NOTRE HISTOIRE EST POLITIQUE
Notre histoire est politique

De Gaulle, le dernier roi de France Élysée, la solitude du pouvoir

Mois politique, l'exercice de la présidence
Documentaires - Lundi 27 mars 2017 à 20.55

L’Élysée et ses présidents successifs sont au cœur des deux documentaires diffusés ce soir. Le film de Patrick Rotman explore les relations du vieux monarque de Gaulle avec les Français durant son règne qui dura onze ans. Celui de Jean-Michel Djian, adapté de son livre, raconte la solitude de nos gouvernants confrontés au vertige de la fonction. Deux documentaires nourris d’archives rares et de témoignages inédits.

Documentaire
Auteur-réalisateur Patrick Rotman
Production Kuiv et INA, avec la participation de France Télévisions et de TV5 Monde
Durée 90 min
Année 2016

Le 13 mai 1958, la Ve République voit le jour. Charles de Gaulle en est l’artisan, il en a élaboré la nouvelle Constitution, approuvée par referendum en septembre. Le 21 décembre, il devient, à 68 ans, le premier président de la République élu au suffrage universel direct. C’est le début d’une véritable monarchie républicaine qui va durer onze ans.

Ce documentaire offre un portrait intime de l’homme d’État en action, avec ses doutes, ses interrogations, ses certitudes, à un moment particulier de l’histoire où les transformations sociales, sociologiques, culturelles provoquent une mutation comme la France n’en a pas connu dans le siècle qui a précédé. Un règne marqué par l’obsession de son âge, du temps qui passe et de la nécessité d’agir vite : « le temps m’est compté », répète le général.
Une histoire qui commence avec la guerre d’Algérie et finit avec Mai 68. Elle raconte le putsch des généraux et la réconciliation franco-allemande, la fondation de la cinquième République et l’élection présidentielle de 1965, la pilule et la mini-jupe, la tournée en Amérique latine et le discours de Phnom Penh, le baby boom et le volontarisme économique, le « Québec libre » et les manifestations de mai 68 avec, dans les rôles principaux, Pompidou et Kennedy, Khrouchtchev et Adenauer, Mitterrand et Cohn-Bendit.
Les archives, connues ou inédites, proviennent de nombreux pays, en noir et blanc et souvent dans leurs couleurs d’origine, et la bande-son est nourrie de la musique d’époque : Bécaud, Hardy, Dutronc... Le documentaire est centré sur la personnalité exceptionnelle du Général : la figure publique, avec son verbe, sa gestuelle, sa personnalité, et le personnage privé, que Patrick Rotman décrit : « souvent abattu, cyclothymique, qui abreuve son entourage de commentaires vachards, de fulgurantes perspectives, de réflexions désabusées ». Le film regorge d’anecdotes, de dialogues, de petites phrases et de formules ciselées comme il les aimait. Il constitue un récit du rapport intime qu’a entretenu le dernier roi de France avec son pays, ses compatriotes et l’Histoire.

Quelques verbatim

À propos de l’Algérie : « C’est un terrible boulet, il faut le détacher. C’est ma mission… je ne fais pas ça de gaieté de cœur. Mais c’est peut-être le plus grand service que j’aurais rendu à la France. »

À propos de la construction européenne : « L’Europe, ça doit servir à ne se laisser dominer ni par les Américains ni par les Russes. C’est le moyen pour la France de redevenir ce qu’elle a cessé d’être depuis Waterloo : la première au monde. »

À propos de John Kennedy : « Il ira loin s’il ne se casse pas la figure. »

À propos de la Chine de Mao : « Il n’est pas exclu qu’elle redevienne au siècle prochain ce qu’elle fut pendant tant de siècles : la plus grande puissance de l’univers. »

Sur ses tournées en France : « Il ne faut dire à une foule que des choses qu’elle puisse immédiatement comprendre. Il faut leur parler comme à des enfants. »

À son ministre Roger Frey qui lui propose d’évoquer les relations de Mitterrand avec Pétain : « Il ne faut pas porter atteinte à la fonction pour le cas où il viendrait à l’occuper. »

Après le retrait de la France de l’OTAN en mars 66 : « Après avoir donné l’indépendance à nos colonies, nous allons prendre la nôtre. »

Après son provocant « Vive le Québec libre ! », il déclare à ses ministres : « On ne fait avancer l’Histoire qu’à coups de boutoir ! »

À propos de la loi pour l’autorisation de la vente de la pilule : « Nous n’allons pas sacrifier la France à la bagatelle ! » (Il donnera finalement son autorisation.)

Au début de mai 68 : « Le pouvoir ne recule pas, ou il est perdu. »

À la fin de mai 68 : « C’est moi qui suis désormais en cause. C’est mon départ qu’ils réclament… »

Après son retrait en juin 1969 : « Pour la première fois de ma vie, j’ai eu une défaillance ; je ne suis pas fier de moi. »

Documentaire
Auteur-réalisateur Jean-Michel Djian
Production Nilaya Productions, avec la participation de France Télévisions
Avec la voix de Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française
Durée 2 x 52 min
Année 2016

En faisant de l’Élysée le palais le plus convoité, mais aussi l’un des plus mystérieux de la République, le fondateur de la Ve du nom n’imaginait sûrement pas que ses successeurs y découvriraient l’immense solitude du pouvoir. De Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, puis Hollande, chacun d’entre eux a pu mesurer, là, dans cet hôtel particulier du XVIIIe siècle aux allures de bunker, ce que représente le vertige de la fonction mais, au-delà, celui de la prise de décision. C’est cette histoire-là, imperceptible et intime, solitaire et silencieuse, qui est contée dans ce documentaire en deux parties, à travers des événements marquants, des témoignages inédits et des archives rares. On y découvrira surtout comment des hommes d’État sont capables de se murer secrètement dans la sérénité, la gravité, la tragédie comme la dignité pour épouser leur destin comme celui de la France. Car ce sont les événements qui, souvent, décident ou non du destin de ceux qui accèdent au pouvoir. Le philosophe Michel Onfray le résume ainsi : « C’est au fond la capacité de solitude des hommes de pouvoir qui en font ou non de grands présidents. »

La première partie, diffusée ce soir, s’interrompt avec François Mitterrand ; la deuxième partie, qui sera diffusée le 3 avril, s’achève avec François Hollande.

Les intervenants

Michel Onfray Philosophe
 Erik Orsenna Écrivain et académicien
 Alain Pompidou Fils de Georges Pompidou, professeur de médecine
 Franz-Olivier Giesbert Journaliste et biographe
 Mazarine Pingeot Fille du président François Mitterrand
 Hubert Védrine Porte-parole à la présidence de la République
 Pierre-Louis Blanc Chef du service de presse de l’Élysée
 Amiral François Flohic Aide de camp du général de Gaulle 
Éric Roussel Biographe de Georges Pompidou
 Cynthia Fleury Psychanalyste 
Jean-Pierre Soisson Ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing
 

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