DEVENIR MÉDECIN
Soirée continue

Hippocrate, suivi du documentaire Infrarouge Devenir médecin

Film / Documentaire - Inédits - Mardi 14 mars 2017 à partir de 20.55

Hippocrate et Devenir médecin sont à l’honneur de cette nouvelle soirée continue. L’occasion pour France 2 de mettre en avant ceux qui ont choisi d’embrasser une carrière médicale et de rappeler les conditions parfois déplorables dans lesquelles ils exercent.

C’est une soirée fil rouge tissée de blouses blanches. Un univers faussement connu à travers des séries comme Urgences, Dr House, H ou Grey’s Anatomy. Celui de l’hôpital, vu à travers le prisme de ceux qui y travaillent et s’y forment, où les externes et les internes deviendront médecins ou professeurs. Ils sont les fils conducteurs du film Hippocrate de Thomas Lilti et du documentaire Infrarouge Devenir médecin de Bruno Joucla et Nicolas Frank. À travers eux se dessine une chronique sociale d’un monde hospitalier en perpétuelle évolution, restructuration, standardisation. Un milieu où les étudiants confrontent leurs acquis, leurs cours théoriques à la pratique. Où les moyens financiers et humains viennent à manquer. Où les malades se comptent en lits et les opérations en chiffre d’affaires.
Le temps est à l’économie mais à quel prix ?

Il existe une similitude entre ces deux narrations. À l’instar de Devenir médecin, il y a quelque chose de vrai et d’indiscutable dans Hippocrate. Et le parcours de Thomas Lilti n’y est sans doute pas étranger. Médecin généraliste de formation, il a longtemps caché, à une partie du corps médical, sa deuxième activité. Surtout pendant ses années d’études. Depuis, il s’est bien rattrapé. À tel point qu’aujourd’hui, il a cessé, à regret, d’exercer la médecine – un métier difficilement conciliable avec son autre emploi du temps. Pour autant, il n’a pas calqué le personnage de Benjamin sur l’étudiant qu’il était. Dans une interview à Télérama en septembre 2014, il expliquait : « Le personnage est plus nonchalant, plus timide, plus pleutre aussi, alors que j’étais plus retors. Benjamin, quand il fait une connerie, il a la tentation de mentir – par exemple, cacher qu’il n’a pas fait l’ECG qu’il devait faire sur un patient –, mais dans la phrase suivante, il avoue tout. Moi, dans des situations analogues, je tenais le mensonge : je ne voulais pas avouer que je m’étais trompé. »

La vérité est dans l’envers du décor qu’il s’est plu à décrire. Le propos est juste, rarement méchant. Sans tendre vers la caricature ou l’excès de bienveillance, il énonce des faits, des situations parfois rocambolesques aux conséquences plus ou moins dramatiques. Une pompe à morphine qu’il faut emprunter dans un autre service pour soulager une personne âgée au cancer métastasé qu’on a cru bon d’opérer pour un col du fémur cassé ; un appareil pour faire les ECG (électrocardiographie) en panne et qui semble voué à le rester ; des infirmiers de nuit en grève pour dénoncer les conditions de travail et le manque de matériels, contraignant Benjamin à pratiquer certains soins sur les malades ; des confrontations entre services sur la gestion des patients où chacun défend son pré carré au détriment du bien-être des personnes hospitalisées ; la place des FFI (Faisant Fonction d’Interne : nom donné aux médecins étrangers) dans l’hôpital et l’accueil qui leur est réservé ; les fêtes entre internes pour décompresser ; la multitude de couloirs qu’il faut chaque jour emprunter en prenant soin de ne jamais se perdre ; les techniques et astuces partagées entre internes, comme ce premier jour où Abdel, l'interne étranger, montre à Benjamin comment pratiquer une ponction lombaire indolore ; sans oublier ce que tout à chacun peut craindre : l’erreur médicale. Commise par Benjamin, elle est supputée par Abdel, puis découverte et couverte par ses supérieurs. Le chef de service, qui n’est autre que son père, ne cherche pas à lui faire la leçon ou à le menacer d’une sanction. Il préfère lui dire : « Je suis solidaire parce que tu es de la famille, de la famille de l’hôpital. Je suis comme ça avec tous ceux qui bossent ici, parce ce qu’on fait est assez difficile comme ça. On n’est pas des surhommes, alors si on ne peut pas compter les uns sur les autres, on ne tient pas le coup. » Mentir, camoufler son méfait plutôt que d’affronter une vérité qui risquerait de nuire à la notoriété du service, voire de l’hôpital, telle est sa volonté. En pensant bien faire, il en oublie les proches de la victime et même son propre fils. Pour Benjamin, cette erreur est salvatrice. Elle lui permet d’envisager autrement sa manière d’exercer la médecine et aussi de revoir son rapport au patient.

