BOX 27 suivi d'un DEBAT
Soirée continue

Box 27 suivi d'un débat

Fiction - Inédit - Jeudi 23 mars 2017 à 23h10 - Sur Réunion 1ère

Vincent Cassagne est veuf, sans emploi fixe et vit avec son fils de 10 ans dans un box de parking… Écrit par Mikaël Ollivier et Viviane Moore, réalisé par Arnaud Sélignac, ce téléfilm a reçu au festival de la fiction TV de La Rochelle le prix spécial du jury, celui de la meilleure musique et celui de la meilleure interprétation masculine pour Éric Elmosnino. Rencontre avec le comédien.

Ça s’est passé comment ? Un beau jour, on reçoit un scénario par la poste ?
Oui, c’est à peu près ça. Mon agent m’a fait passer le scénario de Box 27. Je me souviens très bien m’être dit en le lisant : « Mais c’est pas mal du tout, ça... » Plusieurs personnes ont été un peu surprises que ça me plaise, peut-être parce qu’elles pensaient que, comme c’était pour la télévision, et cœtera. Mais pas du tout. Le rôle était intéressant, ça me faisait envie parce que c’était des choses que je n’avais encore jamais faites. Cette déambulation... Ce type relié à son gamin mais qui est dans une solitude profonde et qui croise d’autres personnes dans sa dérive... Et puis, je trouvais ça bien écrit, bien foutu. Je veux dire que c’est toujours très dangereux, ces sujets, ça peut vite tomber dans le misérabilisme, le pathos qui s’étale tellement que ça en devient indécent à la fin. Là, il y avait une sorte de retenue. J’en ai discuté avec Arnaud Sélignac et nous étions tout à fait en accord dans notre envie de faire quelque chose de digne. 

Pas un film misérabiliste mais pas davantage un conte de fées...
Évidemment, quand les films se terminent bien, on est plutôt contents. Mais enfin, la vie n’est pas non plus un conte de fées, hein. L’assistante sociale incarnée par Zabou Breitman, la mère célibataire jouée par Natalia Dontcheva font ce qu’elles peuvent. Vincent Cassagne pourrait avoir une histoire d’amour improbable, trouver un boulot du jour au lendemain, ce genre de choses. Non, il reste dans sa solitude. Ça me semble plus réaliste. Ça ne signifie pas qu’il n’y a pas d’espoir, des possibilités s’esquissent mais ça reste fragile. Les choses ne se résolvent pas aussi simplement. En tout cas, le film résiste à la tentation de les résoudre.

Serge Daney, en parlant du cinéma de Maurice Pialat, disait que le réalisme est lié à l’impression que les personnages n’ont pas que ça à faire, d’être dans un film. Ils vivent entre les plans, après la fin du film...
J’aime beaucoup cette idée. Le film ne dit pas tout sur Vincent Cassagne, son gamin, les autres personnages. Il n’explique pas tout. Ce qu’ils ont vécu avant, ce qui les attend. On les suit pendant un moment de leur existence, et puis, la vie continue.

Jouer avec des enfants, ce n’est pas tout à fait nouveau dans votre carrière. Beaucoup se souviennent notamment de belles scènes au cinéma dans Le Skylab de Julie Delpy...
Oui, c’est vrai. Encore que jouer un couple père-fils était tout à fait inédit pour moi. Pour être honnête, je dois dire qu’en général, ce n’est pas forcément ce que je préfère, tourner avec des mômes. Parfois, quand il commencent à comprendre l’attention et l’importance qu’on leur accorde sur un plateau (« Oh là là, je suis quelqu’un, maintenant ! »), quelque chose se met à changer dans leur manière d’être et cela peut être difficile de leur faire conserver la fraîcheur et la simplicité nécessaires. Heureusement, le petit Marius Blivet, il n’était pas du tout là-dedans. Je ne sais plus quelle expérience il a eue auparavant mais cela a été très évident, très naturel avec lui. Je l’ai trouvé bien, ce gamin, avec sa jolie petite tête et son air marrant. On a passé des moments très agréables ensemble.

