Documentaire

Mes bleus d'enfant (- 10)

 

Les chiffres sont alarmants. La Nouvelle-Calédonie détient le taux record de violences intrafamiliales à l'échelle nationale. Derrière ses paysages somptueux résonnent les cris glaçants d'enfants victimes de maltraitance. Les chiffres sont cinq à six fois supérieurs à ceux de l'Hexagone. Pour son premier documentaire, Jérôme Roumagne s’est plongé au cœur des violences intrafamiliales et de la maltraitance des enfants en Nouvelle-Calédonie.


Ce n’est pas une exception calédonienne, partout dans l'Hexagone ou en Outre-mer, les chiffres des violences familiales sont en hausse, selon une étude du ministère de l'Intérieur publiée en 2021. Mais, sur le Caillou, le chiffre flambe pour passer de 4,3 victimes pour 1 000 habitants en 2019 à 5,6 en 2021. Les violences intrafamiliales (physiques, sexuelles ou psychologiques) constituent donc en Nouvelle-Calédonie une problématique particulière puisqu'elles ont augmenté de 12,6 % en 2021.

En Nouvelle-Calédonie, la famille est le lieu de 43 % des violences physiques ou sexuelles. Un record national. Le chiffre figure dans une analyse publiée en mai par l’Institut de la statistique et des études économiques de cet archipel du Pacifique Sud. 

Ce sont 1 331 faits constatés en 2020, contre 903 en 2019. Rien que pour les violences conjugales, on est passé de 604 faits en 2019 à 923 en 2020. Et, souvent, violences conjugales et violences sur les enfants vont de pair. 

Dans ce documentaire bouleversant, le réalisateur filme les témoignages d'enfants maltraités et nous montre les failles du système calédonien. Les professionnels du secteur de la protection de l'enfance nous expliqueront pourquoi les chiffres sont dramatiques. Mais l'histoire tragique de ces enfants et les chiffres alarmants des violences intrafamiliales pointeront la responsabilité des institutions calédoniennes. Sauront-elles mettre de côté leurs sensibilités politiques pour tenter de sauver les enfants du pays ? 

Réalisateur
Jérôme Roumagne

Une coproduction
AVcom
Maydia Production
Nouvelle Calédonie La 1ère

70 minutes

2022

Entretien avec le réalisateur Jérôme Roumagne

Quand avez-vous eu l’idée de ce documentaire ? 
Jérôme Roumagne : En fait, au tout début, j’ai commencé à écrire un long-métrage de fiction au moment du confinement après avoir vu les chiffres des violences intrafamiliales et de maltraitance des enfants en France. Je me suis dit que la situation devait être particulièrement compliquée pour les enfants en cette période, sans école, constamment avec les parents, etc. 
Colette Alonso, la productrice, m’a proposé de faire, dans un premier temps, un documentaire sur le sujet, ajoutant que les reportages terrain me permettraient ensuite de nourrir l’écriture de mon film. J’ai trouvé l’idée très intéressante et il est vrai qu’il est plus facile de monter un documentaire en Nouvelle-Calédonie qu’un long-métrage.

Par quoi avez-vous commencé ? 
J. R. : Déjà, nous avons souhaité comprendre le fonctionnement de la protection de l’enfance en Nouvelle-Calédonie. Il a été important pour nous d’aller dans les trois provinces en amont du tournage. Un travail d’investigation indispensable pour savoir quoi et comment tourner. Le format documentaire nous permet de relater des faits, d’aller au plus près de l’humain, d’être confronté au réel, ce que ne permet pas forcément la fiction. À ce titre, le tournage a été très riche. 

Votre documentaire met en scène des comédiens qui témoignent de faits véridiques… 
J. R. : Objectivement, nous nous sommes vite rendu compte que faire parler des enfants devant une caméra allait être compliqué. Déjà, dans un premier temps, nous sommes restés plusieurs jours dans la Maison de l’enfance. Nous avons eu besoin de gagner leur confiance. Nous avons passé du temps avec eux, joué au foot, etc. L’échange ensuite a pu se faire plus facilement. Pour autant, il était difficile de placer ces enfants devant la caméra sans les mettre en danger. Nous avons donc fait le choix de faire rejouer ces témoignages par des comédiens. Chaque témoignage est véridique pour permettre aux spectateurs de s’immerger totalement dans ce qui est dit. Et pour ne pas être pollué par autre chose, chaque témoignage est filmé en gros plan sur un fond noir.

Comment ont réagi ces jeunes comédiens par rapport à leur texte pour le moins bouleversant ? 
J. R. : Pour choisir nos comédiens, nous avons dû faire un casting parmi une vingtaine d’enfants plus ou moins grands. Ensuite, il y a eu plusieurs séances de coaching avec eux et leurs parents. Il était important de les accompagner par rapport à la thématique abordée dans ce documentaire. On retrouve notamment une jeune fille qui témoigne de violences sexuelles vécues. C’est prenant et, même pour un comédien, cela peut résonner pour lui. 
Ce travail d’explication et de coaching était indispensable pour que, le jour du tournage, nous ne soyons pas totalement happés par l’émotion que procurent les témoignages. Même si, honnêtement, nous avons pu être débordés parfois par cette émotion… 

Que souhaitez-vous à travers ce documentaire ? 
J. R. : Sensibiliser la population calédonienne sur les violences intrafamiliales. Les chiffres sont très alarmants. Il faut remobiliser les politiques sur cette problématique pour qu’ils en fassent une priorité absolue, car il s’agit quand même de nos jeunes et donc de la Nouvelle-Calédonie de demain.

Jérôme Roumagne, sur le tournage de "Respire" • ©the BigKelu
ID de la video FTV Preview
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Mes bleus d'enfant ©AV COM - Sylviane-Cordonnier

Sylviane Cordonnier

Mes bleus d'enfant ©AV COM - Sandrine-Saipo

Sandrine Saipo

Mes bleus d'enfant ©AV COM - Nolan

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Mes bleus d'enfant ©AV COM - Maité

Maité

Mes bleus d'enfant ©AV COM - Maeva

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Mes bleus d'enfant ©AV COM - Arthur

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