elle a toujours redouté la vérité qui se cachait derrière les non-dits familiaux… Entretien.

Pour quelles raisons avez-vous accepté de faire ce « retour aux sources » ?
Pour être honnête, je n’en voyais pas vraiment l’utilité au départ. Si vous voulez, mon grand-père allemand, je l’ai connu. Je me suis dit que ça ne ferait pas une émission très intéressante, et mettre ma vie en scène de cette manière, ça ne me ressemble pas. Mais je n’avais pas encore vu l’émission avec François Berléand quand la production m’a approchée. Et quand je l’ai fait, j’ai compris que c’était une super belle émission, émouvante et pleine de finesse. Eh puis quand même, il y avait des parts d’ombre dans mon histoire familiale. Si je ne faisais pas cette émission, là, maintenant, je ne regarderais jamais et laisserais tomber. Ils ont fait une petite pré-enquête pour voir s’il y avait quelque chose d’intéressant à trouver et quand ils m’ont dit « il y a ce qu’il faut », ma curiosité l’a emporté et il fallait que je sache.

Ce ne doit pas être évident de remonter son histoire familiale sous l’œil des caméras... Comment s’est passé le tournage ?
L’équipe était très réduite, il y a eu une bonne connexion avec la journaliste qui m’accompagnait et les cameramen. Ce qui était super, c’est qu’ils faisaient leur enquête avec moi. Et du coup, on était ensemble, et j’ai complètement oublié les caméras. L’idée que ces moments seront visibles par des téléspectateurs n’a jamais été une préoccupation, je pensais avant tout à moi et à ma famille. Chaque fois que je montais dans un train, c’était pour moi que je le faisais. Je ne l’ai pas vécu comme une émission de télé mais vraiment comme une enquête personnelle, presque comme une psychanalyse, mais en beaucoup plus concret.
Je jouais au théâtre à l’époque, et le tournage s’est fait pendant mes jours de repos. C’était très fatigant, on se levait très tôt. Mais je ne peux pas vous dire à quel point j’étais heureuse. J’avais l’impression chaque dimanche et lundi de remonter le temps, de me plonger dans mon histoire familiale. Je trouve ça tellement passionnant de savoir d’où on vient, ça explique pourquoi on agit de telle ou telle façon.

Ce Retour aux sources qui vous est consacré a-t-il changé quelque chose pour vous ?
Oui, on peut dire que, pour moi, il y a un avant et un après. L’émission m’a changée. J’assume désormais totalement mon passé familial allemand. Cela peut paraître absurde et abstrait pour quelqu’un qui n’est pas moi, mais le simple fait de faire cette émission et d’en parler à mes amis proches a déclenché des comportements identiques. Tout le monde a envie de se plonger dans ses origines, comprendre les choix de nos grands-parents ou arrière-grands-parents, des choix qui ont, malgré nous, modelé nos personnalités, nos vies… Cela permet de se tourner vers le passé et de régler des choses qui nous empêchent d’avancer dans le présent.

Cette quête de votre identité a-t-elle toujours été présente dans votre vie ou l’émission a-t-elle été l’élément qui a déclenché votre curiosité ?
On entend dans l’émission l’enregistrement que j’ai fait de mon grand-père deux semaines avant son décès. Et ça, c’est quelque chose que j’ai fait plusieurs fois dans ma vie. À partir du moment où j’ai eu 18 ans et que j’ai appris la Seconde Guerre mondiale à l’école, j’ai compris qu’avoir un grand-père allemand, une grand-mère française et un père né en 1946, ce n’était pas quelque chose de simple à réaliser. Je suis allée directement leur poser des questions et ils m’ont toujours répondu par bribes, sur le ton de l’humour. J’ai eu le désir de connaître cette histoire très tôt et, dès que j’avais des moments privilégiés avec mon grand-père, je les enregistrais.

On apprend dans le film que vous avez deux enfants. Avez-vous pensé à eux pendant les recherches ?
Bien sûr, d’autant qu’ils ont connu mon grand-père, surtout ma fille qui est un peu plus grande. Je leur montrerai ce film parce qu’il est vraiment beau. Et c’est leur expliquer plein de choses sur leur famille, que c’est important de se souvenir de ceux qui nous ont précédés.

Cette expérience vous a-t-elle donné envie de remonter encore plus loin dans votre généalogie ?
Carrément ! En fait, il s’est passé un truc incroyable lors de l’émission. À un moment, je rencontre un généalogiste qui m’aide à retrouver le fils d’une des amies de ma grand-mère. Une grande partie de ses recherches ne figurent pas dans le film mais il a remonté plusieurs branches de ma famille, jusqu’au XVIIe / XVIIIe siècle. En parlant de cela, dans ma famille, ma belle-sœur a été très intéressée et m’a demandé son contact. Quand il a remonté son arbre généalogique à elle, nous nous sommes rendu compte que nous étions des cousines éloignées !

Cette émission vous fait-elle voir l'histoire de cette période différemment ?
C’est vrai, il y a toujours une distance entre nous et l’histoire. On l’apprend par des livres, on voit des films, des documentaires. Il y a le récit des gens qu’on connaît... Mais il y a une distance. Le fait d’avoir fait cette émission et d’avoir vu mon grand-père à tous les âges de sa vie, d’avoir rencontré les descendants des amis de ma grand-mère, ça m’a fait prendre conscience des destins qui se tissent dans l’ombre de l’Histoire avec un grand H. Ces récits qui ne seront jamais racontés. Il y a eu des gens qui ont collaboré et qui ont fait des choses atroces, mais il y a eu aussi des êtres humains qui ont fait comme ils ont pu. Nous jugeons les gens d’après ce que nous avons appris mais, finalement, on ne sait rien de ce que ça représente de vivre dans un pays en guerre.

Propos recueillis par Ludovic Hoarau.

RETOUR AUX SOURCES

Une série documentaire racontée par Marie Drucker
Proposée par Arnaud Poivre d’Arvor et Sébastien Brunaud
Réalisée par Florence Kieffer
Mise en images par Stéphane Krausz
Produite par Phare Ouest Productions, avec la participation de France 2
D’après un format Wall to Wall Ltd, distribué par Warner Bros TV Production

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