Tandem

Le 29 mars 2016, ils étaient près de quatre millions de téléspectateurs (pour 15,8 % de PdA) à suivre les retrouvailles professionnelles du commandant Soler et du capitaine Marchal. Ex-époux à la ville et parents d’Alice et de Thomas, ils travaillent dorénavant dans la même brigade. Pour le colonel Vauvert, témoin involontaire de leurs chamailleries, la situation devient même critique : « Dieu sait que ce n’était pas simple avant que vous preniez le commandement [au commandant Soler], enfin, ça ne s’est pas arrangé ! » Impossible pour eux de laisser sur le palier de la gendarmerie leurs problèmes familiaux. Sans parler de leurs divergences en matière d’investigation. Il faut dire que Soler est ordonnée et aime le travail en équipe quand Marchal fonctionne à l’instinct et oublie régulièrement de tenir informés ses collègues ou sa supérieure de ses agissements. Un comportement qui l’oblige à le rappeler à l’ordre quand ce dernier se promène avec des scellés dans sa poche : « Paul, tu es un gendarme. Je n’ai pas besoin d’un pétard ambulant dans la brigade ! » Certes, les résultats sont probants et les affaires sont résolues, mais les tensions persistent et l’équipe pâtit de leur relation en dents de scie. Si aucun d’eux n’y met du sien, le colonel a promis de sévir… et il est homme à tenir parole !

« Léa, je voulais te dire : “ Quand tu as débarqué du jour au lendemain à la brigade, j’ai un petit peu râlé au départ. Si, j’ai même traîné des pieds. Je n’ai pas été très positif. J’ai même fait de l’antijeu parfois. Si, c’est vrai. Et finalement, je me rends compte que ça ne se passe pas si mal tous les deux… ici. ” » Marchal à Soler

Tandem joue autant sur l’intrigue policière que sur la vie familiale de nos deux protagonistes. Soler et Marchal sont liés par leurs enfants autant qu’ils le sont par leurs enquêtes. Dorénavant, ils assument la garde alternée de leurs deux adolescents. Et, une fois encore, les méthodes de l’une en matière d’éducation sont aux antipodes de l’autre. Cadrée et psychorigide pour elle, libertaire et conciliante pour lui. Pour autant, là aussi, ils vont devoir « trouver un chemin d’entente, une voie médiane », car si Alice s’est fait une amie et poursuit sa scolarité avec aisance — elle a même sauté une classe —, Thomas a vu ses notes en maths chuter à la vitesse grand V, au point d’être convoqué avec ses parents par le proviseur. Face à l’inquiétude de son ex, lui temporise, vante les bénéfices de l’école de la vie. En vain. Le « je-m’en-foutisme » affiché par Thomas et son temps passé sur les réseaux sociaux exaspèrent sa mère, au point que celle-ci l’envoie en pension complète chez son père. À lui de prouver qu’il est l’homme de la situation.

Bien évidemment, la relation qu’entretiennent Soler et Marchal reste ambiguë. Malgré leurs désaccords, ils passent leur temps libre à s’appeler pour une raison ou pour une autre et semblent heureux de se retrouver. Il n’en fallait pas moins pour semer le doute dans l’esprit d’Alice, puis de Thomas. Après tout, on ne demande pas sa mutation à Montpellier sans une bonne raison…

Montpellier et ses environs pour décors
Plus belle la vie est indissociable de Marseille, Cassandre d’Annecy, Agathe Koltès de Vannes. Sans oublier Capitaine Marleau, dont le personnage principal se retrouve muté dans une nouvelle gendarmerie à chaque épisode, et la collection « Meurtres à », qui a pour spécificité de mettre en scène une ville et un duo différents à chaque fois. Autant de fictions coproduites et diffusées sur France 3, dont les intrigues prennent leur source en région. Une volonté affichée et soutenue depuis des années par la chaîne.
Tourné en Occitanie, Tandem ne déroge pas à la règle. La région est omniprésente. Impossible de ne pas tomber sous le charme de ses décors naturels : l’Hérault, vu depuis le pont de Saint-Étienne d’Issensac, les marais salants d’Aigues-Mortes, la Camargue et ses manades, l’étang de Thau… Quant à la gendarmerie, elle a été installée dans le mess des officiers de l’ancienne école d’application de l’infanterie de Montpellier. Et chaque lieu nourrit l’intrigue, l’enrichit, lui offre une authenticité. Bien évidemment, tout n’est qu’histoire inventée, mais le reste existe. Et, à travers ces lieux, s’esquisse une réalité, celle d’une société en proie à la crise, au racisme, à la cupidité, à la corruption, à la jalousie, au mensonge. Une société qui sait aussi être solidaire, plurielle, intergénérationnelle. La compétition existe entre manadiers autant qu’entre scientifiques ou chercheurs. Tout le monde rêve de concourir avec le meilleur taureau, de gagner des prix, soit d’assurer une notoriété et donc des rentrées d’argent à sa manade. Posséder une oliveraie, des marais salants ou un parc ostréicole demande de l’abnégation et des heures de labeur. Or, il suffit d’une bactérie, d’une maladie, d’un vent mauvais, d’un coup de gel, pour voir des années d’efforts réduits à néant et se retrouver contraint de mettre la clé sous la porte. Une situation qui peut pousser certains au pire pour s’en sortir...

C. R.