Serge Gainsbourg
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La Marseillaise, je l'aime moi non plus

Documentaire - Vendredi 22 juin 2018 à 8h50 - Sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté

« La Marseillaise, je l’aime moi non plus » ou l’histoire de l’hymne le plus chanté au monde

Un film de Pascal Signolet

Qui n’a pas fredonné, voire chanté la Marseillaise à pleins poumons, que ce soit au stade ou plus récemment après les attentats de novembre 2015. L’hymne national a toujours connu une vie tumultueuse : rejeté, adoré, méconnu. Le réalisateur Pascal Signolet raconte son histoire.

La Marseillaise, je l'aime moi non plus

 

Enthousiasme et rejet, c’est le constat que fait Pascal Signolet, réalisateur de "La Marseillaise je l’aime moi non plus", alors qu’il travaille sur le sujet depuis 2012. Très vite, il s’aperçoit que La Marseillaise n’a pas bonne presse : "trop sulfureuse""trop nationaliste".

De son côté aussi, le sentiment est ambivalent "J’avais une distance critique, et en même temps je ressentais une certaine fierté, quand je voyais qu’on la chantait pendant les Jeux Olympiques. «Il se souvient également que pour sa génération, La Marseillaise "était un peu ringarde."

Le déclic sur la force et l’importance d’un hymne lui apparaît grâce à Nelson Mandela. Lorsque ce dernier devient président, l'une de ses décisions concerne la fusion des deux hymnes de son pays : Die Stem van Suid-Afrika (adopté en 1928) et Nkosi Sikelel' iAfrika (adopté par le mouvement anti-apartheid). Pascal Signolet décide alors de s’intéresser à La Marseillaise, ce chant qui cultive les paradoxes.

Chant guerrier, et chant d’émancipation

La Marseillaise est écrite par un soldat, Rouget de Lisle, qui compose ses six premiers couplets en 1792 pour l’Armée du Rhin, alors que la France rentre en guerre contre l’Autriche. Depuis, 200 versions différentes de cette chanson existent. Elle connaît des changements de paroles, de mélodie, de rythme, au fil des époques. Des versions font scandale, comme celle de Serge Gainsbourg. Sous le Second Empire, la chanter est un délit.
Pour les historiens, il s'agit d'un "chant de guerre et d'indépendance" où l'on exprime la destruction mais en même temps la refondation. La violence de ses paroles fait parfois jaillir les critiques. Sauf qu'il faut se rappeler du contexte de son écriture : c'était un chant pour partir au combat, pour galvaniser les soldats. 

Autre paradoxe, ce chant est davantage reconnu, chanté, valorisé, hors de France. "La révolution française est la mère des révolutions, symbole d'une époque. La Marseillaise a été chantée partout où il y a eu des révoltes et une volonté d'émancipation, en URSS, à Cuba, en Espagne, dans toute l'Europe au moment du Printemps des Peuples" explique Pascal Signolet. À l'étranger, l'hymne français est très identifié. 

Que signifie un hymne aujourd'hui ?

C'est la question que pose Pascal Signolet à travers son film. Comment se fait-il qu'en France nous ne nous intéressions pas vraiment à cette chanson ? Pourquoi son appropriation est-elle si difficile ? Que signifie un hymne national dans une ère mondialisée ?
Le réalisateur confie que les jeunes générations ne le connaissent pas. "Cette chanson nous sert à nous rappeler que l'on vient d'un pays libre, ce que l'on a trop tendance à oublier" explique-t-il.  Chacun devrait pouvoir y trouver du sens. La comédienne Darina Al Ajoundi a écrit le spectacle "Ma Marseillaise", où elle exprime la résonnance que ce texte a pour elle.