DE GAULLE, L'ÉCLAT ET LE SECRET

Interview croisée de Patrice Duhamel et Jacques Santamaria

Scénaristes

Pourquoi cette fiction ?
Jacques Santamaria : L’année 2020 marque un triple anniversaire qui nous semblait incontournable. De Gaulle, c’est l’un de nos grands héros, bien sûr, un personnage majeur de notre mémoire récente, mais c’est aussi, à travers lui, trente ans d’Histoire de France faite de drames et d'espérance. Entre guerres et paix, débâcle et libération, crises politiques et naissance de nos institutions actuelles.


Patrice Duhamel : Oui, et pour toutes ces raisons, il est tout à fait logique que ce film de prestige soit diffusé sur France Télévisions : c’est bien un programme de service public, qui permet, à travers la fiction, d’évoquer un héritage historique commun, de découvrir ou redécouvrir une personnalité exceptionnelle, de revisiter une période clé, de mesurer aussi la gravité et la réalité des défis que de Gaulle a su relever, en 1940 bien sûr, mais aussi en 1958.


Comment avez-vous travaillé le scénario ?
Patrice Duhamel : Nous avons l’habitude de travailler ensemble pour des livres ou des programmes portant sur l’histoire contemporaine et politique. Avec Simone Harari Baulieu et sa société de production Effervescence, nous avions notamment écrit le scénario de La Rupture, une fiction qui revenait sur les relations tumultueuses entre Chirac et Giscard à la fin des années 1970. Notre travail mobilise nos souvenirs personnels et fait appel à de multiples contributions extérieures : archives et documents historiques, biographies, Mémoires, expertises de grands témoins…

« Notre propos n'est pas d'illustrer, de créer un livre d'images, mais, sans trahir l'Histoire, de sortir du cadre strict de ce qu'on sait de la réalité pour créer une vérité qui est cette vérité propre au théâtre. »

Jacques Santamaria : N'oublions pas toutefois qu'il s'agit d'une fiction, pas d'un documentaire. De surcroît, nous ne sommes pas dans un biopic retraçant toute une carrière, mais dans l'exploration de quelques dates-clés de la geste gaullienne à partir de 1940. Une fiction de ce genre se doit d'associer la rigueur de l'historien à la liberté du conteur. Voilà pourquoi notre propos n'est pas d'illustrer, de créer un livre d'images, mais, sans trahir l'Histoire, de sortir du cadre strict de ce qu'on sait de la réalité pour créer une vérité qui est cette vérité propre au théâtre. Nous ne devons jamais perdre de vue la notion de spectacle, et pour cela nous appuyer sur le romanesque des personnages. De ce point de vue, avec quelqu'un comme de Gaulle, nous sommes comblés ! Et on peut en dire autant de celles et ceux qui l'entourent. Et puis bien sûr, quel plaisir, pour un dialoguiste, de «faire parler » le général de Gaulle !

 

© Rémy Grandroques

 

Les Français sont familiers de « l’éclat » de Charles de Gaulle, moins du « secret ». Comment avez-vous abordé le traitement de sa vie privée ?
Patrice Duhamel : C’est une évidence : derrière l’homme du 18 Juin, derrière le fondateur de la Ve République, il y a un homme avec ses doutes, ses espoirs, ses intuitions. Il y a un mari, un père. La fiction permet d’entrer dans des coulisses familiales qui éclairent les événements historiques sous un jour nouveau.


Jacques Santamaria : La fiction permet en effet d’aborder l’histoire avec humanité, sans tomber dans l’écueil d’une description un peu désincarnée. De Gaulle, c’est une personnalité avec son caractère, sa culture, son histoire, son milieu social. Mais c'est aussi, avec Yvonne, un couple exceptionnel. Elle était certes une femme de militaire avec ce que cela suppose d'effacement, mais il était indispensable à nos yeux de montrer qu'elle avait été bien plus que cela. Yvonne était le premier soutien du Général, son ancrage, parfois la voix décisive. Que d'épreuves ils ont traversées ensemble ! Toujours ensemble. Leurs destins étaient profondément liés, et c'est la raison pour laquelle cette série raconte aussi, et peut-être avant tout, une grande histoire d'amour.


Que reste-t-il du message de De Gaulle ?
Jacques Santamaria : L’essence de sa vision est finalement très moderne. Bien sûr, c’était il y a plus de cinquante ans, et notre société comme l’équilibre du monde ont profondément changé. Mais l’indispensable stabilité institutionnelle, la nécessité par la participation d’associer les salariés au destin de leur entreprise, le combat pour l'indépendance nationale, la question de l'autorité de l'tat : toutes ces thématiques traversent encore le débat public.


Patrice Duhamel : Il est frappant de voir qu’aujourd’hui tout le monde ou presque se réclame du gaullisme. Aucune personnalité historique française n’est aussi consensuelle. Cinquante ans après, la personnalité du général de Gaulle dépasse tous les clivages. Et l’homme du 18 Juin symbolise cette unité nationale qui reste un objectif essentiel pour tous les présidents de la Ve République…

Kévin Arbona
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