La Révolution Dolto

Françoise Dolto a bataillé toute sa vie pour qu’on s’intéresse aux enfants au moins autant, sinon plus, qu’aux adultes. Ses idées révolutionnaires ont souvent surpris, parfois choqué, mais tous ceux qui l’ont connue restent fascinés par sa capacité à être de plain-pied avec l'enfance, comme si elle-même ne l'avait pas quittée. 
Ce n'est pas étonnant que les ouvrages de cette femme, qui parlait la langue des enfants comme d'autres parlent chinois, soient devenus des classiques et que de nombreux lieux accueillant des enfants portent aujourd'hui son nom ou fassent référence à son enseignement ou à sa personne.
Mais connaît-on vraiment celle qui a de fait changé le rapport que chacun d'entre nous entretient au quotidien avec les enfants ? Car, dans la façon dont on leur parle, dans la façon dont on les éduque, dans la façon dont on les soigne, il y a un avant et un après Dolto.
C’est ce que ce film se propose d'expliquer : comment diable Françoise Dolto que rien, à sa naissance, ne semblait promettre à un tel destin, est devenue — comme Marie Curie, Simone de Beauvoir ou Simone Veil — une héroïne de notre histoire nationale ?

Note d'intention

Pendant des siècles, l'enfant n'a eu ni droit ni prérogative, considéré comme une simple ébauche, un adulte en devenir qu'on devait dompter, mais qu'on pouvait aussi bien ignorer… Ce qui nous intéressait, Anaïs Feuillette et moi, en réalisant ce film, c'était d'expliquer à un large public comment la psychanalyse en général et Françoise Dolto en particulier avaient changé la donne, comment elles avaient transformé radicalement le statut même de l'enfant. C'est ce bouleversement que racontera La Révolution Dolto, dont le sous-titre aurait pu être « Les enfants naissent deux fois ».

Avant Dolto, on ne voulait en effet connaître de l'enfant que sa naissance physique, sa venue au monde ne s'accompagnant que d'un certain nombre de besoins (boire, manger, déféquer, dormir...) qu'il fallait satisfaire plus ou moins mécaniquement. Avec Dolto est apparue la possibilité que naisse également un autre être, reconnu comme tel par ses semblables plus âgés : du pur « tube digestif » auquel il était identifié, on est passé en quelques décennies à l'enfant-sujet, inscrit dans le langage avant même de le posséder, être humain à part entière et nullement déficitaire par rapport aux adultes.

Ce que ce film montre, c'est que l’enfance est peut-être le moment de la vie où les êtres humains sont les plus grands, parce que les enfants n’acceptent pas le monde tel qu’il est et qu’ils en rêvent un autre, bleu comme une orange, rouge comme le ciel et vert comme le soleil. Pendant quatre-vingts ans, Françoise Dolto a rêvé comme eux, tandis que notre société, grâce à elle, est devenue un peu plus drôle et un peu plus tendre...

G. M.

Liste des intervenants

Jacques Pradel, journaliste à RTL
Claude Halmos, psychanalyste
Véronique Blanchard, historienne
Anne-Marie Canu, pédopsychiatre, accueillante à la Maison verte
Sylviane Giampino, psychanalyste
Gabrielle Houbre, historienne
Michèle Mexme, psychanalyste, accueillante à la Maison verte
Juliette Pascal, communicante
Manon Pignot, historienne
Sophie Psalti, psychologue
Juan Sebastian Rosero, psychologue, accueillant à la Maison des petits (Centquatre-Paris)
Nicole Roux, psychologue clinicienne, responsable de la Maison des petits (Centquatre-Paris)
Christine Roy, psychanalyste, accueillante à la Maison verte
Yves-Claude Stavy, psychanalyste
Esthela Solano, psychanalyste
Marc Vaucousant, psychologue clinicien, accueillant à la Maison verte
Catherine Vanier, psychanalyste
Dimitri Weyl, psychanalyste, accueillant à la Maison verte

À 22.25, France 4 vous propose le documentaire Un pas après l'autre

Que signifie être français en 2016 ? Est-ce que ça a le même sens pour un Breton que pour un petits-fils de Malien, pour un musulman, un catholique ou un athée ? À Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, Albéric de Serrant dirige le cours Alexandre-Dumas, une école privée laïque du CP à la troisième, guidé par un rêve : offrir à des enfants de toutes les cultures une identité française au goût de liberté. Les locaux se trouvent dans des bâtiments préfabriqués. Siham, Jalal ou encore Fatima sont les élèves d'Anne, Augustin, Pierre-François, qui leur enseignent le français, les mathématiques, l'histoire, mais aussi comment se vouvoyer, se taquiner, s'apprivoiser.