Nina

Vous interprétez le docteur Caroline Bergman, une femme ambitieuse qui débarque à la tête du service de médecine interne tout fraîchement fusionné. Comment la décririez-vous ? 
Le docteur Bergman est, je pense, un bon médecin. Elle est prête à tout pour améliorer l’efficacité de son service. Mais, malheureusement pour elle, il lui manque un vrai talent de communication. Caroline se retrouve donc confrontée à l’hostilité quasi générale de son équipe. J’ai une affection toute particulière pour ces personnages qui, sans cesse sous contrôle, ne dégagent que très peu d’émotions, et paraissent très durs. 

Derrière la façade du médecin, solide et sûre d’elle, le docteur Bergman semble être une femme seule… 
Oui, Caroline est seule. Une solitude qui, selon moi, est le lot de toutes ces femmes qui ont beaucoup travaillé pour occuper des postes à responsabilité, majoritairement tenus par des hommes. Pour y parvenir, Caroline s’est sans doute murée dans une tour d’ivoire afin de ne laisser paraître aucune faille. Le docteur Bergman fait partie de ces femmes que l’on qualifie souvent d’ambitieuses. Mais, au passage, je tiens à souligner que cette connotation n’est pas aussi positive que lorsque l’on parle d’un homme ambitieux… 

Parlez-nous de sa relation sous tension avec Nina... 
Caroline reconnaît toute la force et le talent de Nina, mais la liberté de cette dernière la dépasse. Lui fait peur même. Je pense que, dans un autre contexte, moins tendu, elles auraient certainement été beaucoup plus proches. 

Qu’est-ce qui fait, selon vous, la force de la série ? 
C'est d’abord, je pense, la fraternité qui existe entre les personnages, et ce malgré leurs différences et différends. Et puis Annelise (Hesme, NDLR) a su apporter une vraie beauté à son personnage, qui brille par sa bonté, son courage et son intelligence. Dans sa relation amoureuse – et parfois chaotique – avec Costa, ses rapports avec le docteur Proust ou à travers l’incroyable empathie dont elle fait preuve envers ses patients, Nina offre des moments aussi drôles qu’émouvants. Par ailleurs, en la suivant dans sa vie professionnelle et personnelle, on découvre ses forces mais également ses faiblesses. Il est ainsi aisé de s’attacher à elle, de s’identifier à cette jeune femme, à la fois mère, amie, fille, maîtresse et infirmière. 

Il existe un engouement du public pour les séries médicales. Êtes-vous une amatrice du genre ? 
Je suis une grande fan du Dr House, ce médecin aussi surdoué qu’antipathique ! Une première à la télé ! J’ai aussi regardé Urgences, puis Grey’s Anatomy, deux vraies réussites du genre. J’aime suivre les aventures – si intenses – de ces héros du quotidien, tout autant portés par la confiance que l’humilité. Car s’ils ont le courage de tenir la vie d’autrui entre leurs mains, ils sont loin d’être infaillibles et doivent sans cesse analyser, tâtonner, se questionner. Moi-même, j’ai toujours cherché à comprendre les tenants et aboutissants du fonctionnement du corps et de l’âme humaine… 

En tant que comédien, sent-on une certaine responsabilité quand on incarne à l’écran une profession ? 
Peu importe le métier de mon personnage, j’endosse toujours la responsabilité de lui donner vie et corps du mieux que je le peux. Pour Caroline, sa profession, primordiale dans la série, fait évidemment partie de cette « responsabilité ». Mais j’avoue surtout m’intéresser à ce qui se cache derrière mon personnage, ses émotions, ce qui le guide dans ses actions. Tout ce qui ne figure pas dans le scénario et qu’il faut lire entre les lignes. Et plus un rôle est bien écrit, plus le comédien peut l’approfondir et en faire jaillir de multiples facettes. 

Avez-vous d’autres projets à venir ? 
Après le tournage de Nina, je suis partie tourner la deuxième saison de Tank, la web-série réalisée par Samuel Bodin. Je suis, par ailleurs, en train de monter ma société de production afin de développer mes projets de théâtre, cinéma, télévision et musique. J’aimerais beaucoup passer de l’autre côté de la caméra afin de réaliser mon premier court-métrage. Je produis aussi mon premier EP, Red Moon, et travaille actuellement sur les textes. Je souhaite vraiment aller au cœur de ce que je veux exprimer, donner du sens à ce que je crée. Et avec le temps, j’apprends à prendre mon temps…

Propos recueillis par Céline Boidin-Lounis