Et comment joue-t-on l’intimité entre un père et son fils quand on a peu de temps pour faire connaissance ?
Bah... Il n’y a pas de recette. Parfois, on rencontre une femme une heure avant de jouer une scène de rupture ou de passion amoureuse. La complicité dans le jeu est un mystère. Vous pouvez vous entendre moyennement avec quelqu’un dans la vie et avoir une belle complicité de jeu ou, à l’inverse, vous entendre à merveille sans que ça colle dans la comédie. C’est comme deux instruments qui s’accordent ou pas. Ça n’est même pas lié à la qualité d’un acteur. Bref, la complicité, quand on la trouve, il n’est pas utile de passer une semaine de vacances ensemble. Marius, je l’ai rencontré peu de temps avant de tourner. On était un peu timides et puis on s’est lancés en jouant les scènes comme elles étaient écrites et en faisant confiance à ce qu’on pouvait inventer sur le moment.

Box 27 a reçu trois prix au festival du film de télévision de La Rochelle 2016...
Évidemment, ça me fait très plaisir. Je crois que c’est le signe qu’Arnaud a réussi à faire le film dont nous avions parlé avant de tourner, que les gens l’ont perçu, ont reçu ce que nous avons essayé d’y mettre – ces choses un peu fragiles, un peu incertaines – et en ont été touchés.

L’un des prix vous était plus particulièrement adressé...
Je ne joue pas pour ça mais si, à l’arrivée, il y a ça, je suis ravi, tu parles ! On ne va pas commencer à raconter que ce n’est rien. Je ne me lasse pas du tout qu’on me dise « On t’aime bien, on te trouve bon ». Au contraire. Continuez ! [Rires]

Visiblement, on vous le dit aussi d’autres façons. Si on vous voit peu à la télévision, ces dernières années, vous avez été très occupé au cinéma...
Oui, il y a eu pas mal de choses. Peut-être trop, parfois. Mais je crois que j’en avais besoin, ça me faisait du bien de me sentir désiré. Tout n’était pas exceptionnel mais j’y suis avec plaisir, j’ai passé du bon temps, j’ai fait des rencontres. Et puis, c’est amusant de varier les univers, de passer de Bruno Podalydès à Emmanuel Bourdieu, de Julie Delpy à Danièle Thompson ! À présent, je ressens moins l’urgence... ou le besoin de me rassurer. Mais il m’a fallu du temps pour que ma vie d’acteur me semble vraiment réelle. C’est comme un rêve que tu aurais fait et qui ne se réalise pas... et, un beau jour, il est là. Tu as besoin d’un moment pour l’intégrer. Aujourd’hui, c’est une réalité et je suis sans doute plus lucide, moins dans le fantasme. Et puis, enfin, j’ai la possibilité d’alterner le cinéma, le théâtre, la télévision. Je suis plutôt un enfant gâté...

Et en ce moment ?
Je suis en train de terminer un film de Jean-Pierre Améris : Je vais mieux, une adaptation de David Foenkinos. Juste avant, j’ai tourné, sous la direction Nicolas Vanier, L’École buissonnière (avec François Berléand, François Cluzet et Valérie Karsenti). C’était très marrant, de pratiquer la chasse à courre habillé en garde-chasse... enfin, surtout très improbable. Là, franchement, je vise au moins l’Oscar ! [Rires]

Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier

J.Bugier

Suite à la diffusion du film Box 27, France 2 propose une nouvelle Soirée continue présentée par Julian Bugier.

Il y a, en France, 8,8 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis les années 2000. Parmi eux, des jeunes, des seniors mais surtout de plus en plus de familles avec des enfants. Elles ont un objectif : sortir de la précarité pour offrir à leurs enfants des conditions de vie décentes. Mais comment faire lorsque l’on vit dans un logement insalubre et que l’on a du mal à boucler les fins de mois ?
84 % des enfants placés viennent de familles dans la précarité… La pauvreté est-elle, en France, un critère pour retirer un enfant à sa famille ? Les pauvres sont-ils, dans notre pays, de plus en plus stigmatisés ? Enfin, quelles sont les solutions pour aider les familles mal-logées à prendre un nouveau départ ?
Julian Bugier propose Une soirée continue exceptionnelle autour des familles qui luttent pour sortir de la précarité. Comment vit-on cette descente aux enfers lorsque l’on est enfant ? Certains viendront témoigner sur notre plateau. Avec eux, des spécialistes et des politiques.

 

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