La comédie-française chante Boris Vian

« J’ai découvert Boris Vian lorsque, adolescent, puis jeune adulte, je parcourais les Cévennes en voiture avec des amis ou lors de voyages à l’étranger. Nous emportions toujours la cassette audio de Vian et chantions à tue-tête “La Java…”, “La Complainte…” ou “On n’est pas là pour se faire engueuler”. Dans mon esprit, Vian correspond à des moments très joyeux, à de la camaraderie, à des voyages, au déplacement et à la découverte de “nouveaux mondes”. Vian aiguisait mon esprit critique face aux mondes que je décryptais. C’était aussi l’esprit de Saint-Germain, ses littéraires, sa poésie, son humour, sa philosophie, et enfin sa musique, dont le jazz ; tout ça dans un mélange de réflexion, de cynisme, d’absurde et d’amusement sur la vie, sans être prétentieux.

Lorsqu’il a été décidé de filmer ce Cabaret Boris Vian chanté par les interprètes de la Comédie-Française, nous avons dû choisir un endroit pour le tournage. Je me suis rappelé les grands espaces du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, avec son hall imposant et son plafond incroyable, dont l’architecture particulière renvoyait une lumière naturelle, indirecte, douce, les coursives à l’étage, les escaliers, les recoins, les deux salons, etc. Je me suis dit que cela pouvait offrir au film et à Boris Vian un charme et une force particuliers. Et je me suis souvenu aussi qu’à leur époque, eux tous, ceux de Saint-Germain, dénonçaient cette idée de la colonisation des autres peuples que racontaient ce musée et son bâtiment. Et ils aimaient leurs expressions culturelles et artistiques, tout comme moi. Nous partagions dès lors cette attirance pour leurs mystères avec quelque chose de surréaliste. Le film en ce lieu pouvait ainsi rejoindre les fascinations pataphysiciennes de Boris Vian ou d’André Breton.»
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