LA STRATÉGIE DE LA POUSSETTE
CINÉMA

LA STRATÉGIE DE LA POUSSETTE

Nouveauté - MERCREDI 05 JUIN 2018 A 20H00 - Sur Martinique la 1ère

La stratégie de la poussette est une comédie romantique rafraîchissante avec un duo, Charlotte Le Bon - Raphaël Personnaz qui crève l'écran. A voir en pilote automatique, tout en détente et en fleur bleue !

A force de le voir hésiter à s'engager, Marie a quitté Thomas. Elle voulait un enfant et lui n'était guère emballé à l'idée de fonder une famille. Ce dessinateur trentenaire est désormais désespéré d'avoir laissé ainsi filer la femme qu'il aime. A la suite d'un accident, Thomas se retrouve obligé de garder le bébé de sa voisine hospitalisée. Il a alors l'idée de profiter de l'occasion pour se faire passer pour son père et tenter de reconquérir Marie...

Prix d'interprétation masculine au festival du film de Sarlat 2012 pour Raphaël Personnaz.

De Clément Michel

Avec Raphaël Personnaz, Charlotte Le Bon, Jérôme Commandeur...

Genre Comédie

 


D’emblée, vous avez pensé : c’est bon, les spectateurs pourront facilement croire qu’on est un couple ?
Raphaël : Très franchement, quand Clément m’a annoncé que Charlotte serait ma partenaire, je me suis dit, comme tout bon Français bête, méchant et sectaire : est-ce qu’elle peut jouer la comédie ? Mais j’ai fait confiance à Clément. Et lorsqu’elle est arrivée dans cette fameuse soirée en me bousculant, exactement comme l’aurait fait son personnage, j’ai compris que ça allait fonctionner. Ça relevait de l’évidence.
Charlotte : La scène du début du film, celle où on monte les 5 étages, installe aussi l’évidence de ce couple, je crois.

Comment s’est passé le tournage ?
Raphaël : C’était très doux, notamment grâce à la présence du bébé.
Charlotte : C’était le monde des Bisounours. On avait l’impression d’être en colonie de vacances. L’ambiance était ouatée. Il y avait des pots tous les soirs.
Raphaël : On a fait une cure de désintoxication après...
Charlotte : Et on chantait en boucle «Arc en ciel», la chanson débile pour les enfants que Clément interprète dans le film.
Raphaël : La vérité, c’est que sa réalisation apporte un regard très humain sur tous ces personnages, rien de caricatural. Clément a su réunir un casting avec des gens venus d’horizons et de formations très différents que certains pouvaient appréhender, et moi le premier pour être sincère. Mais tout le monde a pu apporter sa petite touche, son univers, sa folie. Et je trouve que ça fait du bien de voir un film où rien n’est cloisonné ou trop élitiste. Il y aura évidemment toujours des fines bouches, qui se disent par ailleurs très ouvertes, pour critiquer le fait que tout le monde n’a pas un parcours qu’on pourrait appeler classique ; je trouve au contraire cette ouverture très nourrissante, apportant un sacré vent de fraîcheur. Cela dit, ce sont les mêmes qui ne supportaient pas que Dujardin vienne de la télé… et aujourd’hui on ne les entend plus. Chacun a son parcours et rien n’est honteux à partir du moment où c’est fait sincèrement.

Comment tu définirais Thomas Platz, ton personnage ?
Raphaël : Au début, il est un peu mou, un peu rêveur, pas vraiment adulte, introverti. Et à mesure que le film avance, il se réveille.
Charlotte : L’amour le réveille.
Raphaël : Et le bébé aussi ! D’un coup, il a la responsabilité de quelqu’un. Ça le fait grandir, il se prend en main. Il n’est pas comme ces types qui trouvent une forme de confort à rester avec leurs potes d’enfance, qui se promettent de devenir plus forts, plus mûrs, et qui, dix ans plus tard, sont encore assis à la même terrasse de café.

Et toi, Charlotte, tu dirais quoi de Marie, que tu interprètes ?
Charlotte : Au commencement, elle est ingénue, remplie d’espoir, amoureuse de Thomas mais aussi amoureuse de l’idée de l’amour. Et son horloge biologique lui réclame un enfant. Mais elle se rend compte, à son grand désespoir, que ce n’est pas avec Thomas qu’elle va faire cet enfant. Donc elle le quitte. Quand ils se retrouvent, elle est mélancolique, elle a entretenu l’illusion d’un couple avec un autre. C’est à elle de se réveiller.

Elle est plus adulte que lui…
Charlotte : Elle vieillit plus vite, elle avance plus vite.
Raphaël : Sans être démago, les nanas aujourd’hui sont beaucoup plus affirmées. Du coup, certains mecs se disent : celle-ci, je ne la mérite pas. Ils s’écrasent. Et ils ont peur aussi. En fait, les filles sont plus viriles que les garçons. C’est un truc générationnel que le film raconte très bien.
Charlotte : Je me méfie des généralités mais j’ai l’impression que, oui, c’est une réalité qui concerne peut-être plus les hommes que les femmes.
Raphaël : Moi, je suis né dans une génération qui n’a connu que le chômage, la précarité. Arriver à se situer dans l’avenir est, par conséquent, compliqué. On ne sait pas où on va, on redoute les relations à long terme, on hésite à s’engager, les garçons avec leur cerveau reptilien pensent encore qu’ils doivent subvenir aux besoins des filles et assurer pour deux et ils ne s’en sentent pas toujours les moyens. C’est le syndrome «Bref».

Le film ne parle pas seulement du couple, de la paternité. Il tourne autour du mensonge…
Raphaël : Thomas, mon personnage, n’a pas prémédité son mensonge. Mais il va s’enferrer petit à petit, et c’est ça qui le rend touchant. Il sait qu’il doit finir par dire la vérité mais n’y arrive pas. Son pote le sermonne avec une comparaison sublime : «Quand Agassi a arrêté de porter une perruque, il a tout gagné».


Bon maintenant que vous avez tourné ensemble, on va faire un jeu : chacun va parler de l’autre…
Charlotte : Je suis nulle à ce jeu-là. Commence, toi : ça va m’inspirer.
Raphaël : Je trouve que Charlotte, c’est un peu Benoît Poelvoorde. Pas physiquement, hein ! Mais derrière un côté fantasque, drôle, bourré d’énergie, il y a quelque chose de très profond. C’est donc quelqu’un de très complet. Je viens de faire une déclaration d’amour là, on est d’accord ?
Charlotte : Tu as vu : il ne me compare pas à Marylin Monroe mais à Benoît Poelvoorde ! J’ai zéro sex appeal en fait ! Non sérieusement Raphaël, c’est un vrai acteur. Le premier avec qui j’ai eu un échange sincère, qui m’a aidée. Et ceux qui te font faire tes vrais premiers pas, tu ne les oublies jamais.

Charlotte, tu as gommé ton accent pour le film…
Charlotte : J’ai même travaillé avec une répétitrice. Mais j’ai l’impression qu’il ressort un peu à chaque fois que je fais passer des sentiments, que je dois montrer une fragilité.

Tu es consciente qu’on t’attend au tournant ?
Charlotte : Oui, évidemment. Même si parfois je dois avouer trouver le snobisme autour du passage télé-cinéma un peu absurde. Si Clément est venu me chercher, ce n’est pas pour rien et je veux faire confiance à son jugement. Son film, c’est une petite bulle de ouate qui brille. Donc, avant tout, j’en suis fière.
 

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