SUITE FRANÇAISE

SUITE FRANÇAISE

Film - Inédit - Jeudi 12 avril à 20.55

Elle fut longtemps un fantôme des lettres françaises, engloutie dans le désastre de la Shoah. France 3 propose l’adaptation pour le cinéma du best-seller posthume d’Irène Némirovsky.

Été 1940. Un bourg sans nom de la zone occupée. Dans l’attente de nouvelles de son mari, prisonnier de guerre, Lucile Angellier (Michelle Williams) mène une existence soumise et effacée, sous la surveillance d’une belle-mère austère (Kristin Scott Thomas). L’arrivée de l’armée allemande dans leur village contraint les deux femmes à accueillir sous leur toit le lieutenant Bruno von Falk (Matthias Schoenaerts), un jeune aristocrate. Tandis que madame Angellier est bien décidée à réserver à l’occupant un mépris glacial, la jeune femme, après avoir tenté en vain de l’éviter, ne peut bientôt plus ignorer l’attirance qu’elle éprouve pour l’officier… Car, enfin, il est jeune, il est beau, courtois, sensible et respectueux, pianiste et compositeur (notamment de cette « Suite française » à laquelle il est fait référence).
Onze ans après la publication de Suite française aux éditions Denoël, beaucoup attendaient son adaptation sur le grand écran. Il y avait eu un retentissant prix Renaudot, décerné en 2004 à titre posthume — contre tous les usages —  à un écrivain mort... soixante ans plus tôt, une incroyable et romanesque histoire de manuscrit inachevé, abandonné dans une valise, tandis que son auteur était déporté puis mourait à Auschwitz en août 1942, retrouvé par l’une de ses filles à la fin des années 1990, déchiffré à grand-peine et dans les larmes, un best-seller français et bientôt mondial, et enfin la redécouverte d’Irène Némirovsky, disparue en plein succès à 39 ans, et de son œuvre, presque entièrement oubliée.
Malgré les simplifications imposées par le cinéma, la réalisation du Britannique Saul Dibb restitue bien la force romanesque de Suite française. Son ambiguïté aussi. On ne peut s’empêcher de penser au Silence de la mer, publié clandestinement quelques mois avant la mort de Némirovsky par les Éditions de Minuit. Même point de départ. Même situation d’un roman parlant de la guerre en train de survenir et sans en connaître l’issue. Mais les rapprochements s’arrêtent là. Là où Vercors oppose à « l’amabilité » allemande la résistance mutique et farouche, le propos de Némirovsky est plus complexe. La présence de l’occupant fait vaciller le monde des occupés en révélant ses faux-semblants, ses lâchetés, ses compromissions. Un silence de l’amer, en somme, dont seuls émergent une jeune femme trop longtemps soumise qui s’éveille peu à peu en réalisant qu’elle peut agir et un musicien égaré dans une guerre qui n’est pas la sienne mais à laquelle il ne peut échapper. « La seule personne avec qui j’ai quoi que ce soit en commun, c’est vous. » Silence de l’amour, pourtant : une passion sans mots, impossible. Pour la romancière, comme on sait, stoppée en pleine écriture, ce sera le silence de la mort. Et un long oubli.

C.K.G.

Film
Réalisé par Saul Dibb
Scénario de Saul Dibb et Matt Charman
D’après le roman d’Irène Némirovsky
Avec Michelle Williams, Kristin Scott Thomas, Matthias Schoenaerts, Lambert Wilson...

SUITE FRANÇAISE

Kristin SCOTT THOMAS (Madame Angellier)

SUITE FRANÇAISE

Michelle WILLIAMS (Lucile Angellier), Matthias SCHOENAERTS (Bruno von Falk)

SUITE FRANÇAISE

Matthias SCHOENAERTS (Bruno von Falk), Michelle WILLIAMS (Lucile Angellier)

SUITE FRANÇAISE

Kristin SCOTT THOMAS (Madame Angellier)

Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview
Pictogramme Instagram france 3