Libraria n°4 avec Jean-Yves Acquaviva

L'émission

Marc Biancarelli reçoit ses invités en compagnie des chroniqueurs Pierre Savalli et Fabien Raffalli en nous donnant une réflexion nouvelle sur un des champs culturels les plus importants de la Corse contemporaine, la littérature.
En amont de cet échange, le portrait sur l'invité en question d'une durée 26 minutes et tiré de la collection documentaire "D'une page à l'autre" est diffusé. 
Ce portrait documentaire présente des images des lieux cités dans les livres avec des intermèdes esthétiques et sensoriels, en résonance avec les évocations du film.
Discussions de fond, discussions de créations, de société et de territoire, les échanges se déroulent dans un cadre d'exception dans le but de promouvoir la littérature, de découvrir des œuvres et des écrivains et de donner aux téléspectateurs l’envie de lire leurs livres, ou tout simplement l'envie de lire !



L'invité du jour : Jean-Yves Acquaviva

Jean-Yves Acquaviva est né en 1969, et a vécu une partie de son enfance sur le continent. Revenu en Corse, il vit dans le Falasorma et étudie la langue corse à l’université de Corte.
Mais c’est vers l’agriculture qu’il se dirige finalement, porté par le souci de s’impliquer professionnellement dans un développement de sa région d’origine, le Niolu, où il devient castanéiculteur. 
La passion de la langue corse et de la littérature le dirige vers les différents sites qui fleurissent sur la toile insulaire dans les années 2000. C’est notamment sur l’un d’entre eux, "U Foru Corsu", qu’il propose une première version d’un roman court, "Ombre di Guerra", qui sera plus tard édité par les Editions Albiana en 2011. S’en suivront d’autres publications dans les domaines de la poésie ou de la prose, comme "Tandu Scrivu" (2011), "Centu anni, centu mesi" (2014) ou "In Manu à u Diavule" (2018).

Parallèlement, Acquaviva mène un travail de parolier, essentiellement pour le groupe Vitalba, qui le voit consacré par de nombreux textes à succès, tels que "Mi ne Vò" ou "Stirling Bridge".
Par certains côtés – notamment l’œuvre poétique, ou l’utilisation d’une langue corse soucieuse d’une certaine authenticité – l’écriture de Jean-Yves Acquaviva pourrait apparaître d’une veine assez classique, et s’inscrire dans le fil d’un militantisme culturel impulsé dans les années 70, mais d’autres aspects, fondamentaux, distinguent et émancipent une œuvre qui s’affirme particulièrement singulière. Et notamment en prose, où le lyrisme du style et le travail sur des personnages forts à la psychologie troublée, contrastée, fondent une véritable démarche d’écrivain.
Surtout, Jean-Yves Acquaviva est un conteur, l’objectif de sa poétique n’est pas d’élaborer des thèses ou de proposer un énième opus sur l’identité collective.
Bien qu’écrivant en corse, c’est des histoires d’êtres humains qu’il raconte, des histoires à hauteur d’homme qui percutent et touchent le lecteur au point de provoquer un quasi-consensus autour de son écriture.
La dimension intéressante chez Jean-Yves Acquaviva est peut-être celle-ci : celle de satisfaire un public tant institutionnel, que porté sur la création aux marges, l’underground.

Le documentaire-portrait 

"D'une page à l'autre" est une série documentaire composée de 6 portraits d’écrivains.
Le point de vue qui nous intéresse ici, est de mettre en lumière les différents parcours personnels qui mènent un individu à épouser une carrière d’auteur et ce, avant qu’il ne soit publié. 
Est-ce que la condition sociale influe sur le style et le ton des livres ?
Écrit-on de la même manière si l’on grandi dans une banlieue de Paris, ou dans un village isolé de Corse ou de Sardaigne ?
Marc Biancarelli, écrivain publié chez Actes Sud et co-auteur de cette collection documentaire, a choisi de porter son intérêt sur 6 auteurs, dont les trajectoires publiques, les parcours privés et les œuvres prenaient sens avec le point de vue de la série.