ZANAKA TANY

ZANAKA TANY

AUX ENFANTS DE LA TERRE
documentaire - Inédit - Mercredi 6 décembre 2017 à 21:30 - Sur Mayotte 1ère

À Madagascar, alors qu’une grande partie de la population reste dans l’inaction, impuissante face à ses difficultés, un mouvement social émerge depuis 2010.

Des individus exceptionnels, hommes comme femmes, s’interrogent et se lèvent pour combattre le fatalisme et la résignation au sein des leurs. Dans leurs sillages, des communautés rurales se mobilisent pour améliorer le quotidien.

En puisant dans son histoire ancestrale, c’est tout un pays qui se cherche, veut avancer, s’épanouir.

Dans ce pays qui m’a vu naître et dont je me suis éloigné, je reviens, avec la ferme volonté de contribuer à son essor.

Zanaka tany

Un film de Alexandre Poulteau
52 minutes 
 

Avec la participation de Mayotte 1ère
En coproduction avec l’Association Fil Rouge et Invent-oi

La mobilisation

Aujourd'hui, dans de nombreuses régions à Madagascar, des communautés cherchent des solutions aux problèmes qui les affectent : extrême pauvreté, malnutrition, accaparement des terres et des ressources par des multinationales, insécurité croissante, absence d’Etat-Providence dans le domaine de la santé, de l’éducation, etc… Elles prennent les décisions collectivement, en cherchant à revitaliser un mode d'organisation ancestrale : le fokonolona.

Le fokonolona est la structure communautaire locale traditionnelle de base. Elle regroupe plusieurs villages qui se réunissent régulièrement pour prendre des décisions ensemble, où les Anciens jouent un rôle de guide moral important mais où le pouvoir est partagé par tous. Le fokonolona, c’est tout un réseau de solidarité et d’entraide, dans le travail agricole et dans tous les aspects de la vie quotidienne. Le fokonolona, ce sont des liens forts, enracinés dans une histoire commune, sur la terre des Ancêtres, cette terre dont chacun est le garant et le gardien.

Dans de nombreux endroits à Madagascar, ce mode d’organisation n’est plus que l’ombre de lui-même. Il existe encore comme entité « administrative » mais il a été vidé de sa substance, n'agit plus au quotidien. Pourtant, dans de nombreuses régions, plusieurs fokonolona se « réveillent ».

Ils se retroussent les manches pour transformer leur environnement, à travers de grands travaux d'aménagement : canaux d'irrigation, développement agricole, routes, bâtiments d'utilité publique dans le domaine de la santé ou de l'éducation, etc... Les membres du fokonolona décident ensemble des travaux à fournir puis travaillent ensemble bénévolement pour l'intérêt général.

Ils mettent en place des systèmes de « sécurité sociale » locale, pour venir en aide aux membres qui tomberaient malade. Ils gèrent aussi collectivement les ressources naturelles. Ils permettent l'émergence d'associations et coopératives, structurant différents corps de métier dans l'artisanat, l'agriculture, devenant ainsi un outil de développement économique qui va dans le sens du bien commun et non de l'enrichissement de quelques individus.

Surtout, ils libèrent la parole : dans un pays qui a trop été habitué à se taire, les fokonolona mobilisés donnent un espace à un dialogue revigoré entre les membres de la communauté. Ce mouvement est un long processus qui ne se fait pas sans difficultés. Chacun doit pouvoir trouver sa place. Il y a parfois des frustrations, l'entente et la recherche de compromis est souvent un travail de longue haleine. Et parfois, pour certains, le développement ne va pas assez vite car les moyens manquent. Mais le mouvement est là, il existe. Déjà aujourd'hui, il a amélioré concrètement la vie de nombreux malgaches.

 Ma démarche

Je suis franco-malgache, suis né à Madagascar et y ai passé une partie de mon enfance. J'ai été témoin de la pauvreté et du désespoir de la population. Aujourd'hui, je veux aider mon pays natal, contribuer à l'améliorer, à mon niveau, avec mon savoir-faire, c'est à dire faire des films.

Je veux donner à voir un monde entre traditions ancestrales, doutes, questionnements et espoir d'un avenir meilleur. Je veux combattre le fatalisme qui mine Madagascar, empêche l'action, montrer que la solution est en chacun. Ce film sera positif, lumineux. Il ne racontera les malheurs du pays que pour mieux mettre en valeur les ressources que nous avons pour les dépasser !

En 2013, j'ai rencontré le Tafo Mihaavo et SGP GEF, deux réseaux qui regroupent environ 400 fokonolona mobilisés ! Je leur ai proposé de faire un film pour les soutenir, proposition qu'ils ont accepté avec enthousiasme. L'été 2014, je suis reparti 2 mois à Madagascar pour rencontrer et partager le quotidien de communautés rurales, dans différentes régions. Ce premier contact m'a permis de faire quelques images et de voir la mobilisation de mes propres yeux. Puis je suis reparti pendant l'été 2015 pour suivre la mobilisation en profondeur. J'ai filmé le réseau de communautés prendre de l'ampleur, passer de la mobilisation locale à régionale, vers le national. J'ai pu approfondir les relations que j'ai noué en 2014 et comprendre l'importance d'individus exceptionnels dans la mobilisation, face à une population encore accablée par le sentiment d'impuissance. Des hommes et des femmes luttent tous les jours contre le fatalisme, pour faire naître l'espoir, l'espoir qui précède l'action !

Enfin, après la réalisation du film, mon projet est de mettre en place un cinéma itinérant et de diffuser le film le plus largement possible à Madagascar, montrer ces communautés exemplaires dans des lieux qui ne sont pas encore mobilisés et ne font pas encore partie du réseau Tafo Mihaavo.

Grâce à ce film, je veux rendre ce mouvement peu connu visible, le prolonger, participer à sa diffusion !

contact presse

Christine Mkadara
Responsable de Communication Mayotte La 1ère