Le rapport au patient, au soin, à la mort, aux diktats financiers est aussi au cœur du documentaire Infrarouge Devenir médecin. Pendant plusieurs mois, Bruno Joucla et Nicolas Frank ont suivi quatre étudiants (deux externes et deux internes) sur leurs lieux d’apprentissage. Des médecins en devenir, amis dans la vie mais aux choix divergents. À travers leurs expériences, leurs constats sur le milieu hospitalier et les commentaires de leurs aînés, se devine l’hôpital du futur.
Comment opérer sereinement un patient quand vos différentes tutelles vous demandent de faire du chiffre et d’augmenter les cadences, s’interroge un professeur et chef du service de chirurgie viscérale. Impossible. À moins d’embaucher des médecins qualifiés et de laisser sur le carreau les internes venus s’exercer. Ce que lui se refuse de faire, préférant prendre le temps d’enseigner à la génération future les bons gestes, les bonnes pratiques, quitte à rester 3 ou 4 heures en salle d'op' plutôt qu'une trentaine de minutes. De son temps, l’internat prenait 5 ans, avec une moyenne de 80 heures passées à l'hôpital par semaine. Aujourd’hui, on parle de le faire en 4 ans, et sans dépasser les 48 heures. Normal donc que les anciens se demandent si les futurs chirurgiens auront suffisamment de bagages et d’expérience.
À l’inverse, certains comportements ont changé dans le bon sens. Dans les années 60/70, le diagnostic était volontairement tu aux malades. Maintenant, on apprend aux futurs médecins à s’adapter à l’état émotionnel du patient, à ne pas minimiser l'opération ou le mal dont il souffre. Les euphémismes et les termes issus du jargon médical sont à proscrire. Élise, externe au service des maladies infectieuses, a appris à composer avec les différents profils des malades soignés à l'hôpital Saint-Louis. Si le barrage de la langue peut être un obstacle dans l'échange avec un patient, il n'est pas le seul auquel doit faire face le corps médical. Le vieillissement de la population engendre de nouveaux problèmes et donc de nouvelles approches. Joan, interne en médecine, prend son rôle à cœur, tout en réalisant qu'il ne lui est pas toujours possible de l'exercer dans sa globalité. Nina craint, quant à elle, de devenir blasée face à la mort. En réanimation où elle suit son externat, 15 % des patients ne s'en sortiront pas (on estime que 80 % des personnes meurent aujourd'hui à l'hôpital). Elle se remémore l'une de ses pires expériences, le décès d'un jeune homme de 25 ans suite à une overdose. La mort est partie prenante du métier qu'elle a choisi d'exercer. Le savoir est une chose, le supporter en sera une autre.

Clotilde Ruel

Vincent LACOSTE (Benjamin), Reda KATEB (Abdel) dans le film HIPPOCRATE

Hippocrate
Un film de Thomas Lilti
Écrit par Thomas Lilti, Julien Lilti, Baya Kasmi, Pierre Chosson
Avec la collaboration de Sherazade Khalladi
Produit par 31 Juin Films
Avec la participation de France 2 Cinéma
Avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Félix Moati, Carole Franck, Philippe Rebbot, Julie Brochen, Jeanne Cellard, Thierry Levart, Zohra Benali, Juliette Aoudia

Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son cointerne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins et du personnel. Son initiation commence.

_________________

© BROTHERFILMS

Devenir médecin
Documentaire Infrarouge
Sur une idée originale de Nicolas Frank
Un film de Bruno Joucla et Nicolas Frank
Commenté par Rebecca Manzoni
Produit par Brotherfilms
Avec la participation de France Télévisions
Avec le soutien du Centre national du Cinéma et de l’Image animée, de la Procirep – Angoa société des producteurs
Avec Nina, Élise, Joan et Yassine.

C'est l’histoire d’une bande de copains étudiants en médecine. Nina, Yassine, Élise et Joan découvrent le monde de l’hôpital. Une université de la vie, où les malades ne ressemblent pas aux cas cliniques décrits dans les livres. Où la proximité de la souffrance et de la mort amplifie les émotions. Où le manque de moyens confronte la vocation des étudiants à la réalité des services dans lesquels ils se forment. Quatre parcours, quatre futurs médecins, qui nous soigneront demain. Et leurs regards encore frais sur le métier, qui porte une haute idée de la médecine. Deux couples, une bande de copains et une vocation. Un idéal, confronté à la réalité des services de médecine des grands hôpitaux français dans lesquels ils apprennent leur métier. ​​

Chaque médecin se doit de prêter serment avant de commencer à exercer. Le premier texte fut en vigueur pendant des siècles, il est aujourd'hui remplacé par le second.

Le Serment d’Hippocrate (texte original)
« Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d'abord mon maître en cet art à l'égal de mes propres parents; de mettre à sa disposition des subsides et, s'il est dans le besoin, de lui transmettre une part de mes biens ; de considérer sa descendance à l'égal de mes frères, et de leur enseigner cet art, s'ils désirent l'apprendre, sans salaire ni contrat ; de transmettre les préceptes, des leçons orales et le reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la loi médicale, mais à nul autre.
J'utiliserai le régime pour l'utilité des malades, suivant mon pouvoir et mon jugement mais si c'est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, je jure d'y faire obstacle. Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l'initiative d'une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif. C'est dans la pureté et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art. Je n'inciserai pas non plus les malades atteints de lithiase, mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette intervention. Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour l'utilité des malades, me tenant à l'écart de toute injustice volontaire, de tout acte corrupteur en général, et en particulier des relations amoureuses avec les femmes ou les hommes, libres ou esclaves. Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie des gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant que de telles choses sont secrètes.
Eh bien donc, si j'exécute ce serment et ne l'enfreins pas, qu'il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l'éternité. En revanche, si je le viole et que je me parjure, que ce soit le contraire. »
Traduction : J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992, annexe (source : https://ordomedic.be/fr/l-ordre/serment-(belgique)/serment-hippocrates)

______________

Le Serment médical

« Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque ».

Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview
Pictogramme Instagram france 2